Blog - Futilités, ça rime avec sécurité ?
C’était ma période de grand nettoyage et rangement des données personnelles. Ce qui m’a fait me poser des questions sur le besoin de garder ou non certains fichiers. Mais ce n’est pas comme le vide-grenier, car ça peut toucher aussi à la sécurité de ses données.
Pour savoir combien de temps on doit garder des papiers administratifs, ce n’est pas compliqué, il y a des listes officielles. J’ai donc des classeurs pour ça et j’ai doublé ça de versions numériques bien à l’abri. Comme j’avais dit dans l’article sur le cloud, il ne faut pas tout mélanger dans ses données. On aura donc un endroit (plutôt 3….) pour ces documents réellement importants. Mais attention à ne pas mélanger les genres avec les documents professionnels, ou bien les trucs perso, genre photos. Je n’ai aucun document professionnel chez moi, c’est une règle par rapport à la confidentialité de mon entreprise qui a, de son côté, mis en place des chiffrements, des sauvegardes régulières, etc… Malheureusement, ce n’est pas le cas pour toutes les professions libérales (et même au niveau du stage avec le rapport…) où la personne ne peut faire appel qu’à un professionnel externe pour cela. C’était un peu le sujet de discussion avec Cascador, récemment (qui se poursuit aussi ici). Tout le monde ne sait pas / ne peut pas faire de la plomberie, du repassage (encore que…), de la cuisine alors il faut déléguer mais surtout être conscient de ses besoins. En informatique, trop souvent cela arrive quand on a déjà tout perdu, sans avoir pensé à la règle du 3-2-1 :
- Conserver 3 copies de vos fichiers (les fichiers originaux stockés sur le disque dur de l’ordinateur et deux sauvegardes),
- Sauvegarder les fichiers sur 2 types de supports différents. Il existe en effet de nombreux supports différents pour la sauvegarde de vos données (NAS, disques durs externes, mémoire flash, bandes magnétiques, DVD, le cloud …),
- Conserver 1 copie de sauvegarde hors-site (autre que la maison ou l’entreprise).
( voir aussi cet article du blog libre )
Le tout perdu, c’est un peu quand on appelle le plombier pendant la fuite d’eau, l’électricien quand l’électricité saute tout le temps… Quand je dis “tout perdu”, c’est quand le disque dur meurt, quand on est victime de ransomware qui enlève l’accès à nos données, quand on a un compte mail piraté… C’est de plus en plus critique et c’est là qu’il faut prendre le temps de la réflexion sur “où met-on ses données”. Mais le “tout perdu”, ce sont aussi des logiciels que l’on avait sur son ordinateur. Est-on capable de les réinstaller sur un autre PC? Combien de fois ai-je vu cela pour un matériel scientifique à mon travail ? Cela a touché des choses critiques comme les hôpitaux lorsqu’il y a eu des attaques en masse. Pour chez soi, ça devrait aller, à moins d’avoir des logiciels très spécifiques pour une passion. Mais aujourd’hui, le PC reste de plus en plus cantonné à une activité professionnelle, de moins en moins pour le jeu, et est remplacé par le smartphone pour voir du contenu, passivement. C’est plus là qu’il va falloir réfléchir à ce que l’on garde “sur soi”. Pas vraiment utile d’avoir des documents important, non? Et pour la sauvegarde, la plupart des gens vont au plus rapide : le cloud du fabricant du smartphone, de google, de l’opérateur. Bref, tous ceux que je n’aime pas, ha, ha. Mais si déjà c’est utilisé, ça limitera les dégâts. Une fois qu’on a déjà mis à l’abri le plus important, il y a les photos… Est-ce si grave de tout perdre dans ce domaine ? (bien plus grave que d’être surveillé, apparemment)
La Grande Passion - La Flagellation du Christ par Albrecht Dürer (1497)
En triant les plus de 20000 photos que je garde, je me suis posé cette question. Ce sont des souvenirs d’enfance, des voyages, des rencontres, une part de notre mémoire. C’est émouvant parfois d’en revoir. Mais ça reste dans mon très petit cercle privé. Je n’ai pas de photos compromettantes genre Sextape, à peine quelques délires un peu comiques et ça, je ne le range pas de la même manière non plus. J’ai d’abord viré ce qui n’était pas très bon qualitativement et qui n’apportait pas de souvenir particulier. Ensuite je me suis demandé ce qui allait arriver plus tard : Qu’est-ce qui me survivra ? Qu’est-ce que je vais transmettre ? J’ai malheureusement perdu les photos de mes arrières grand-parents et je regrette ce petit morceau d’histoire (100 ans…). Ce n’était plus une dimension uniquement personnelle mais plus historique avec des lieux, des costumes, des coutumes. J’aime aussi les vieilles cartes postales, celles des lieux que je connais. On voit des sites qui montrent des collections. Mais c’est un média qui disparaît, remplacé par nos photos. Pour celles d’aujourd’hui, tout n’a pas cette dimension potentielle et je ne sais même pas ce qui restera comme fichier dans 100 ans. On va tous mourir un jour et nos données avec, la plupart du temps. Nous sauvegardons cela aujourd’hui pour notre ego, pour une transmission peut-être illusoire à nos descendants. Je ne suis pas sûr que la perte des photos présentes sur Instagram, Facebook, soit importante. D’ailleurs si on regarde un média très populaire aujourd’hui, Snapchat, on est vraiment dans le plaisir éphémère.
