Blog - Déchets ou l'effet papillon qu'on ignore

L’effet papillon, c’est “« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » (Edward Lorenz). En ce qui concerne nos déchets, je dirais plutôt : “Est-ce que notre consommation peut provoquer une pollution sur une petit île du pacifique ? “

La réponse est oui, si on regarde l‘île Henderson qui possède la densité de déchets la plus importante au monde. Si on rajoute le fait qu’elle soit inhabitée et inhabitable, on voit bien que le problème vient bien d’ailleurs. On en dira de même pour cette île artificielle constituée d’un tourbillon de déchets dans l’Atlantique nord (les océans ont d’ailleurs été les grands oubliés de l’accord de Paris pendant la COP21). Le problème vient en premier lieu du comportement dans le rejet nos déchets, ce qu’on laisse sur les plages ou sur la route, ce que l’on jette par la fenêtre d’une voiture, etc… Mais en dehors du cas de cette île, on rencontre aussi des lieux devenus des décharges sauvages.

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Meubles usagés, déchets de chantier, on trouve un peu de tout en pleine nature, dans des “coins tranquilles”, car entre le travail au noir et le coût des déchetteries, il y a toujours une bonne excuse pour ne pas suivre la filière de “recyclage” de ces déchets. Au point que des associations ont mis en place des outils pour signaler ces lieux (par exemple ici ). Les mairies tentent bien de lutter contre cela mais manquent de moyens, quand ce n’est pas d’expertise légale. Pas très loin de chez moi, je connais un rond point près d’une ancienne usine d’amiante en démolition qui devient le lieu privilégié de dépôt d’ordures. Évidemment, cela a lieu quand il n’y a personne aux alentours.

Mais en dehors des chantiers, je suis chaque semaine effaré du nombre de déchets que l’on peut produire. L’Ademe parle de 354kg par personne/an et je veux bien le croire, surtout qu’il y aurait déjà 40kg de prospectus et publicités. Avec mes chats, il faut que je compte les kilos de litières qui y passent aussi chaque semaine…. quel paradoxe de sauver des animaux et d’avoir des trucs qui polluent ! Et la litière végétale finit aussi au même endroit que les déchets non recyclables, donc ça ne règle aucun problème, le tout étant incinéré. En dehors de ce cas particulier, j’essaie quand même de penser à l’emballage en achetant. La mode est au vrac, au sans emballage mais cela a des limites. Allier qualité du produit et possibilité d’amener un contenant n’est pas évident. Quand je vois les déchets des emballages pour remplir ces distributeurs, et les étiquettes pas très informatives sur la provenance, je me dis qu’on se fout un peu de notre gueule, ne serait-ce que pour le prix.  Et on tombe aussi sur des dérives comme cette mode du sac biodégradable qui aboutit à des sacs qui se dégradent dès qu’on les utilise … 5 minutes. Je n’ai pas regardé le bilan carbone de la fabrication (D’autres le font pour moi) entre celui en papier et celui en plastique issu de plante. On pourrait avoir des surprises, mais je me ballade avec une batterie de sacs réutilisables dont certains on plus de 15ans. Évidemment, les pros de l’emballage ne sont intéressés que par le gain financier, éventuellement le poids et l’encombrement, mais pas la durabilité. Produire un sac plastique réutilisable 10 fois contre un sac biodégradable pas réutilisable, telle est la question ? Non, ce n’est pas la bonne, car on pourrait allier les deux.

Et puis avec la vente par correspondance, ce sont des cartons qui s’amoncellent constamment. Par exemple, j’utilise des croquettes sans céréales qui ne sont pas officiellement diffusées en France dans les boutiques pour animaux. Bilan, je suis obligé de commander, et ça vient de loin, donc carton+émissions carbonées dues au transport. A la limite, les cartons se recyclent et l’Ademe rappelle encore que les déchets suivent ce chemin :

Si je regarde ce que rejette par semaine, je constate que j’ai deux passages pour les non recyclables et un passage pour les recyclables. Il me faudrait plutôt un seul passage pour les deux, voir parfois moins, mais bon, on ne sait jamais. Ce qui est plus problématique, c’est la politique de ces sociétés qui sont sous contrat avec les communes. Il n’y a pas un recyclage identique et des tris parfois hallucinants où il faut faire des études de polymères pour y comprendre quelque chose et décortiquer les composants de l’emballage. Les colles, par exemple, font rejeter beaucoup de déchets qui sinon seraient recyclables. J’avais fait un article sur le sujet il y a près de 10 ans sur les pots de Yaourts et depuis cela a un peu évolué. Ainsi en produit bio on trouve des étiquettes non collées sur les yaourts au soja ce qui rend l’emballage recyclable. Même Danone a travaillé sur le sujet, histoire de se verdir un peu plus. Mais quand je me souviens du fonctionnement du recyclage en Allemagne dans mes séjours dans les années 80/90, cela me laisse encore pantois. On a encore beaucoup à progresser.

