Souvenir de Gamer - Outrun (1986)
Ce ne fut certainement pas le premier jeu de course dit “arcade” mais ce fut celui qui eut le plus d’aura. Cela tient autant à l’image très caricaturale qu’à la musique devenue mythique…
J’ai déja parlé de crazy cars, donc on peut avoir une vague idée de ce qu’est un jeu de course “Arcade”. A l’époque des premiers jeux d’arcade et des ordinateurs et consoles 8bits, on ne parlait pas vraiment de moteur physique pour le réalisme d’une simulation. L’essentiel était dans la sensation de vitesse. De ce coté là, Outrun utilisait la technique de “Sprite scaling”, c’est à dire le grossissement des éléments de décor pour donner un effet de profondeur et le clignotement des bandes sur la route (façon Pole Position ) et le décor pour donner l’impression que la voiture avance. Il y avait le même type de moteur dans d’autres titres SEGA comme Space Harrier et Hang-on le jeu de moto. Ce n’est donc pas ça qui a créé le mythe.
La première révolution a été de donner l’impression d’être dans une vraie voiture avec une borne d’arcade en forme de cockpit fermé placé sur des vérins. Cette technique trouvera son paroxysme dans Afterburner. La voiture proposée était aussi un mythe : La Ferrari Testarossa de 1984. Et pour bien marquer le coup, il fallait aussi des décors “exotiques” avec la Blonde comme passagère. Quand je dis exotique, c’est d’un point de vue japonais puisque Yu Suzuki, le père du jeu (et de Shenmue !!! ), va transposer ça dans des décors principalement européens et américains. On rajoute à cela des voitures mythiques comme des Porsche 930, des coccinelles et c’est parti à 300 à l’heure ou presque puisque la Testarossa flirtait avec cette vitesse limite.
J’ai effectivement été impressionné la première fois par la borne d’arcade et par la vitesse du jeu à cette époque. Le Crazy Cars de Titus et puis le Lotus Esprit Turbo Challenge sur Amiga impressionneront un peu plus tard dans ce registre. Et on aura aussi des concurrents comme Test Drive et Need for Speed quand Sega donnera des évolutions à son produit. Sauf que moi, à cette époque, je n’avais pas de salle d’arcade à coté de chez moi et je n’ai eu qu’un Amstrad CPC. Si l’adaptation de Space Harrier tenait la route, celle d’Outrun fut une catastrophe, tout comme toutes les machines 8bits. Je me suis donc rabattu sur les clones pendant longtemps jusqu’à ce que l’émulation permette d’abord d’y rejouer sur MAME. Les commandes étaient simples : Accélérateur, frein, direction et deux vitesses : HI/LOW. On avait aussi ce choix de musique comme un autoradio avec les titres de Hiroshi Kawaguchi. Mais le système de jeu n’était pas linéaire avec des niveaux à apprendre par cœur. Il y avait des embranchements :
Cela démultipliait la richesse de ce jeu puisqu’après avoir atteint une première fois la fin, il fallait essayer d’autres variantes. Je n’ai jamais atteint la fin en Arcade. Pour cela, il a fallu que j’attende la nouvelle version “2006 Coast 2 coast”, sorti aussi sur Play Station 2, PC, Xbox et PSP et surtout la version “Online Arcade”, une sorte de suite avec du online dedans qu’on retrouva sur les Consoles PS3 et XBOX360.
Tout était plus beau avec plus de voitures, de musiques et toujours ce plaisir simple de l’arcade. Sauf que maintenant on pouvait utiliser du Drift comme dans un autre jeu héritier du premier Outrun : Ridge Racer. Je n’ai pas réussi à finir complètement tous les parcours sur cette version mais j’ai au moins pu voir la fin du jeu plusieurs fois, bien au chaud dans mon salon. Pour le online, on a vu mieux et c’était plus la comparaison des scores qui primait encore. Le jeu arrivait alors après des titres particulièrement péchus comme Burnout et paraissait presque démodé. Et pourtant, il se dégageait une nostalgie qui le rendait tellement attirant avec des couleurs saturées comme on aime en Asie.
Aujourd’hui, je reviens encore parfois sur l’émulation MAME et sur une petite partie d’Outrun sur la vieille 360 qui dort beaucoup. Le jeu arcade est moins à la mode et on est plus dans un compromis aujourd’hui. Les hardcore gamers de la simulation ont même des titres pour eux. Mais ce plaisir simple de la vitesse et du challenge de l’évitement d’obstacle continue de fonctionner sur des jeux basiques sur les smartphones. Sans jamais atteindre la qualité d’Outrun, l’original.