Musique - Ane Brun - When I'm Free (2016)
Rares sont les chanteuses scandinaves à poursuivre une carrière solo internationale. Ane Brun présente son 7ème album, When I’m Free, montrant un talent qui ne demande qu’à être plus connu du grand public.
Pour cette chanteuse norvégienne native de Molde, la musique fait partie de la vie avec des parents musiciens professionnels. Mais encore fallait-il qu’elle trouve sa voie, entre pop et folk avec sa guitare et sa seule voix. Car Ane Brun, c’est d’abord une voix qui n’est pas sans rappeler la grande Kate Bush, un peu haut-perchée, avec un léger vibrato, beaucoup de nuances et de musicalité. Depuis son premier album sorti en 2002, elle n’a cessé de prouver son talent, reconnu d’abord dans son pays, mais aussi à travers l’Europe. De la simple guitare-voix à un orchestre plus complet, elle a exploré différentes voies musicales, mêlant les univers. Elle a rencontré de nombreux artistes de renom, de Syd Matters à Peter Gabriel. Est-ce de cette liberté dont elle veut parler dans ce “When I’m Free”, millésime 2015 de l’artiste ?
Une chose est sure, la folk s’est éloignée tout en gardant de cette chaleur et cette intimité si caractéristique. Elle sait installer une ambiance en quelques mots avec sa voix enjôleuse comme dans “Hanging” dont la simplicité mélodique est magnifiée. Certains pensent à Joni Mitchell, notamment quand sa voix prend des accents plus graves. Mais musicalement, l’album prend des chemins plus tortueux, entre musique électronique et arrangements plus baroques, comme dans “Black Notebook”. Le point commun reste qu’on se laisse totalement embarquer, même sur un beat lourd et basique avec une ligne de basse (You lit My Fire) où elle montre son aisance sur des titres soul et jazz. On pense aussi à une cousine islandaise sur un titre comme “Directions”. Sa voix y devient plus fragile, presque polymorphe sans faire perdre de l’homogénéité à l’album.
L’inventivité est totale à chaque titre, comme ce très oriental et électronique “Shape of a Heart” où on l’entrevoit dans un trip-hop épuré. Epuré, c’est le mot qui lui convient le mieux, tant sa voix se suffit de quelques instruments comme pour “Miss you more” ou “All we want is love”, petits chefs d’oeuvre de tendresse. Mais elle ne cesse de nous étonner par sa classe et son aisance, comme “Still Waters” qui montre qu’elle est largement l’égale de chanteuses comme Adele, ou autres divas du moment.
Que manque-t-il à Ane Brun finalement pour la consécration ? Peut-être cet album finalement qui semble explorer plus de chemins musicaux que par le passé sans la perdre sur des voies sans issues. Qu’on se le dise, Ane Brun est une des plus grandes chanteuses du moment.