Culture - Radio Gaga
Ce n’est pas le fan de Queen qui va parler mais un auditeur de radio lambda qui s’exprime. Si je me penche sur mon comportement d’auditeur depuis mon adolescence, j’ai parcouru pas mal d’ondes de la bande FM. Et j’ai vu beaucoup de changement de politiques de la part des radios. Il faut dire aussi que j’ai connu les années 80 (ouah, le vieux !) et donc le début de la FM française, les expérimentations les plus foutraques et l’évolution vers la radio commerciale comme on la connait aujourd’hui. Et c’est bien là que le bas blesse.
Aujourd’hui, une radio FM c’est un truc bien calibré, avec une cible bien définie autant par le style musical que par l’âge de l’auditeur. Et en fonction de cela on a un panel représentatif, une grille, une playlist. Qu’importe si un jour Skyrock passe du pop-rock au rap puis à la Dance. Qu’importe si Le Mouv change de nom et oublie le rock pour le RnB commercial. Il faut garder sa cible et donc évoluer avec elle…ou plutôt non, ne pas grandir avec elle mais répondre aux besoin des annonceurs qui eux s’alignent aussi sur cette cible. Il suffit d’écouter les publicités sur les radios pour bien comprendre qu’elle est la cible définie : Trentenaire, Adolescent, Cadre d’entreprise, etc… Sur les radios musicales, tout reste bien bordé. Sur les radios généralistes et d’information, on coupe cela en tranche horaire avec surtout celle cruciale du matin, le 6-9, quand on se réveille, qu’on va au boulot, etc…
Le problème dans tout cela, c’est qu’on retrouve des stéréotypes identiques de radio en radio avec des playlists de plus en plus courtes et déjà prémachées par des études marketing et des préselections des majors. N’espérerez donc pas découvrir de nouveauté extraordinaire car vous aurez déjà droit à la campagne de pub pour l’artiste en question un peu partout. Il est bien fini le temps où c’était l’animateur radio qui bossait sur une playlist, allait à la découverte d’artistes etc… Enfin, si ça existe encore mais ailleurs. Et pour les genres musicaux, on ne trouve que des choses bien aseptisées genre pop-rock-electro, variété, rap et dance commerciale, et ce qu’on appellera polîment rock. Oubliez les extrèmes, les musiques expérimentales… Les seules exceptions sont le jazz et le classique qui sont bien rangés à part. Pas de metal, même symphonique, pas de hard rock même mélodique alors qu’un public conséquent existe, cf la popularité du Hellfest. Cela date d’il y a bien 15-20 ans déjà et n’est pas près de s’arranger. L’exemple du rock est symptomatique : Les seuls radios qui se labelisaient ainsi étaient Le Mouv (groupe Radio France) et Oui FM. La première vient de se suicider en s’appelant Mouv et en changeant de cible. Le seconde s’est ringardisée depuis la reprise en main d’Arthur pour vieillir son auditoire à coup de « classiques » consensuels et de nouveautés pas trop violentes ou bénéficiant d’un buzz bien organisé par des spots de pub. La radio a la mémoire courte et et les « classiques » sont souvent amputés de quelques solos pour rentrer dans le format de 3minutes30 en RadioEdit.
Oui, le vrai boulot d’animateur, qui n’est pas celui d’un amuseur public, il se fait encore dans les radios locales, celles qui n’ont pas d’argent, qui n’intéressent pas les majors. C’est là qu’on parle des petits groupes et artistes locaux, des concerts et spectacles dans des petites salles désargentées. C’est là qu’on trouve encore quelques passionnés capable de parler 2 heures durant de musique sans nous ennuyer. C’est là qu’on peut apprendre et non être simplement distrait. Et il reste également les décrochages régionaux de Radio France, alias France Bleue, du moins avant que la nouvelle direction veuille peut-être faire un peu de ménage pour rentabiliser tout ça. On peut rajouter encore Nova et FIP, quelques spécialistes sur des radios thématiques que certains appellent maintenant « communautaires » essentiellement parisiennes, et le tour est vite fait.
Mais la Radio est en mutation avec Internet (ou oubliera la radio numérique terrestre bien mal partie). Là on peut trouver un choix plus large de musique mais c’est plus compliqué niveau animation. Rares sont les émissions réellement animées et c’est plus souvent une playlist thématique dont le seul intérêt est d’être différente de ce que l’on rencontre sur les ondes. Quelques radios locales trouvent un plus large auditoires grâce à cela et je repense à Paranoid sur Radio-Campus Dijon par exemple qui était un des plus beaux exemples de ce que pouvait apporter la radio en découverte et chronique musicale. Vince a depuis arrêté tout ça car cela prend beaucoup de temps. Avec les smartphones, le paradoxe est d’avoir un choix énorme de stations du monde entier, d’applications associées comme Tune In par exemple et pourtant on peut tomber aussi dans les même stéréotypes. La radio peut être aussi remplacé par les sites de streaming comme Deezer ou Spotify, sites qui s’orientent aussi vers une domination des majors qui trouvent un débouché à leurs produits. Reste alors d’autres sites indépendants où il faut être curieux, mais là, j’en parlerai dans quelques temps. En attendant, ouvrez bien vos oreilles et soyez curieux.