Cinéma - Grâce à dieu de François Ozon (2019)
Ce film a été très médiatisé par le procès avant sa sortie et le sujet particulèrement d’actualité : La pédocriminalité dans l’église catholique. Mais valait-il le coup ?
Il est quasi-documentaire c’est à dire qu’il relate des faits avec des vrais noms (malgré le message en début de film disant que c’est une fiction basée sur des faits réels). Il y a assez peu de libertés, semble-t-il avec la réalité et nous avons donc une mise en place chronologique qui vise à décrire la mise en place de l’association de victimes “La Parole libérée”. Il s’agit bien de l’affaire du père Preynat qui est à l’écran avec Mgr Barbarin comme principal acteur de l’église face à un banquier, un chef d’entreprise, et autres victimes plus ou moins détruites par les actes du prélat.
Malgré l’aspect consensuel et classique, ce long film (2h17) fonctionne plutôt bien. Cela tient déjà à un bon casting, entre Denis Ménochet, Swann Arlaud ou encore Melvil Poupaud et sa lisse froideur. C’est aussi le type de film qui fonctionne d’abord par son histoire, son fond plutôt que sa forme. C’est sur que pour la distraction dépaysante, ce n’est pas le film à voir. C’est un film qui révolte le spectateur, le touche dans sa chair, qu’il soit athée ou croyant. Il permet aussi de mieux comprendre la complexité des conséquences des actes pédocriminels à travers ces quelques personnages. Certains “s’en sortent” en apparence, d’autres ont leur vie détruite, jusqu’au suicide. Il y a également la réaction des proches et des familles, qui pensent souvent plus aux apparences, aux qu’en-dira-t-on qu’à la santé de leurs enfants. Et forcément, on s’interroge soi-même.
Je ne peux m’empêcher de faire une comparaison avec Les Chatouilles, sorti fin d’année dernière, d’autant qu’un personnage a vécu le même drame que dans le film d’Andréa Bescond. Pour un même sujet, une histoire vraie, il a deux traitements et je suis plus sensible à la puissance destructrice des Chatouilles, mon film préféré de l’année passée. Pourtant je trouve que les films se complètent et que celui-ci est plus facile d’accès. En caricaturant, je dirais que celui-là pourra passer sur France 2 ou TF1 alors que les Chatouilles vise un public Arte. Nul doute, donc que ce film de François Ozon trouvera un public pour une bonne carrière en salle mais surtout aidera à libérer la parole des victimes, à la compréhension des entourages, car côté église, le chemin risque d’être long. Peut-on croire en dieu, finalement après cela ? La question n’a de réponse qu’en chacun de soi, car Dieu n’a pas la religion.