BD - Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong (2012)
Illustrateur, peintre et auteur de BD, Marcelino Truong nous offre sa vision de la guerre du Vietnam en 2 tomes d’un roman graphique très original.
Car habituellement, on parle du coté américain, du coté français (période d’avant 1954) ou du coté vietnamien du nord, ou bien encore de l’expatriation des sud-vietnamiens. Mais cette fois, c’est la vision d’un fils d’ambassadeur du sud-vietnam dont la vie va être bouleversé par la guerre. Né à Manille en 1957 où son père est ambassadeur, il vit ensuite à Saigon avant de partir en Angleterre où son père est nommé à l’Ambassade. C’est sa vision d’enfant qu’il retranscrit en la mettant à la fois en image et en musique (elle reste présente par les citations de chanson dans les titres de chapitres). Marcelino est métis, d’une maire malouine et d’un père fruit du colonialisme français. Il est fasciné par la machine américaine qui débarque alors pour protéger le sud-vietnam de l’invasion communiste. Il ne comprend pas vraiment ce qu’il se passe, pourquoi son pays est partagé en deux. Il ne comprend pas l’attitude des GIs, la violence et la débauche qui peut avoir cours à Saigon. Londres l’éloigne de cela mais c’est l’ennui et la grisaille. Il cherche à se faire une place dans toutes ces cultures qui se mélangent.
Je n’en dévoilerai pas plus sur ces plus de 500 pages à lire avec curiosité. On retrouve à la fois la vision naîve de l’enfant mais aussi, rétrospectivement, des éléments de compréhension du fossé qui se creusait entre les deux camps. Les deux Vietnam souhaitaient au fond leur indépendance mais se retrouvaient le jouet des grandes puissances ce qui amena à des dictatures de chaque coté. La vision idéaliste que l’on a pu avoir de chaque camp est ici, battue en brèche peu à peu. On imagine la difficulté des enfants de cette famille à faire comprendre aux autres ce que leurs parents eux-même n’arrivaient pas à comprendre. Entre une mère traumatisée par la 2nde guerre mondiale et un père déraciné, c’est un chaos qui se dessine. Mais pourtant, l’enfant traverse les années 60 et 70 pour terminer aujourd’hui sur une plage.
Dans cette période où l’on parle de réfugiés, il est bon de relire ce témoignage. Il vaut à la fois pour l’histoire mais aussi au delà du Vietnam, pour parler de la guerre, tout simplement. Si Marcelino Truong nous gratifie de planches magnifiques, proches d’aquarelles, il se perd parfois un peu dans le découpage de son récit, très riche. Mais qu’importe, car on prend un réel plaisir à le suivre dans cet grande épopée. J’ai trouvé un beau complément aux autres ouvrages sur ce même thème, en tout cas.