Mais dans snapchat, ce plaisir éphémère de montrer à ses “amis” peut aussi être à double tranchant. C’est une preuve, un élément de vie qui peut être capturé par d’autres, utilisé, détourné. Les metadatas de nos photos peuvent parfois servir aussi mais tout est falsifiable. On finit par se poser beaucoup de questions. Tenez, j’ai une personne de la famille qui a un poste de responsabilité et qui me partage des photos via WeChat, l’application sociale de Tencent, le futur T de GAFAMT…J’en connais quelques unes qui pourraient être utilisées contre lui, dans de mauvaises main. Cela paraît éphémère lorsqu’on les met car ça disparaît de sa vue mais ça reste une photo. C’est aussi souvent conservé sur un smartphone et celui qui a déjà perdu le sien, sait le drame que cela peut devenir. C’est devenu la clé de notre vie privée, le couloir vers toutes les pièces, personnelles et professionnelles. Là aussi, je fais régulièrement du ménage et je ne mélange pas les genres, même si je chiffre ma carte mémoire. Cela comprend aussi le ménage dans les emails. Et surtout, il n’y a aucun professionnel qui peut palier à nos problèmes, à part pour la réparation du hardware du smartphone.
Et puis je réfléchissais aussi à ce que l’on partage, sous pseudo ou sous son identité, sur les réseau sociaux. Mes partages de flux RSS me définissent un peu. Nos réactions sur Twitter/Mastodon/Facebook peuvent aussi nous définir, on l’a vu sur Cambridge analytica. Mais en plus de cela, il y a ce besoin épidermique de réagir sur tout. Récemment, la une du Point sur Erdogan a créé des réactions : Violentes et disproportionnées de la part de ses supporters. Soutien aveugle de la part des défenseurs de la liberté d’expression qui l’arborait façon “Je suis Charlie”. Aucune de ces deux actions n’est intelligente à mes yeux et je l’ai dit une fois, sans vraiment pouvoir argumenter (280 caractères pour ceux qui ne veulent même pas lire, c’est peu…). On fait abstraction du passif du Point (lourd avec FOG… plus l’actionnaire F.H. Pinault), du contenu de l’hebdomadaire (on l’a vu avec l’hypocrisie Charlie qui choquait ensuite ceux qui avaient défilé sous cette bannière), et on flatte son ego plutôt que de faire avancer une cause. Les personnes coupables de violence et menace peuvent-être condamnées et ce n’est pas à nous de faire de la justice de manière arbitraire. Venant d’un célèbre “avocat de twitter”, ça m’a choqué. D’autant que la une, quoi que l’on pense de Erdogan, est mensongère en se basant sur le sens réel des mots, au jour d’aujourd’hui. Il est plus intéressant d’analyser sa dérive mégalomane et son sens politique pour comprendre et anticiper. La part de responsabilité de l’Europe et des USA n’est pas à négliger dans la situation et il faut entendre à la fois les pro et anti-erdogan pour comprendre ce besoin de stabilité dans un environnement plus que perturbé et les paradoxes d’une société aussi divisée que le sont d’autres grands pays entre conservatistes et VRAIS progressistes. Autant on peut partager de l’information pertinente, autant on peut se laisser aller à des futilités et des mouvements de groupe éphémères, comme MeeToo (même si j’aimerai que ça reste une évolution de société). Les sociologues ont déjà analysé la portée plus que relative de ces Hashtag qu’on oublie déjà 1 ou 2 ans plus tard. Prenez “Occupy Wallstreet”, “Black Lives Matter”, par exemple. Et en même temps, ne doit-on pas réagir, protester contre les injustices, montrer