Musique - Anakronic Electro Orchestra - Anakronic Krakauer (2016)

Lorsque l’ancestrale musique Klezmer rencontre la musique électronique, le mélange ne peut qu’être détonnant !

Il faut rappeler d’abord que la musique Klezmer est une musique indissociable des juifs ashkénazes d’Europe centrale et de l’est. Plutôt dansante et rythmée, elle allie souvent le violon, la clarinette, la flute ou encore l’accordéon. Elle se veut aussi le vecteur de transmission d’une histoire, chantée souvent en Yiddish. Mais elle tombait vite dans le cliché, avant que des musiciens comme le clarinettiste new-yorkais David Krakauer ne tente de la moderniser.

Car David Krakauer est un touche-à-tout. Aussi à l’aise dans le classique, que dans le jazz ou le rock, il a su explorer la richesse de la musique pour refonder son propre Klezmer. C’est pourtant en France qu’il a fait la rencontre des musiciens d’Anakronik Electro Orchestra, après avoir participé à des groupes comme The Klezmatics, dans les années 90, ou Klezmer Madness. Anakronic, c’est avant tout Michael Charry, suite à une rencontre avec Krakauer et Josh Dolgin (So Called). Il est rejoint par Ludovic Kierasinski , avec qui il produit et batit ce groupe d’electro qui s’inspire aussi de musiciens comme Amon Tobin ou Aphex Twin dans l’expérimentation musicale. Nos toulousains sont accompagnés par Pierre Bertaud du Chazaud à la clarinette et Ghislain Rivera à la batterie. Ils sortent en  un premier album, Speak with Ghosts, suivi d’un second,  Noise in Sepher, où le Klezmer est déjà modernisé. Il s’intéressent à des sons plus “urbains” dans le troisième album, Spoken Machine, avant de revenir à un son plus électronique dans cet Anakronik/Krakauer avec leur inspirateur de clarinettiste.

Immédiatement on est happé par cette ambiance Klezmer moderne qui mèle des dissonances électronique au son de l’accordéon de Vincent Peirani, ou encore de la clarinette de David Krakauer dans ce qui aurait pu être un boeuf improvisé mais qui montre vite une réelle structure. Le groove, la rythmique endiablée s’installent pour ne pas nous lâcher. On s’aventure dans des sons plus atmosphériques, non sans rappeler le Vangelis de Blade Runner, le tout mélé à une inspiration jazz à la Sidney Bechet, autre grand de la clarinette. Mais le rythme peut se faire plus binaire et haché comme dans “Daidalos” où le son de clarinette paraît presque issu d’un synthétiseur. Le son est plus sombre et s’adapte parfaitement à la voix profonde et au flow de la rappeuse Taron Benson. Le Klezmer n’est pourtant jamais loin … de l’East River. On respire dans une Valse mélancolique, avant d’être pris dans un déluge de bips électroniques que la clarinette de Krakauer tente de combattre. Et là encore, le Klezmer reste et finit par l’emporter. Même le son parfois plus rock d’Elektric Bechet ne peut l’empêcher de s’exprimer dans ses aigus. Taron finit par nous faire nous balancer en rythme, comme dans une trance. On remixe même du Bill Laswell (Bassiste notamment d’Herbie Hancock ou John Zorn) sans que cela ne paraisse déplacé. Et la surprise finale est à la hauteur du reste de l’album….

Voilà donc un album totalement déroutant mais très cohérent qui montre la richesse des métissages musicaux. David Krakauer ne cesse de surprendre et a trouvé avec Anakronic les partenaires idéaux pour prolonger le Klezmer mais aussi faire vivre la musique, tout simplement.

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Ecrit le : 11/07/2016
Categorie : musique
Tags : 2010s,electro,jazz,Musique,

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