Blog - Si à 40 ans, t'as pas l'impression d'avoir tout vu....

Depuis quelques mois, j’ai ce sentiment curieux de ne plus être surpris par grand chose, autant en musique, BD, cinéma, littérature. Et visiblement, je ne suis pas le seul parmi mes congénères blogueurs quarantenaires…A se demander si ce n’est pas un (faux?) sentiment d’avoir tout vu.

Car j’ai plutôt l’impression d’une régression de la qualité des oeuvres pour fournir toujours la même chose. Il n’y a qu’à regarder en jeu vidéo et en cinéma : La plupart des gros trucs qui sortent sont des suites, des remakes, …. En musique, on nous sort des covers, des compils, des duos. Luc Besson disait récemment que pour avoir un gros financement maintenant, il faut arriver avec une licence, un remake, sinon, c’est mort. Alors j’ai continué à me poser la question sur tout ce que j’ai pu lire, voir, écouter en cherchant les raisons de mes déceptions. Sur le dernier mois, j’ai ralenti les chroniques ou alors je me suis occupé de “vieux classiques” que j’aime remettre en lumière.

Coté cinéma et séries, je me suis profondément ennuyé sur le dernier Alien, qui se contente d’enchaîner de vieilles recette éculées, tout comme les derniers blockbusters. Je n’ai pas été très surpris par la série Room 104, malgré la relative qualité du premier épisode. J’ai trouvé Quadras sympathique et La Mante en régression au fil des épisodes, les deux enfilant les clichés comme des perles. A chaque fois, il y a de nombreux moments où je me disais : “Ils ne vont pas faire ça quand même…”. Et si, ils l’ont fait. Je me suis revu le premier Kingsman avec plaisir, pourtant, parce que même si ça reprend des recettes connues (James Bond, films de super héros, …), c’est fait dans une ambiance assez délirante qui rend tout cela culte. Je crains pourtant de voir celui qui vient de sortir. Et maintenant j’ai cessé de regarder les biopics, dont la mise en scène reste toujours dans le classicisme le plus ennuyeux. Non, même celui sur Freddie Mercury n’aura aucune indulgence!

Coté jeu vidéo, je suis allé voir les rayons des consoles actuelles et même constat que du coté du Play Store : Remakes, licences, mélange de deux genres, voir crossover de licence (Mario et les lapins crétins, Tetris et Puyo Puyo…). On joue plus sur la forme que sur le fond et si on a le malheur d’avoir jouer à un des originaux, l’ennui guète. Il n’y aurait que splatoon qui pourrait me faire délirer…mais c’est bien la forme encore qui a été revue sur une base des plus classiques. Et puis sinon, on a des jeux qui misent sur de vrais concepts novateurs mais là, c’est la finition qui manque, soit par manque de moyen, soit par manque … d’expérience, justement. Avec le retour des licences rétro, la mode du retro gaming et les capacités que l’on a de tout rejouer partout, j’en viens à reprendre les originaux, à y rejouer. J’ai fini par me relasser (au bout d’un an, quand même) du peu de jeux que je jouaient en ligne et je me ménage des pauses bien plus importantes pour me ressourcer sur d’autres thèmes.

Coté BD, j’ai l’impression du même mal avec des licences qu’on surexploite avec des spin-offs (de spirou aux super-héros), et sinon des recettes comme l’héroïne sexy ou le héros tombeur et surpuissant. On a des modes, aussi comme les zombies (zombis aussi, hein Cascador :p ) que l’on met à toutes les sauces sans en dire le nom. J’en ai eu récemment dans No World, un comics à la sauce Xmen ou bien encore des mangas comme Sprite ou I am a Hero. Je ne suis pas allé plus loin que le deuxième tome parce qu’au bout d’un moment, il n’y a plus de surprise et on fait trainer en longueur pour vendre du volume. Même Rainbow, sur un sujet plutôt sombre (prison pour jeunes, viol, reconstruction du japon…), n’a pas réussi à me capter.  J’ai quand même trouvé quelques perles, dans les œuvres plus fouillées, en un volume. Mais j’ai vraiment du mal à fréquenter le rayon BD de ma librairie avec toujours le même genre de choses en tête de gondole. Et l’autre jour je voyais un excellent documentaire sur Goscinny et la BD franco-belge qu’il a fait naître : On est très loin de ce foisonnement aujourd’hui, sinon du coté des indépendants.

