Blog - La voiture, même quand on ne l'aime pas, elle s'impose !

Récemment, dans un certain forum pas vraiment dédié à ça, nous discutions de la pertinence du choix d’un véhicule diesel, de la transition vers d’autres sortes d’énergie, etc… Un débat qui était bien loin des visions d’avenir des constructeurs, comme en ce moment au salon de Genève.

Si la vente des SUV explose pour des raisons que je déteste (individualisme, paraître, marge plus importante des constructeurs…), il reste encore beaucoup de “clients” qui veulent simplement un véhicule fiable pour aller d’un point A à un point B, dans des conditions relativement confortables avec passagers, enfants et bagages /charge. Le coût d’utilisation a une grande importance (je rappelle au passage que les véhicules les plus aérodynamiques sont tous des berlines de taille moyenne/familiale) et ils font juste le nombre de kilomètres suffisant dans un environnement non-urbain pour se poser la question du choix de l’énergie et du véhicule. Pour la marque et le modèle, ça dépend des goûts, des habitudes voire de la présence d’un réseau pas loin. Mais quand on est dans la campagne, on tombe vite sur une marque française, ou alors il faut aller dans la grande ville la plus proche à au moins 50km. Là, forcément, on se dit que le Diesel risque d’être banni, comme en Italie, Allemagne, dans les pays nordiques, … La date butoir est 2025, voir 2024 et les analystes parlent d’un objectif plus réaliste de 2030 pour une généralisation de ces mesures.

Effectivement, pour des raisons techniques, le Diesel n’a rien à faire en ville (comme je le disais il y a 7 ans déjà). Mais les modèles essences d’aujourd’hui ont dû évoluer pour faire baisser la consommation en utilisant des technologies proches de celles du diesel. Pas de chance, ça crée maintenant des particules et des NOx en volume trop important, d’où des seuils globaux sur ces polluants et une interdiction probable ultérieurement. On va voir apparaître des filtres à particules sur les moteurs essence mais le diamètre des particules étant plus fin, il y a des limites à ce piégeage… qui nécessite une chauffe du moteur, donc incompatible avec l’utilisation urbaine sur parcours court où la régénération du Filtre à Particules (FAP) est impossible. La seule solution permettant d’avoir de l’essence sans trop de polluants, c’est l’hybridation, c’est à dire l’ajout d’un moteur électrique. Sauf qu’en contre-partie, ça rajoute du poids, ça prend de la place et ça coûte assez cher (proche d’un diesel). Alors forcément, ça ne rentre pas dans tous les types de voiture, même si Toyota a réussi à prouver le contraire (La marque va supprimer le peu qu’il reste de Diesel dans sa gamme dès…cette année en Europe).

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J’ai donc entrepris de lister les paramètres importants, comme je le ferais moi même si j’avais à changer ma voiture. Ce qui m’a fait confirmer que je serai bien embêté pour faire aussi bien qu’aujourd’hui avec mon cahier des charges, et je ne vous parle pas de vouloir baisser mon coût d’exploitation de 25%. Alors j’ai réuni ça dans une feuille de calcul. Ca permet de calculer le coût sur différentes périodes. J’ai simplifié en ne tenant pas compte de l’inflation mais je devrais tenir compte de la convergence du prix du diesel et de l’essence. Je n’ai pas pris non plus en compte le coup de l’urée/adblue. Pour l’instant j’ai fait simple, je ferai évoluer ça dès que j’aurais un peu de temps.

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Comme je le disais, il y a aussi une convergence technologique. Elle a pour effet de fragiliser les moteurs, avec des pressions plus élevées, des injections plus fines et pulvérisées. Aller au delà de 200 000km peut devenir un exploit aujourd’hui et je connais même certains moteurs qui ont du mal à faire 150 000km voire 100 000km. Ce n’est pas de l’obsolescence programmée, c’est juste la contrepartie de cette course aux polluants et à la consommation, les deux étant contradictoires . Il y a 12 ans, j’avais fait justement le choix d’une technologie novatrice (l’hybridation) mais maîtrisée en calculant son coût sur une longue durée. J’en sors largement gagnant pour mon utilisation … Qui n’est pas celle d’autres personnes. Choisir entre chaîne et courroie de distribution, entre cycle Atkinson ou classique, injection directe ou “indirecte” ce n’est pas si évident surtout que le marketing cache ce genre de détails par des termes ronflants ou vend de la puissance souvent inutile. Une chose est sûre, le Diesel attend son exécution : PSA annonce que son nouveau DV5R sera le dernier, Fiat Chrysler réduit aussi sa gamme, comme VW, Toyota qui le supprime carrément.

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Argh, l’avenir de Porsche, électrique, sportif et … SUV

L’avenir, je le vois forcément en électrique car de toute façon l’Hydrogène n’est pas mûr et le développement se fait à 99% sur les batteries et moteurs électriques. On peut discuter du coût carbone réel, en tenant compte des sources de lithium et autres composants des batteries mais il ne faut pas oublier le coût d’extraction et d’acheminement du pétrole, son raffinage, etc… J’ai vu quelques études sur le sujet mais il manque toujours quelques morceaux pour que ça soit complet et comparable. Et puis si aujourd’hui on annonce 400km d’autonomie, comptez 200/250 réels. Si demain on annonce 500, ça sera entre 350 et 400km car les normes de calcul vont être sévèrisées, avec la prise en compte de toutes les consommations des composants d’un véhicule. Aujourd’hui, la mesure de ces consommations n’est pas totalement maîtrisée car ce n’est pas le même métier que celui d’EDF ou d’un laboratoire d’électronique. Les zones de fonctionnement de ces groupes moto-propulseurs sont juste entre ces deux mondes et je vois certains fabricants de matériels de mesure rater le coche. Ca sera prêt pour 2021, puisqu’une norme fixe cette date butoir aux constructeurs pour faire baisser la consommation de carburant et la pollution. Forcément, pour tous les jours, ça va, mais pour partir en vacances ou en week-end, ça ne va pas aller à tout le monde tout de suite. Il va falloir mettre en place un réseau de recharge avec le bon format de prise, la bonne puissance et la bonne durée de recharge, et les entretenir (un peu mieux qu’un Linky…). Mais il va falloir repenser plus durablement la place de la voiture dans nos vies.

