Musique - Cheap Trick - Bang, Zoom, Crazy ... Hello (2016)
Rares sont les groupes à garder autant de fraicheur après 40 ans de carrière. Mais quand on n’a plus rien à prouver, on garde peut-être son âme d’adolescent ?
Car Cheap Trick est à part avec ce mélange si particulier de pop anglaise façon Beatles et de Hard Rock. On a vu par le passé comment l’alchimie fonctionne dans le groupe avec d’un coté le compositeur virtuose Rick Nielsen et son look d’éternel ado et le remarquable chanteur Robin Zander et son pouvoir de séduction. Mais après tant d’années, on pouvait se dire que l’on ne se ferait plus piéger par les sorciers de Rockford. Raté !
Est-ce la présence depuis 2010 du fils de Rick, remplaçant le facétieux Bun E. Carlos? Il y a comme un coup de jeune dans cette formation. Ne serait-ce que ce départ sur les chapeaux de roue dans un Hard-Rock très ZZTopien, dans ce “Heart of the line” (qu’on connait aussi sur le Sahara de House of Lords, le morceau étant de Rick Nielsen)? Le sens du refrain de Rick fait le reste avec la voix de Robin, toujours aussi à l’aise dans les cris, la puissance que dans la douceur. Après ça, on s’attend au syndrôme du soufflé. Alors c’est vrai qu’on revient à un titre très classique, “No Direction Home”, mais c’est immédiat, on se prend à chanter, comme un bon album de Mc Cartney ! Ce n’est pas pour rien que le groupe est parmi les plus respecté de ses pairs du Hard Rock (et le plus injustement ignoré en France ! ). On trouve même un coté Bowie dans ce “When I Wake Up” qui conserve cette touche Hard mid-tempo sous des dehors de balade. Car Cheap Trick reste un groupe de Rock N’Roll et s’amuse toujours autant sur scène. On le ressent à travers le très Kissien “Do You Believe”. Que dire avec le rétro “Blood Red Lips” sinon qu’on a envie de chanter, applaudir devant un tel hit en puissance. On pense ici à The Sweet. Et il subsiste un coté nostalgique dans cet album, comme pour “Sing my Blues Away”. Le goût de la belle mélodie reste toujours là et on se demande combien de titres de ce genre Rick et ses amis gardent dans leurs archives. Les titres sont courts, percutants, et on retrouve même la reprise d’un titre de 1964, “The In Crowd” de Billy Page, remis totalement au goût du jour, après la version de Bryan Ferry dans les années glam. Mine de rien, on ne s’est toujours pas ennuyé sur cet album !
Et ça continue avec un “Long Time No See Ya” et son riff très stonien. Ca part un peu dans tous les sens avec Rick et c’est justement ce coté imprévisible que l’on aime. Imprévisible mais carré… Car il faut pouvoir nous sortir des titres chantés comme “The Sun Never Sets” avec ses chœurs imparables et la voix de velour de Zander, décidément trop sous-estimé. A défaut d’originalité, ça reste typique du groupe. Et ce qui paraît facile à l’écoute est pourtant si difficile à créer. Prenez ce dernier “All Strung Out” qui sonne très glam période T Rex, Roxy Music. L’arrangement pourrait très bien évoluer vers quelque chose de plus hard rock ou rester plus pop que ça en resterait toujours une bonne chanson où l’on tape du pied. Tant et si bien qu’auu bout de 11 titres, on laisse tout ça en mode “replay” encore et encore.
C’est comme si cet album avait été un classique tant il paraît nous avoir déjà accompagné depuis des années. Ce n’est pas le Cheap Trick du siècle, sans doute, mais quel niveau tout de même.