Lorsque j’étais parisien, je contemplais chaque jour** les immondices laissés par mes congénères dans tous les coins**. Le comportement n’est pas sanctionné suffisamment car hélas il n’y a que comme cela que cela rentre dans l’esprit des gens. Petit acte mais grosse conséquence, car cela se répercute non seulement sur les impôts (124 euros par habitant et par an en moyenne en 2009)mais aussi sur l’environnement pour tout ce qui échappe aux services concernés. Sauf qu’il y a des connards qui disent “oh, de toute façon je paye pour que ça soit ramassé…”. Si, si, je vous jure! Oui, cet article aurait pu aller dans le journal du râleur.  Notre réputation de crados n’est pas usurpée, quand on parcourt un peu cette planète. Je suis presque plus tolérant pour les pays qui n’ont pas encore de systèmes d’égouts et de traitement des eaux en phase avec la progression démographique, comme on peut le voir pour l’instant au Vietnam, mais également dans beaucoup de pays dits “du sud”. Le traitement de l’eau est un des grands chantiers du siècle  mais des boites comme Nestlé préfèrent la privatiser, et la vendre en bouteille… donc en pollution. A ce sujet, j’ai depuis longtemps pris le parti de faire mes propres sodas et eaux gazeuses, avant que ça ne devienne à la mode. C’est déjà un léger mieux. Mais ce petit battement d’aile positif suffira-t-il pour sauver la faune de l’île d’Henderson? Je me sens coupable avec tous ces produits manufacturés et emballés que j’achète chaque semaine et il faut se forcer à changer ce comportement.

Nos produits électroniques deviennent de plus en plus éphémères. Quoique chez moi, un Smartphone dure 5 ans, facile et un pc plus de 7 ans, ce qui n’est déjà pas mal, par rapport à certaines machines à laver. Les utilisateurs de GNU/Linux connaissent aussi les bienfaits de quelques distribution pour continuer à utiliser des ordinosaures, pour pas qu’il finissent quelque part en Afrique ou Asie. La aussi, la consommation devrait s’orienter vers des produits réparables, avec un support suffisamment long et tant qu’à faire, fiable. Mais aujourd’hui, avec le “unibody” et l’ultrafin, on prend le chemin inverse. Ah que j’aime le doux son du ventilateur de mon vieux pc portable sur lequel je tape ce billet. Ce n’est pas comme ces tablettes vendues à prix d’or et qui se retrouvent jetées, faute de budget maintenance.

Des communes pratiquent la pesée intégrée à la poubelle. Cela paraît une bonne idée, mais on a déjà constaté les effets de bord. Bon, j’ai déjà parlé du fait d’avoir des animaux mais passons. Comme les communes d’à coté ne pratiquent pas cette pesée, on retrouve des petits malins qui vont jeter chez le voisin. Les poubelles doivent être sécurisées pour éviter la fraude sans parler de l’équipement du camion. Le gain est-il réel, c’est à dire dans le changement de comportement de consommation ? Je n’ai pas tellement l’impression que ça marche dans le sens où je trouve toujours les mêmes produits dans les magasins, ceux avec des beaux emballages et suremballages, ceux qui ne sont pas prévus pour durer, ceux qui viennent de loin, … Si on reprend le principe du pollueur payeur, qui est le pollueur entre le consommateur et le fabricant ? J’attends les pourcentages !

J’aurais du prendre les mêmes bonnes résolutions pour ça que pour le reste. Il y a l’embarras du choix mais s’il fallait se tenir à des choses simples, ça pourrait être : 1° Toujours je chercherai la poubelle ou je garderai mon déchet sur moi, le temps d’en trouver une. 2° Un sac recyclable, j’aurai toujours sur moi. 3° J’éviterai les petits conditionnements et doses individuelles. 4° Je ramasserai les déchets que je croise en randonnée pour les jeter correctement ensuite 5° Je privilégierai l’achat local au maximum par rapport à la vente par correspondance, même si ça peut être plus cher. (enfin, quand c’est possible)

Rien que ça, ça va m’occuper pendant les 6 mois qui viennent, sachant que j’en fait déjà 2. Et puis j’ai fini de recycler ici tous mes billets, articles, humeurs et œuvres disséminées un peu partout. Et on termine en musique avec l’excellent titre du groupe finlandais Private Line.

PS : Parce que, lorsque j’ai écrit le billet, Donald Trump n’avait pas pris de décision. Il faut rappeler quand même que ça ne changera pas forcément grand chose dans la plupart des gros états US, déja engagés dans les énergies renouvelables. Le fond vert destiné au pays pauvres n’existait pas encore, de toute façon, faute de signature réelle sur le financement. Donc il faudra bien trouver des “sponsors”, prêts à se verdir… Et la décision de Trump n’est qu’une décision de politique intérieure, histoire de montrer qu’il applique ce qu’il disait. L’effort est bien ailleurs, ne serait-ce que de peser dans notre consommation face aux lobbies climato-sceptiques.

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Ecrit le : 03/06/2017
Categorie : environnement, reflexion
Tags : écologie,économie,blog,climat,consommation,environnement,pollution,Réflexion

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