Cinéma/littérature - Entretien avec un Vampire de Anne Rice (Neil Jordan 1994)

Dans la catégorie film de genre, le film de Vampire a été mis à toutes les sauces. Au niveau littérature, on ne peut pas dire que ça soit mieux, avec les séries pour ados….Mais une saga contemporaine surnage, celle d’Anne Rice, dont quelques opus ont été adaptés au cinéma. Le plus réussi d’entre eux reste “Entretien avec un Vampire” (interview with a vampire).

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Le livre est donc sorti en 1976, initiant la Chronique des Vampires d’Anne Rice, née à la Nouvelle Orléans. Et justement, c’est cette ville qui reste le point central de toute son oeuvre. Ici, elle imagine un journaliste recontrant un vampire. Celui-ci va raconter son histoire, de sa jeunesse, à la création du monstre, puis jusqu’à nos jours. L’histoire introduit donc le vampire Louis, créé par le vampire Lestat (dont Anne Rice avouera qu’il a beaucoup de son propre mari). Les deux vampires vont parcourir le 19ème et le 20ème siècle ensemble, créant au passage une jeune vampire (Claudia jouée par Kirsten Dunst dans le film). Ils rencontreront d’autres vampires à Paris, dont Armand, dirigeant d’un fascinant Théatre des Vampires. Il y a beaucoup de la vie personnelle de l’auteur dans cette histoire, notamment chez Claudia.

Le film apporte à la fois une vision fidèle du livre, mais ne peut rendre totalement le combat intérieur de l’auteur dans la partie consacrée à Claudia. Capricieuse, parfois plus monstrueuse que Lestat, elle a aussi la souffrance de ne plus pouvoir grandir, comme figée à un âge pour l’éternité. C’est le coeur du propos de ce livre, celui de la souffrance de l’immortalité, mais qui se prolongera dans une véritable saga. En effet, Anne Rice a créé une véritable mythologie des vampires, en 11 ouvrages, à ce jour. Elle développera aussi en parallèle des histoires sur les sorcières et les loups-garou mais elles sont moins réussies. Il n’y a pas ce romantisme trouble, cette recherche du sens de la vie, qui sera encore plus développée dans le magnifique épisode “le Voleur de Corps”. Aujourd’hui encore, le film n’a pas vieilli, aidé par une photo fabuleuse du français Philippe Rousselot. La distribution reste efficace, entre Brad Pitt et Tom Cruise, mais aussi Antonio Banderas dans le rôle d’Armand. D’une histoire qui pourrait paraître morbide, on a un sentiment de fascination envers ces êtres surnaturels. Neil Jordan rend un hommage au Nosferatu de Murnau, l’ancêtre de tous les films de vampire, tandis qu’Anne Rice oublie pas mal le Dracula de Bram Stoker, et plus encore la légende de Vlad l’empaleur qui en est à la naissance.

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Il fallait vraiment se détâcher de ces ancêtres littéraires et historiques pour en extraire le gothique et le romantisme. Neil Jordan a su le retranscrire à l’écran, au contraire de tous ceux qui se sont attaqué ensuite à la saga. L’incursion de l’auteur dans l’histoire égyptienne ne changera même rien à cela. Elle a su parfaitement retranscrire ce charme trouble, au point qu’il y a même une inconnue sur la sexualité des personnages, qu’elle n’a jamais vraiment levée. Dans une époque où l’on se sent perdu, ces récits d’âmes perdus répondent aussi à nos propres attentes. Quant à savoir s’il faut commencer par le film ou le livre, libre à chacun. Les deux sont très accessibles mais l’imaginaire fonctionne tellement mieux par les mots.


Ecrit le : 31/01/2017
Categorie : cinema, litterature
Tags : 1990s,annerice,Cinéma,cinemathequeideale,littérature,vampire

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