Web - De l'outil social

Je ne pense pas faire le tour de la question dans cet article puisque ma réflexion sur le sujet est en cours. De nombreuses questions fusent du coté de l’utilité et de l’utilisation d’un réseau comme Diaspora. La variété d’outils dits “sociaux” donne évidemment autant de variété dans les réponses.

L’outil est créé dans une certaine vision du “créateur, une idée initiale et initiatrice. Mais en ouvrant et offrant son outil à l’extérieur, il permet à celui-ci d’évoluer par l’appropriation de l’utilisateur. Selon les cas, l’évolution est dirigée par le créateur ou par des demandes utilisateurs. On peut y voir un parallèle avec la politique entre une dictature et une “démocratie”, les utilisateurs n’étant pas tous force de proposition. Si l’on prend l’exemple du plus gros réseau social actuel, Facebook, on peut voir qu’il y a eu une idée : créer un réseau d’ami basé sur nos rencontres puis le développer en allant au rang N+1, +2 selon des affinités, etc… Le partage est passé du texte et de la photo à d’autres médias mais le créateur a orienté son produit à son propre profit en marchandisant ce qui s’y échange puis en changeant totalement la notion de partage (avec le passage tant décrié au mode journal). Si l’on prend l’idée intiale de Diaspora, c’était de ne plus avoir un réseau social centralisé mais disseminé en pods. Pourtant, l’idée initiale restait tout de même proche de celle de Facebook, à savoir un partage entre amis puis entre affinités. Le développement d’un outil similaire est pourtant très différent ce qui fait qu’un utilisateur de Facebook peut ne pas retrouver ce qu’il recherche en diaspora.

De la même manière, on peut observer ce qu’est devenu l’idée du simple partage de photographies, que l’on rencontre chez google à travers picasaweb/google+, chez Yahoo/flickr, mais aussi chez 500px ou autre plateforme plus spécialisée, tout autant que chez facebook, tumblr, pinterest, instagram…De l’idée de partager ou héberger une photo, on s’approprie l’outil. Ainsi flickr a commencé par la photo, a développer le social par les commentaires, les contacts, les groupes sans que cela fonctionne véritablement. En augmentant sa dimension de stockage, il se retrouve à être plus un espace de stockage à la dropbox, perdant des spécialistes de la photo parfois, sans être aussi simple dans le social qu’un instagram. Picasaweb a perdu pour sa part l’attractivité du stockage bien maitrisé en ouvrant cela au réseau social qu’est google+. Ce sont ici les créateurs qui ont choisis ces approches mais les réactions des utilisateurs ne sont pas forcément celles attendues.

Comme je le disais en quittant mon ancien blog , il y a un autre aspect à ne pas négliger dans le social, c’est l’égo de l’utilisateur. Lorsque quelqu’un met les photos du petit dernier de la famille en train de jouer, que cherche-t-il ? Il ne donne pas forcément une information utile à ses “amis” mais recherche le compliment, matérialisé par le “j’aime”, l’étoile, le +, … Lorsque j’écris cet article, à destination d’un public indéfini, est-ce que je ne recherche pas quelquepart une satisfaction personnelle qui va au delà de la réflexion que j’espère provoquer autour du sujet. Le “réseau social” joue de ce coté que j’appelle égocentrique de l’humain et qui peut, dans des cas extrèmes, devenir aussi pervers qu’une drogue. J’en connais même qui ont écrit des bouquins et des chansons là dessus… Et si l’on revient sur le cas de Diaspora, il faudrait y distinguer plusieurs types d’utilisateurs, puisque le réseau est constitué de “créateurs/administrateurs”, de “lecteurs” et d’“éditeurs”, pour reprendre des termes familiers du monde informatique. D’un Pod A à un Pod Z, il y a une multitude de raison d’avoir créé un pod et la difficulté de le faire oriente déjà quelque peu le profil des “créateurs”. Est-ce par défi, par esprit de liberté, par bénévolat désinteressé ou pour d’autres raisons? Comment est peuplé le pod ? Par des amis, des connaissances glanées via d’autres plateformes ou médias, par exemple des forums spécialisés. Je doute qu’un admin de pod le fasse uniquement pour lui même, sans aucun autre utilisateur que lui. La plateforme diaspora étant libre, il reste alors possible d’ouvrir ou fermer des possibilités, de modérer ou pas de manière intrusive, en théorie, ceci étant aussi à la “liberté” du créateur/administrateur.

Mais au final, dans tout cet aspect social, il n’y a rien de bien nouveau par rapport à ce qui se faisait aux débuts de l’internet grand public via des forums. Du généraliste au spécialiste, ils étaient finalement proches de pods, sans l’interconnexion. On y tissait des relations, on se créait un “personnage” même si le véritable nom était utilisé, on avait un rôle, de l’utilisateur à l’admin en passant par le modérateur et on y laissait plus ou moins de liberté. Là encore, ce n’était qu’un outil, dirigé dans sa fonction par un groupe d’individus plus ou moins restreint. Aussi, pour revenir à Diaspora* et tout autre moteur “social”, l’utilité est ce que l’on veut et importe peu. Il reste à l’utilisateur à trouver ce qui lui correspond le mieux, ce qui est valable aujourd’hui n’étant pas forcément valable demain. En effet, l’outil reste mais la fonction évoluera autant que l’état d’esprit de ses utilisateurs. La liberté est justement aussi dans la possibilité de rester dans Diaspora tout en changeant de pod.


Ecrit le : 28/04/2015
Categorie : geek, reflexion
Tags : facebook,flickr,Geekeries,histoire,internet,réseauxsociaux,twitter

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