BD - L'Affaire Charles Dexter Ward de Culbard (et Lovecraft) (2012)
Pour une fois, je vais faire une chose que je ne fais jamais : Parler d’un ouvrage que je n’ai pas apprecié. Enfin pas totalement…
Car évidemment, puisqu’il s’agit de l’adaptation en Comics d’une nouvelle de Howard Philips Lovecraft, j’aime l’histoire. Oui, je suis un fan de l’oeuvre de Providence, un peu moins de l’homme même si lui aussi fascine. Depuis mon adolescence, je ne cesse de revenir à sa masse considérable de nouvelles et je ne me suis jamais essayé au pastiche ou à l’imitation, comme tant d’autres, malheureusement. Lovecraft, c’est une véritable mythologie qui a donné aussi naissance à des jeux de rôle “L’appel de Cthulhu” et tant d’autres produits dérivés. On a écrit aussi sur l’homme, de Houellebecq à Sprague de Camp en passant par Truchaud dans les Cahiers de l’Herne. Mais l’auteur de Comics I.N.J Culbard s’attaque lui à l’oeuvre, et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la plus longue nouvelle du maître.
Providence, 1928, Charles Dexter Ward, un homme de vingt-six ans interné en maison de santé vient de disparaître sans laisser de trace. Le narrateur, Marinus Willet, médecin de la famille Ward depuis des années se remémore la progressive transformation qui vit le jeune homme enthousiaste féru d’archéologie et de généalogie devenir dément. À l’hiver 1919-1920, Charles découvrit au cours de ses recherches en généalogie qu’il avait parmi ses ancêtres un certain Joseph Curwen.
Ca c’est le début de la nouvelle et Culbard y reste relativement fidèle. Le problème est qu’il prend des raccourcis pour faire tenir l’histoire en un tome de 110 pages environ. La mission est déjà quasi impossible. Mais le principal écueil de l’exercice est de retranscrire cette mythologie et l’imaginaire suscité par les mots de Lovecraft. Il y a énormément de mystère et de non-dit chez cet auteur qui fait appel à des peurs primaires. Mettre cela en image est donc compliqué car c’est le lecteur Culbard qui dessine ce qu’il imagine. Et il dessine façon comics ce qui donne une mise en couleur propre au style comics.
INJ Culbard est pourtant anglais, et surtout fan de l’auteur. Mais il dessine comme beaucoup d’auteurs moderne à la tablette graphique. J’ai du mal avec ce style de ligne claire “numérique” et sans savoir ce détail à la lecture, je l’ai tout de suite identifié. Il semble mieux avoir réussi son adaptation des “montagnes hallucinés”, autre grande oeuvre de Lovecraft, mais je ne l’ai pas lu. Je ne peux que constater le problème de découpage de l’histoire en plus d’un style qui ne s’adapte pleinement à l’histoire que dans la seconde moitié de l’ouvrage. On s’y concentre sur Culwen, sur le Docteur, sur Ward et on y explore les bas-fonds.
Alors finalement, pourquoi parler de cet ouvrage que je n’ai pas vraiment apprécié ? Parce qu’il a réussi une chose : Donner envie de relire la nouvelle de Lovecraft. Je pense qu’au fond, c’est la mission que s’est donnée Culbard en faisant des adaptations de Lovecraft mais aussi de Conan-Doyle et autres auteurs. C’est une sorte d’avant goût qu’il nous offre et si je n’avais pas en mémoire la nouvelle servant de base, j’aurais sûrement apprécié autrement cet ouvrage.