Blog - La fin du social
J’avais préparé un billet sur la migration sur Diaspora…et puis en l’écrivant je me suis posé les bonnes questions. *Par dessus celà, s’est rajoutée la réflexion sur la liberté d’expression … et quelques réponses de développeurs dans leur tour d’ivoire sur diaspora…Ce qui m’a amené à la conclusion de cet article. **
Mais revenons un peu en arrière… Myspace, facebook, twitter, diaspora, gnusocial, Ello, j’ai connu dans les débuts, et même la fin pour l’un d’eux. J’en ai vu l’évolution, notamment celle de Facebook, comme le rappelle cet article. Et je me suis désinscrit peu à peu de tous.. sauf deux : Diaspora* et google+, le second tenant plus du mort vivant et n’ayant qu’un intérêt ludique à l’espérance de vie limitée. J’ai cessé d’utiliser ces réseaux comme des superflux RSS (jeu de mot involontaire…). J’ai “rencontré” des personnes qui en valaient la peine, beaucoup d’autres moins. Et j’ai partagé des choses personnelles, ou moins. En rédigeant un billet sur “comment bien migrer sur Diaspora”, j’en suis venu à me demander à quoi ça servait, vraiment, **surtout par rapport à ce que c’est devenu.**
A part être un média de diffusion, cela n’est plus, aujourd’hui, un média social. Il n’y a qu’à voir les publicités et comptes commerciaux à foison, les tags en tête de twitter… Si on peut se rapprocher de personnes par affinités, on peut aussi s’en éloigner plus rapidement par divergences. La nature humaine est telle que c’est la violence et la loi du plus fort qui ressort immanquablement. Sur un des articles précédents, “Robert B” faisait une comparaison bienvenue avec le bistrot et l’ambiance qui y règne. Mais dans les bistrots, tu as les habitués, ceux qui restent dans leur coin, ceux qui sont de passages, les fouteurs de merdes qui viennent toujours se bourrer la gueule avant que ça dégénère, ceux qui considèrent que c’est chez eux, etc…. Sans doute suis-je arrivé à un âge où je préfère aller boire et manger un morceau ailleurs que dans le bistrot. Si j’ai envie de parler avec mes amis, je ne vais plus dans ce bistrot, je les invite chez moi ou je vais chez eux.
Et puis, j’ai envie d’écouter la nature, de manger tranquilement, d’écrire paisiblement. Ce qui fait qu’au bout d’un moment, le réseau social ne m’est d’aucun intérêt, si ce n’était ce fameux ego. Je n’aspire plus aujourd’hui à une quelconque petite renommée. J’ai l’impression d’avoir réalisé ce que je voulais dans certains domaines. Et j’observe aussi que, comme jadis dans les forums, les réseaux sociaux deviennent des conglomérats de clans, de plus en plus fermés. On se replie sur soi, on se crée sa bulle de confort au point de ne plus aller voir que ce qui ne nous froisse pas. La plupart des gens que je connaissais sur facebook ont aujourd’hui verrouillé ou masqué leur compte. La liste des gens bloqués sur twitter s’amoncelle chez chacun. Et puis on finit par s’autocensurer, pour ne pas créer de polémique que l’on aura du mal à éteindre et au final, ne plus parler de rien… Quand ce n’est pas le réseau qui nous l’impose…. Et sinon, on retrouve des trolls chroniques que la médecine n’a jamais vu venir dans un cabinet de consultation, alors qu’ils en auraient bien besoin.
Aujourd’hui, je revendique le fait de ne plus avoir confiance en la nature humaine, dans ce qu’elle est devenue. C’est le fruit d’une époque, d’une recherche continuelle du profit personnel, d’un confort apparent ou d’un bonheur inatteignable. J’ai vu de grandes idées prospérer et être détruites, comme cette idée de réseau mondial, cette idée encyclopédie participative (wikipedia, dont j’aurais l’occasion de parler un peu plus), avec aujourd’hui toutes ces barrières que l’on dresse à travers droits d’auteurs, frontières, brevets….Le réseau devient même une arme militaire aujourd’hui. Cyrille, qui m’a devancé dans la démarche depuis longtemps, parle même d’une opportunité pour le libre, non sans sa pointe d’humour habituelle. L’idée même de réseau social était un hold-up sur des idées antérieures, les mélangeants selon les variantes. Alors que les pays riches détruisent peu à peu les progrès sociaux qu’ils avaient mis en place au siècle dernier, le coté social de ce réseau des réseaux est aussi en train de disparaître à cause de notre nature perverse. Plus la communication progresse, moins on se parle.
Je pourrais développer sur la bataille qui se joue sur la propriété d’internet, sur l’appropriation des ressources par des multinationales dont la côtation en bourse est parfois détachée du réel, de l’humain. Mais pour quoi ? Cela n’intéresse qu’une frange d’individus par rapport à la masse. Aussi, pourquoi aller encore sur Diaspora, dont la progression stagne ou régresse, et dont la fréquentation se retrouve elle aussi polluée par des idées nauséabondes et mortifères. D’ailleurs comme un dev me le conseillait avec véhémence, je suis allé voir la liste des bugs. Je n’aurais pas dû car j’y ai vu l’écueil du libre, le fait que le développement ne soit plus en phase avec le monde réel. On me répond qu’on manque de développeur (désolé, je n’ai pas cette compétence…). On me répond qu’on se fout de l’utilisation mobile alors qu’en France c’est 57% du trafic internet et bien plus dans les marchés émergents. Avec de telles oeillères, avec un oublie de la satisfaction du client (l’utilisateur lambda, qu’il soit éclairé ou pas), on en arrive à cette situation de gachis (bien vue aussi par Thierry Crouzet. On oublie finalement… le social, et on oublie d’anticiper ses mauvais côtés en vivant dans une utopie.
Je n’ai pas goût à contempler cela et préfère revenir, pour conclure cette année, à mon calme, mon petit chez moi. Terminé donc framasphère ou autre pod diaspora*, comme avant twitter, facebook, instagram, …. Et qu’on ne me parle pas d’aller ailleurs non plus. Croyez-moi, on vie très bien sans tout cela….mais ça je crois que beaucoup l’ont compris.
ps : Et comme je rapatrie peu à peu mes meilleurs articles d’Histozic (ainsi que de vieux articles sur le cinéma ou la BD), autant terminer en musique avec le plus grand groupe de hard rock français.