Blog - Suis-je encore un gamer ?
Alors que mon confrère Augier s’interroge sur l’avenir du jeu vidéo, c’est en regardant l’évolution de mes pratiques que je regarde comment le monde vidéo-ludique a évolué.
Derrière le terme “Gamer”, il faut comprendre “Joueur de jeu vidéo” en bon français. Mais aujourd’hui, pratiquement tout le monde joue avec son téléphone, sa console, son ordinateur. On peut dire que de 3 à 99 ans, tout le monde est un “gamer”. Alors on a créé des termes pour classer cela, entre le “casual gamer” ou joueur occasionnel et le “hardcore gamer”, capable de passer des nuits entières à jouer. De ce coté là, je dois avouer que je n’ai jamais été vraiment hardcore, mais je ne suis pas vraiment casual non plus. Avec l’age, la vie de famille, on se retrouve ainsi dans une catégorie intermédiaire, qui n’a pas encore de nom. Mais c’est sur le support du jeu que j’ai évolué.
Si avant-hier je jouais sur PC, j’ai délaissé cette plateforme pour les consoles pour arrêter la course à la puissance… et des défauts inhérents à cette plateforme : valse des pilotes, instabilité de windows, triche des joueurs en ligne avec les patchs, …. Les consoles PS3, Xbox360 ont atteint un niveau graphique et sonore ahurissant, au point que j’en suis resté à cette génération. Car monopoliser l’écran, se couper du monde pour se concentrer sur un jeu quand des chats, des humains ou que sais-je vont s’agiter autour de soi, ce n’est pas évident. Je vois la poussière se déposer peu à peu sur les boites des jeux. C’est vrai que sur cette génération, le jeu en ligne est facilité mais sur certains types de jeu, le comportement humain gâche tout. Je parle des jeux de course, par exemple, ou le zig-zag et “l’auto-tamponneuse” sont légions. Avec le temps, les reflexes s’émoussent aussi, même si je parviens à rester dans une honnête moyenne en général, sur des jeux “mainstream”. Car si à l’époque d’Unreal Tournament je me faisais déjà massacrer par la frange hardcore, c’est toujours le cas sur les FPS qui attirent les plus forcenés des joueurs (mon dernier souvenir est sur Gears of War). Alors je me suis retranché sur d’autres jeux, sur d’autres lieux.
La console portable m’a accompagné depuis la GBA, puis avec la Nintendo DS / DS Lite et un peu la PSP. On peut même jouer en duo, en couple (oui, c’est le cas aussi sur les consoles de salon), progresser de concert sur les RPG. Entre un mario kart, une partie de tarot ou un dragon quest, il y en a des souvenirs avec ces petits objets. Mais aujourd’hui, la DS a une résolution d’écran qui la rend datée. Et ne parlons pas de la GBA que j’ai ressorti pour Advance Wars! Car notre oeil est aujourd’hui conditionné par notre smartphone, cet objet qui nous accompagne partout et permet de jouer quasiment aussi bien que sur console portable, voir remplacer ce qu’on a entre les deux oreilles… Quasiment car les formats des jeux ont changé pour permettre des sessions encore plus courtes que les consoles portables. Aussi, on ne trouve pas forcément des jeux avec autant de profondeur que ceux auxquels on jouaient auparavant. Il reste des jeux premiums pour cela et j’ai passé près de 400 h sur Real Racing 3 où l’on a un mode carrière ou bien le jeu en ligne, asynchrone ou pas. Du fait de cette forte activité, quasi quotidienne, je peux me considérer comme gamer.
Pourtant, lorsque je prends le train, je vois tout le monde avec son smartphone en train de jouer à “Candy Crush”, “Angry Birds” , ou autre gros succès casual. Ils jouent aussi quotidiennement mais on les classe dans les joueurs occasionnels. Pour moi qui ai toujours adoré les puzzle games, avant que ça ne devienne vraiment grand public, cette classification me paraît bizarre. Mais le vrai problème n’est pas là. Car avec ce nouveau public, toute l’industrie du jeu vidéo s’engouffre sur ce type de jeux, oubliant finalement les “gamers originels”, ceux qui sont nés avec un joypad dans les mains. Les jeux se copient les uns les autres et deviennent trop faciles, surtout si on a de l’argent. Et d’un autre coté, on a des jeux orientés hardcore gamers, essayant de retrouver les recettes d’autrefois avec des niveaux de difficulté conséquents, ou bien sombrant dans le mercantile où il faut banquer sévère pour passer des niveaux totalement infranchissables. Je vois que certains de mes collègues blogueurs continuent de jouer sur PC, ou sur des consoles, mais ça a quand même l’air de plus en plus rare (cf ce que dit Augier). Pour ma part, plutôt que des copies, je préfère parfois revenir aux originaux avec des émulateurs ou en ressortant la vieille console. Là aussi, le “retro gaming” est devenu un business. Petit à petit, tous les jeux du passé voient un remake et je m’en fais parfois l’écho ici. C’est devenu générationnel, comme le papa qui retrouve de sa jeunesse en montrant à son enfant comment jouer à ce “nouveau jeu” qui n’en est pas vraiment un.
Alors que je vois l’industrie japonaise du jeu vidéo mourir à petit feu, j’observe aussi que je joue à de plus en plus de jeux programmés dans des pays improbables autrefois : Corée, Chine, Vietnam, Pologne, Inde, …. le jeu vidéo s’est mondialisé et la généralisation d’Android y a aidé plus que tout autre chose. Au point que je ne me sens plus vraiment gamer, mais juste un humain comme les autres. Il n’y a que quand je compare mes scores avec les copains ou collègues, que je m’acharne à les battre, que je me dis que je suis encore un “gamer”… a moins que ce soit le coté compétiteur. Parfois je retrouve ce comportement chez quelqu’un et là, on se dit qu’on fait bien partie d’une “communauté à part”. Au delà de tout aspect marketing, de tous les formatages possibles, il reste quand même des joueurs qui cherchent la perle rare, se passionnent pour un jeu pendant des heures. Je butine parfois, je lâche l’affaire plus tôt qu’avant, rebuté par une difficulté. Le choix pléthorique pousse aussi à cela. Il y en a pour tous les gouts mais il faut chercher beaucoup plus, aller sur les petits plateformes indépendantes plutôt que les gros “market”. Là, je viens de tester une bonne dizaine de jeux android, dont des trucs assez underground. Mais je n’en ai pas gardé…. Pourquoi ? Parce que pour certains, il me faudrait du temps pour m’investir vraiment. C’est peut-être là que je ne suis plus vraiment gamer.