Véganisme au quotidien - Camembaire ou Camenvert ?
Le vegan a de l’humour et aime les défis. Après les fromages de la petite frawmagerie, voilà deux tentatives plus proches visuellement du vrai fromage normand.
Sauf qu’évidemment, AOC oblige, le nom ne peut pas être utilisé pour cette préparation à base de … noix de cajou. Le premier nous vient d’un petit artisan lorrain qui nous prépare ça dans un ancien garage transformé en cuisine/laboratoire. On a donc de la noix de cajou, de l’eau filtrée, du sel et … une culture de penicilium (donc un champignon) pour la fameuse croute fleurie. Le tout pèse 150g environ et vaut autour de 11 euros.
J’ai trouvé le mien dans une nouvelle boutique parisienne, Mon épicerie Paris, au nord du Marais. Ce n’est pas très loin d’une autre célèbre boutique parisienne, Un monde Vegan. Je n’ai aucune confiance dans les livraisons de frais en cette saison donc j’ai évité de commander en direct chez le fabricant.
Au déballage, c’est bluffant, on dirait un vrai camembert. Au tranchage, la magie se poursuit un peu mais on remarque quand même que c’est un peu plus moussé, presque comme une pâte à tartiner. J’ai tellement vu de mauvais camembert de nos jours dans les supermarchés que ma comparaison est entachée de cela. Très honnêtement, cela ne convaincra pas un amateur de fromage. Mais c’est agréable en bouche, pour la texture, sur une bonne baguette de pain croustillante. Ca manque un peu de sel mais surtout de parfum d’un camembert au lait cru bien fait, ceux que l’on ne trouve plus nulle part. Au moins, il n’est pas farineux comme les parpaings vendus par Président et autres escrocs de laitiers. Mais je ne pourrais pas en prendre un entier et en faire mon ordinaire.
On a environ 30g de matière grasse pour 100g et ça se ressent un peu. Un camembert “Le rustique”, c’est 20g, par exemple. Pour le sel, c’est moitié moins qu’un camembert industriel aussi. Le défi est presque réussi et ça peut être pas mal de présenter ça dans une soirée avec des “carnivores”, pour faire débat. Car la question est de savoir si on a réellement besoin de ces “imitations” ? Cela peut aider, pyschologiquement, à accompagner le passage au veganisme, sans être indispensable. Cela dépend aussi de la consommation de produits laitiers dont on a l’habitude. C’est une alternative de plus en tout ca pour que chacun y trouve son compte.
Et puis le deuxième vient d’un ancien œnologue, reconverti dans la fromagerie Vegan sur Nanterre. Oui, ce n’est pas vraiment connu pour ses vertes prairies. Sous la marque TommPouss, on trouve donc de petits fromages. Le Camenvert est aussi à base de noix de Cajou. Toujours dans cette même épicerie, j’en ai eu pour le même prix, quasiment. Je n’ai pas le taux de matière grasse mais visuellement c’est très proche. Mais gustativement, c’est plus fermenté, plus goûtu et donc plus proche d’un honnête camembert. J’ai l’impression que c’est un peu plus salé mais c’est peut-être trompeur. Là le défi est encore plus réussi, même si ça ne remplace pas encore ce souvenir d’un très bon camembert fermier au lait cru comme j’en avais dans mon enfance. Prochaine étape, le… Munster !