Musique - Myrath - Legacy (2016)
Nous avions laissé notre groupe franco-tunisien dans les sables du désert, il y a quelques années. Les voilà de retour avec un nouvel album qui risque de faire autant de déçus que de nouveaux adeptes.
Car autant l’intro “Jasmin”, rappelle les précédentes productions ou bien encore le magnifique travail de Amaseffer, dans un style mélant aussi musique orientale et metal, autant la suite nous emmène sur des terres musicales nouvelles. Si déjà la production ne souffrait d’aucune critique, cet album est au top à ce niveau. Le superbe “Believer” le montre d’emblée avec un mélange de refrain accrocheur, de musique orientale, de belle mélodie au piano et la voix toujours efficace du chanteur Zaher Zorgati. “Get your Freedom” revient sur un style moins mainstream mais plus metal, limite progressif. Et pourtant le refrain nous tombe dessus et passerait tout à fait en radio, malgré l’utilisation de la double pédale. On hésite entre un Hard rock mélodique et du metal mais on ne peut que reconnaître la virtuosité de l’ensemble. Les 2 ans de retard sont justifiés par le travail présenté. Bien sur, il y a du superflu, dans quelques effets électroniques notamment, mais c’est le genre qui veut ça. Qu’on se le dise, Myrath ne vit pas sur ses acquis. “Nobody’s lives” est par exemple un morceau à l’instrumentation classique sur une construction plus pop-rock qui sied à ravir à Zaher. On l’imagine très bien dans un live symphonique.
Mais à peine a-t-on pris le pli d’une musique plus grand public que le groupe nous sort un titre à l’intro brutale et épique (là on se rapproche du projet Amaseffer, justement). Le groupe reste bien un sacré combo metal qui envoie du lourd. On pourrait tenter la comparaison avec les danois de Pretty Maids capable d’aller dans tous les genres avec talent. A tel point que la qualité du refrain paraît toute nordique. C’est peut-être la principale qualité de l’album qui nous offre des pauses comme “Through your Eyes”, dont la qualité mélodique est certaine et la production grandiose.
Alors évidemment, certains trouveront cela trop grand, trop épique, trop grand public. Toujours cette hypocrisie française….On a pourtant ici un album très ambitieux, qui ose aller où on ne l’attend pas forcément. L’écoute distraite est déconseillée, tant l’œuvre recèle de détails subtils. Myrath n’a pas gommé sa particularité orientale tout en s’ouvrant encore plus à d’autres influences. Et on ne parle sans doute pas assez de la qualité des textes, comme pour “I Want To Die” ou “Duat” où Zaher fait montre de son talent d’interprète. On peut rester plus circonspect sur l’utilisation d’un synthé un peu daté sur ce dernier titre. On se repassera sans doute plus le très punchy “Storm of Lies” au solo dantesque.
Au final, Myrath nous offre un grand album, sans atteindre encore le chef d’oeuvre. Peut-être faudra-t-il trouver la synthèse entre toutes ces voies entrevues ici. Reste que c’est aujourd’hui un des groupes les plus passionnant à suivre, en France ou au Maghreb. Ce n’est pas pour rien qu’on les retrouvera à Istanbul au coté de Epica et Children of Bodom en mai, ou au coté de Symphony X ailleurs en Europe.