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Pour moi, demain c’est avoir juste un moyen de déplacement minimal pour tous les jours ou quelques jours par semaine et pouvoir faire une location le week-end ou plus. Le problème est qu’une location en grande banlieue, ça fait aller jusqu’à la société qui n’est pas à côté. C’est bien simple, je n’en ai pas à moins de 15km avec ce que je veux donc c’est encore acceptable. Mais dans la campagne française ou à la montagne, c’est loin d’être le cas. On trouve plus facilement de l’utilitaire pour les déménagements et livraison. L’idéal serait la voiture livrée à domicile ce qui sous-entend l’autonomie. Ca tombe bien, c’est aussi en route pour 2025 mais surtout sur les grosses voitures dans un premier temps. Et puis si je veux me faire plaisir, ça sera sans risque et sur circuit.

La possession d’un véhicule est quelque chose dont on prophétise régulièrement la fin mais les offres de mobilité n’arrivent pas et l’individualisme se développe avec le retour du véhicule statutaire. Il faut observer ce qui va se passer au Japon, en Chine et aux USA dans les 5 années à venir. L’un est en pointe sur l’électrique et le besoin de mobilité urbaine avec un marché très spécifique (Kei Cars). L’autre est le leader mondial en volumes et dicte donc sa loi en matière de modèles mais les grandes villes s’électrifient ( 50% du marché mondial ). Le dernier est en pointe sur l’autonome et les normes qui vont avec mais avec des villes pensées pour l’automobile. Mais demain, en changeant l’aménagement du territoire, on peut imaginer de ne plus l’utiliser pour les courses, par exemple (livraison, commerce de proximité, …).  Lorsque j’étais parisien, je ne l’avais que pour faire de la route un week-end sur deux. La problématique dépasse donc la simple voiture pour toucher les habitudes de vie.

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Elle ne sortira jamais…car non rentable

Aujourd’hui,impossible de trouver un véhicule familiale et économique avec de l’hybridation. Le monospace chute dans les ventes, le ludospace ou utilitaire aménagé pour la famille est essentiellement en diesel (l’autonomie des versions électriques est assez ridicule sinon) et la familiale devient de plus en plus un faux coupé donc moins habitable. Le SUV devient cette familiale hybride (non, pas l’énergie….) mais avec une efficience qui tient du délire. La place étant au conservatisme et à la rentabilité maximale, ça ne va pas changer de sitôt. Tesla aura peut-être une compacte s’il survit à la “model 3” mais ça restera classique et consensuel avec une autonomie au mieux 20% supérieure à la moyenne. L’écologie ne sera pas encore en tête des paramètres de choix, le coût dictant l’essentiel. Quand j’ai acheté mon hybride, les curieux qui m’abordaient me demandait uniquement combien je consommais, pas ce que ça émettait comme polluants. Aujourd’hui, plus personne ne se renseigne car c’est rentré dans les mœurs.

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Ce que c’est beau !

Nous sommes encore dans une civilisation de l’automobile, avec des villes qui les chassent mais repoussent tous les centres commerciaux et donc les commerces les plus fréquentés en banlieue. La mode est au “drive” et bientôt à la livraison à domicile, soit une standardisation, un pistage de nos habitudes de consommateurs. Quand je vais à pied à mon “supermarché de proximité”, j’ai l’impression d’être un extra-terrestre. Il n’y a que ceux qui ne peuvent justement se permettre la possession d’une voiture, qui font cela. Et encore, j’ai la chance d’avoir un centre-ville encore assez dynamique pour une ville de 15000 habitants. Les villes alentours n’ont pas toutes cette chance. Alors ne vous étonnez pas que je ne veuille pas voir encore un immense centre commercial détruire des champs de culture. Pour avoir essayé de passer d’un mall à un autre aux USA à pied, je peux vous dire que demain, on pourrait aller droit vers cette absurdité. C’est presque le cas à 10km de chez moi. Mais heureusement, il paraît que c’est la fin des grands hypermarchés… mais la profusion des outlets. Il y aura stations de recharge, sociétés de location de véhicule, ne vous inquiétez pas. Fermer les voies sur berge de Paris, c’est peut-être dérangeant et ça met la charrue avant les bœufs (quid des possibilités de laisser son véhicule, de l’utilisation de la seine, d’une moindre centralisation du réseau de transport, de l’organisation de la logistique de livraison…) mais ça va aussi dans le bon sens de la redistribution des villes aux moyens de transport. On appelle ça la technique de la carotte et du bâton. Ah, si seulement nous pouvions utiliser à bon escient le train qui arrive au coeur de la cité pour ensuite démultiplier les livraisons avec une plateforme multimodale respectueuse de l’environnement. Un doux rêve pourtant si possible !

Alors à l’heure du choix d’un véhicule, c’est peut-être penser à sa manière de vivre qu’il faut, ce que l’on ne choisit pas toujours. On n’est pas sorti de … L’Auberge !

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Ecrit le : 10/03/2018
Categorie : reflexion, automobile
Tags : Automobile,consommation,environnement,futur,Réflexion,société

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