Musique - Cecile Corbel - Enfant du vent (2019)
D’abord j’ai craqué sur la pochette… Et puis quand il y a Cécile Corbel d’écrit dessus, ça donne confiance, parce que notre harpiste bretonne s’y connaît pour nous sortir des albums ! Du moins si on aime la délicatesse, la douceur… Mais cette fois, ça parle d’enfance.
Si l’album peut charmer les enfants, ce n’est pas du tout un album de la rubrique jeunesse. Au pire, il nous fait retomber dans l’enfance, mais il nous transporte surtout dans le monde merveilleux de Cécile Corbel, à travers comptines et chansons traditionnelles ou pas. Et ce voyage commence donc par la pochette de Andrea Kiss , puis le joli livret qui va avec. On n’insiste évidement plus sur les livrets puisque la musique est dématérialisée mais ça fait plaisir de tenir un bel objet dans ses mains. Et l’autre particularité, c’est qu’il n’y a pas moins de 19 chansons, ce qui veut dire que … ce sont des titres courts, souvent proches des 2 minutes. Un format qui se perd , mais qui n’en est pas moins intéressant que le sacro-saint 3minutes 30.
En terme de participations, outre les musiciens, nous avons la chorale Anima pour accompagner l’artiste, ainsi que deux duos : Un titre avec Natasha St Pier et un autre avec Misaki Iwasa. Car il ne faut pas oublier le lien particulier qu’a Cécile Corbel avec le Japon, depuis la fameuse bande son d’Arrietty. Comme j’avais déjà chroniqué un album, je rechignais à en mettre une autre chronique ici, mais là, je n’ai pas pu faire autrement, car, vous l’aurez compris, c’est encore très réussi, même si différent. En regardant de près, on se demande comment fonctionne ce mélange de comptines et chansons traditionnelles, chansons originales, reprises va fonctionner et être homogène.
Le titre “Grain de sable”, n’ouvre pas l’album mais a tout d’un single avec un bon refrain, une jolie production, les choeurs et une impression d’Enya, par moment. La racine celtique qui ressort, sans doute. Car une chose est sûre, on est dans un album très celte, avec évidemment notre bretonne préférée, sa harpe non moins celtique, sa voix, surtout, qui allie la douceur, la légèreté et la sophistication dans la simplicité. Ce n’est ici pas la puissance qui prime mais la délicatesse. Et si l’ouverture “Trois bateaux” donne le ton de l’album, on a un vraiment un très beau début avec ce “Vent frais” (autre single), puis un titre plus original et plus folk, “Petit fantôme”. On en oublie un peu la harpe c’est vrai, mais c’est une jolie chanson. Et je craque toujours sur le titre issu du dessin animé de Ghibli “Tonari no totoro”. Curieusement, il n’y a aucun lien avec l’univers celtique mais c’est l’enfance et la magie qui crée le lien et garde l’ensemble homogène.
J’aime particulièrement “Oiche Mhaith” (bonne nuit), parfaite berceuse au titre gaélique mais où je retrouve des sonorités asiatiques. Et puisqu’on est dans les grands moments, il y a cette reprise de “Sayonara No Natsu”, titre emblématique de la Colline aux coquelicots avec son interprète japonaise en duo. C’est plus qu’un clin d’oeil à Miyazaki, c’est un ravissement et la traduction en français de certains passages ne jure aucunement avec le reste du morceau. C’est le morceau le plus long de l’album et il pourrait passer à l’infini. Je n’aurai peut-être pas enchaîné sur le très bon duo avec Natasha St-Pier “v’là l’bon vent”. On oublie que beaucoup de familles québecoises sont issues de familles bretonnes, des marins partis à l’aventure et on retrouve ce lien dans la musique traditionnelle québecoise.
L’enchainement avec “Le bal des chats”, chanson traditionnelle est bon et on se met à danser, taper du pied au son du violon. On a même droit à “Maypole”, un chant traditionnel en anglais cette fois. Il y ainsi tout un passage de l’album qui sent bon l’Irlande, la Bretagne, avec l’instrumental “trois pommes”, par exemple. Et toujours quelques moments de grâce comme “le Chant de l’alouette”, la berceuse “Toutouig” qui est joliment ré-instrumentée pour l’occasion. Mais à tout ça, il faut bien une fin. Je ne m’attendais pas à partir en hiver avec la reprise d’un titre d’Howard Blake de 1982 qui vient d’un joli dessin animé “The Snowman”. Ce “Walking in the air” est donc la dernière douceur que nous offre cette parenthèse de rêve.
Un album qui ne demande qu’à tourner en boucle sur une platine, un player, que sais-je et qui réconcilie avec l’enfance, la magie, la musique. Cécile Corbel est une des rares à procurer de tels moments avec son instrument et sa voix. 19 morceaux qui ne permettront que d’attendre le prochain album.