Littérature - Journal japonais de Richard Brautigan (1976)
Je ne peux pas cacher ma passion pour les haïkus et les poèmes courts. Quand j’ai découvert ce petit livre de l’écrivain américain Richard Brautigan, je n’ai pas pu résister.
Il s’agit d’un mélange entre recueil de poêmes et récit de voyage. En effet, Brautigan a écrit cela pendant un séjour où il découvre ce pays qui le fascine, en 1976. Il explique dans une longue introduction la raison de cette fascination, à savoir la mort de son oncle Edward pendant la seconde guerre mondiale et la haine qu’il a nourrit contre les japonais dans son enfance. Et puis il a lu Basho (que j’avais chroniqué il y a longtemps), un des maîtres de l’Haïku, cette forme poétique japonaise. Il devient alors fasciné par ce pays qu’il a à coeur de découvrir.
L’adaptation en français est ici très complexe. Brautigan ne respecte pas à la lettre les règles de l’Haïku, à savoir un rythme et une métrique précise. Il est plus dans l’esprit, ce que je comprends parfaitement en le pratiquant moi même. En effet, la langue a son importance dans ces règles et le japonais a ses particularités. Pour cet écrivain de la Beat Generation, qui mettra fin à ses jours en 1984, c’est une sorte de voyage initiatique qui durera quelques années. A la lecture de ces poèmes, on entrevoit l’apprentissage, la maladresse. Mais surtout c’est une ode à la contemplation, de la plus petite chose (des insectes, par exemple), à des scènes de la vie quotidienne. On peut alors le lire comme un simple journal de bord, mais se poser sur une scène et laisser notre esprit vagabonder, s’imaginer. C’est comme ça que j’imagine la lecture d’un tel ouvrage qui reste court, évidemment, surtout avec une préface et une postface dans l’édition du Castor Astral.
Il faudrait que je trouve la version anglaise, maintenant, car la traduction me laisse toujours un goût amer, dans les sonorités, notamment. Mais cette lecture a été une inspiration pour moi. J’ai toujours des scrupules à sortir des clous de ce style et à me situer. Lire cette succession d’images m’a conforté dans ma recherche d’une description précise, stimulant l’imaginaire et sonnant à la lecture. Un ouvrage singulier qui mérite qu’on s’y attarde.