Littérature - Demain, les chats de Bernard Werber (2016)
Ce roman était fait pour moi. Un roman dont les héros sont des chats dans la société des humains ! Dit comme ça, c’est aussi bizarre que pour des … fourmis.
Sauf que je n’ai pas lu l’œuvre phare de l’auteur, la saga des fourmis. Donc je ne peux pas faire de comparaison et ce n’est sans doute pas plus mal. Nous sommes ici dans un avenir proche et des terroristes créent peu à peu le chaos à Paris et ailleurs dans le monde. Cela dégénère d’abord en guerre civile avant qu’une épidémie de peste ajoute à ce nouvel apocalypse… L’apocalypse selon Werber. Observatrice de tout cela, Bastet, une chatte avec sa “servante humaine” Nathalie, va tenter de survivre. Elle fait la connaissance de Pythagore, le siamois sage. Fruit d’expériences, ce chat a la possibilité de comprendre le savoir humain et le transmettre à la société des chats. Bastet, elle, cherche à communiquer avec les autres espèces. Y réussira-t-elle ? Les chats sont-ils l’avenir de l’humanité?
Voilà un peu l’environnement dans lequel nous embarque l’écrivain. On sent immédiatement qu’il aime les animaux et les chats en particulier. La première partie nous décrit la vie des chats vue par les chats et la vie des humains par leurs yeux et leurs vibrisses. L’histoire a été nourrie par les évènements parisiens de l’époque, les attentats et cette anticipation n’a rien d’optimiste. Werber pose en théorie le fait que l’homme s’auto-détruise régulièrement pour mieux repartir. Il y a beaucoup de rappels historiques, par l’entremise du bien nommé Pythagore. On apprend également l’histoire des chats, telle que les humains l’ont écrite.
Mais au delà de l’histoire, il y a encore un aspect plus philosophique dans cet écrit. Sans dévoiler trop de la progression de l’histoire, on va aborder des thèmes comme la religion face à la science, le savoir face à l’ignorance et la violence. On ne peut échapper à une courte réflexion sur la vivisection et sa vacuité. On sent que Werber est plus attiré par des sociétés de l’entraide que de l’individualisme…Une évidence quand on écrit sur les fourmis. Et on se demande, malgré le final, s’il croit encore à l’humain et sa place sur cette terre. Il y a une allégorie écologique dans tout cela. Il ne développe pas forcément assez la place de la technologie dans l’écrit mais il y a déjà beaucoup de thèmes abordés. Tout cela est fait dans une sorte de Survival-horror très moderne et qui rend le récit passionnant à suivre.
On peut évidemment critiquer les simplifications et incohérences scénaristiques mais je me suis laissé emporter par l’histoire comme dans une bonne série en une saison. Il aurait évidemment matière à faire une suite mais je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée. Le fond (philosophie, place de l’homme sur la terre…) est plus important que la forme (aventure, survie). Les post-scriptum sont assez explicites pour comprendre cela… Je m’en retourne parler à mes chats pour apprendre d’eux.