BD - Les Eaux de Mortelune de Cothias et Adamov (1986)
Encore une série post-apocalyptique des années 80 et qui complète bien celles que j’ai déjà traitée ici (L’Incal et Beatifica Blues). Pourtant j’ai mis du temps à entrer dans cette histoire.
Dans un Paris complètement dévasté à la suite des abus des humains, l’eau s’est faite rare et le pouvoir appartient à ceux qui savent encore la purifier. Cependant, pour utiliser les purificateurs, le pétrole est nécessaire. Les deux pouvoirs (celui du pétrole et celui de l’eau) rentrent en guerre sur fond d’onirisme et de métempsychose.
L’histoire se passe dans un Paris devenu un cloaque, donc et on retrouve, une fois encore, une caste dominante basée sur la maîtrise de l’eau. La série s’est achevée dans les années 2000 et est regroupée dans deux intégrales, aujourd’hui. A la lecture de celles-ci, j’ai pourtant l’impression que le scénario a été un brin trop prolongé, histoire de capitaliser sur le succès. Le dessin d’Adamov s’inscrit là encore dans le style qui avait court à cette époque, dans le prolongement d’un Giraud, d’un Druillet parfois, même si on ne retrouve pas cette finesse du détail. L’univers de cette série est à la fois fascinant et repoussant, puisque les horreurs propre au post-apocalyptique (mutants, radioactivité, consanguinité, canibalisme…) se succèdent.
L’onirisme est encore très présent mais j’avoue avoir eu du mal avec la deuxième intégrale qui part dans tous les sens. La première (5 tomes) aurait suffit finalement. La galerie de personnages est doublement intéressante. Evidemment, il faut un méchant, le duc Malik. Mais il y a toujours quelque chose de trouble dans les autres héros de l’histoire, que ce soit Nicolas, sorte de messie malgré lui, ou chez Violhaine, sa soeur. L’équilibre entre le monde du rêve et la réalité plus que sombre, bascule peu à peu au fil du récit et de la découverte de ce monde, lorsque justement on sort de ce Paris plus que dégoutant. On retrouve un dessin qui curieusement ne reste pas dans la grisaille mais utilise des couleurs plus pâles, sans parler des couleurs de la cour, plus vives.
Il faut bien plusieurs lecture pour saisir tout, ou presque, de cet univers. Culte pour certains, oubliable pour d’autres, cette oeuvre reste pourtant symbolique de son époque et d’une génération “No Future”.