Coté littérature, j’ai fait une petite pause aussi avant de chercher autre chose que ce que je lis parfois. Les “page turner”, c’est bien joli mais on retrouve souvent les mêmes astuces. J’avais donc un peu d’espoir avec “Je reviendrai avec la Pluie” de Takuji Ichikawa avec un pitch intéressant. Et au bout d’un moment, ça ronronne dans le flashback et une romance classique. J’avais l’impression de lire un Marc Levy, à peine japonisant. Il m’a fallu me perdre en Corée du sud pour trouver un truc intéressant, mais ça, vous le verrez plus tard. Là encore, dans l’abondante rentrée littéraire, il y en a facile 90% à jeter. Je suis bien tenté par le livre d’Olivier Guez sur Mengele mais avec la peur de la déception, tant j’ai lu sur ce sujet et celui de ces “médecins” qui basculent dans l’horreur. Et je peux déja dire que le dernier Dan Brown ronronne sérieux.

Alors c’est là que je me dis que j’ai peut être trop lu sur certains sujets, trop vu certains types de films, de BD pour ne plus être surpris. Je cherche alors l’originalité d’abord, la couverture étrange, l’univers décalé, le style alambiqué mais j’ai l’impression souvent de voir les ficelles. Comme j’ai fait le choix, raisonnable, de traiter uniquement ce que j’aime vraiment, je me dis que ça n’ira qu’en diminuant, ou que je vais puiser dans le passé lointain. Je devrais d’ailleurs me lasser de revoir des vieilleries, des films noir et blanc, d’écouter de vieux albums, de relire de vieilles BD ou des classiques de la littérature. Mais même pas. Souvent j’y trouve mon compte et c’est là que l’on trouve la signification du mot “classique”. Certains films de moins de 15 ans sont dans ce lot, malgré tout et je choquerai sûrement lorsque je les chroniquerai ici. Mais tout cela me fait dire que ce n’est pas la lassitude mais plus une baisse dans l’exigence de production. Il y a aussi un manque de culture des décideurs, des financiers qui vont d’abord dans la facilité, sachant aussi que le public consommateur est majoritairement jeune (en cinéma, musique, BD en tout cas). Donc je ne suis plus dans la cible. Je suis le vieux con dont on se fout, ça y est!

Mais même en Automobile, j’ai l’impression d’ennui. Je baigne là dedans depuis 30 ans, j’ai lu et vu tant de choses, de la façade jusqu’aux coulisses. Mais là, j’ai la même notion de routine dans ce qui sort avec des ficelles grosses comme des cordes d’amarrage de paquebot pour faire croire à la nouveauté. Là, le public est vieux (cf age moyen d’un acheteur) mais n’aime pas être perturbé, surtout en France où même la boite automatique fait peur. Même les concept-cars reviennent au rétro (cf la dernière petite Honda EV, par exemple) mais ça c’est cyclique. Et j’ai déjà parlé de la mode du montant C (voir le schéma ci dessous pour comprendre) en triangle….

En fait, on est de plus en plus dans de la standardisation et lorsque dans les années 80 Ford imaginait des voitures mondiales sans y parvenir, aujourd’hui c’est fait et généralisé à tout. L’autre jour, je visitais Lille et j’ai apprécié la vieille ville pour son architecture….mais ni pour l’ambiance, ni pour les magasins qui sont du copier-coller de toutes les chaines qu’on trouve dans toutes les grandes villes. A coté, le quartier d’affaire ressemblait à La Defense ou le quartier des grandes tours de Londre. En dehors des vieilles pierres pour faire musée, j’avais l’impression d’être n’importe où. J’ai vu ce même mal dans des rues de Pekin ou HCMC où l’on retrouve les mêmes enseignes, les mêmes gimmicks pour attirer le chaland. L’architecture est devenue internationale mais à part pour quelques grands architectes, les projets oublient totalement l’âme de la ville. On fait grand, brillant mais on fait surtout pareil. Les nouveaux centres villes qui se construisent sont des projets copié-collés 100 fois et forcément, il en va ainsi de tout, du Yaourt avec 5 ou 6 marques qui font le même produit jusqu’au dernier film qui reprend des recettes déjà vues aussi chaque année à la même époque. Heureusement qu’à Lille, j’ai quand même trouvé une vraie bonne fromagerie qui affine bien ses fameux fromages du Nord. (Je sais, c’est pas Vegan, mais là, je ne pouvais pas résister!). Là aussi, il faut un peu de temps pour s’apercevoir de cette standardisation gustative, culturelle, …. et rampante. J’ai commencé à 30 ans pour certaines choses… A 40 ans, c’est pire et paradoxalement, ça me donne plus envie de créer que de me désespérer. Il faut juste trouver quelque chose à dire….” Car si tu n’as rien à dire, tu fermes ta gueule!”. Bref, la folie me guette :

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Ecrit le : 04/10/2017
Categorie : reflexion
Tags : age,blog,Culture,lassitude,Réflexion

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