que l’on n’accepte pas…? Vaste débat, comme celui de la réaction face à un lynchage ou une personne en danger. Erdogan, Poutine, Maduro, Xi Jin Ping, Kim Jong Un, Donald Trump sont des cibles faciles et médiatiques lorsqu’on est à l’abri chez soi, pendant que d’autres sont encore plus meurtriers et même plus proches de nous, sous les radars médiatiques ( teasing d’un prochain article… ). J’entendais le très simpliste Dr Kouchner parler des migrants en oubliant qu’il a cautionné l’ingérence en Lybie, participer activement à la situation du Kosovo (lire aussi ça…) et oublie mystérieusement le Yemen et tant d’autres conflits moins intéressants économiquement. Donner des leçons de démocratie et de liberté de la presse, cela n’a jamais été ma tasse de thé, surtout quand la France sombre dans le classement de RSF ou reste 23ème dans la corruption. Ca a un coté paternaliste et néocolonialiste pour moi …Je reste néoréaliste et fier de l’être. Je préfère partager ce qui permet de comprendre, pour ceux qui lisent encore.
Indice de démocratie : https://www.populationdata.net/
Cela marche aussi avec le veganisme d’ailleurs. Dire qu’on est vegan et que c’est mieux que les autres qui ont tort de manger de la viande, ça va plus froisser que faire avancer la cause. Il y a prochainement une manifestation pour l’interdiction des abattoirs. Je l’ai faite 2 fois par le passé et à voir l’affiche cette année, ça ne fera que renforcer la mauvaise image des vegans. Pour l’avoir vécu de l’intérieur, je sais l’image que reçoivent ceux qui assistent à la manif. Je sais qu’en disant ça, je m’attire les foudres de mes “congénères” mais il vaut mieux montrer à la fois les conséquences de nos actes ( ce que L214 fait très bien, par exemple, avec des diffusions de faits réels ) et en même temps les alternatives pour amener les gens à au moins tester, trouver leur propre équilibre. On ne s’improvise pas non plus Vegan d’un seul coup sinon on fait des conneries. Je parlerai un jour du problème de la vitamine B12 qui peut varier selon les personnes. On se repose sur des expériences, des partages d’information, ce que finalement on fait très naturellement en cherchant des recettes de cuisine dans la vie “normale”. On en parle autour de soi et j’ai quelques collègues qui progressent, s’informent, choisissent d’évoluer, de changer à leur rythme, peuvent aussi répondre à leurs enfants qui ont envie de suivre “ce régime”. Ce n’est plus du prosélytisme comme on peut voir sur des groupes facebook ou des hashtags twitter.
Et au delà des réseaux sociaux, il y a aussi les blogs et ce que l’on y met. Parmi mes plus de 1000 articles ici, il y a de la futilité, j’en suis sûr, et pas plus tard que cette semaine. Je pourrais me passer (et je vais le faire …) de certaines rubriques. Il y en a qui ont été des défis personnels, juste pour flatter mon égo, au fond. Il y a des coups de cœur, des coups de gueule. Le format permet de développer un peu plus qu’un trait d’humeur, c’est tout. Il y a des tranches de vie. Mais je me demande, aujourd’hui, ce qu’il restera de tout cela dans 20, 30, 40 ans….ou même 6 mois, car on est si peu de chose. Il faut avoir la modestie de le reconnaître, sans pessimisme, aucun. Comme celle de reconnaître qu’on ne saura jamais tout faire bien et que l’entraide,”c’est ça que c’est bien !!!” comme on dit par chez moi. Mais quand même l’informaticien ne sait plus où mettre son (open) source, on pourrait presque croire que …