Environnement - Indonésie, encore un pays ravagé par notre consommation
L’Indonésie est un pays trop souvent ignoré, malgré de réels intérêts touristiques. Et il ne fait même pas l’actualité quand il le devrait… Exemple avec des incendies qui ravagent le pays depuis Juin 2015.
Les incendies ont commencé dans les provinces de Sumatra et Kalimantan (Bornéo). Ils sont monnaie courante dans l’archipel avec le recours à la culture sur brulis et à la déforestation galopante. Cette déforestation vise essentiellement à étendre la culture de la Palme, pour la production de l’huile de palme dont le pays est le premier producteur mondial. Malgré l’illégalité, ces pratiques continuent et cette fois, les incendies sont devenus incontrôlables. Les conséquences pour les humains sont majeurs avec des intoxications de dizaines de milliers de personnes, des fermetures d’école, des perturbations de lignes aériennes, la chute du tourisme dans ces régions. Mais écologiquement, c’est aussi un désastre. L’ile de Borneo, par exemple, possède une biodiversité remarquable, avec des dizaines de milliers d’espèces dont certains ne sont probablement pas encore connues. L’Indonésie est parmi les 10 pays possédant le plus de richesse en biodiversité.
Malheureusement, cette richesse ne rapporte pas autant que l’huile de palme ou le pétrôle. Avec une balance commerciale excédentaire, l’Indonésie exporte beaucoup vers le Japon, la Chine, les Etats-unis, en faisant le 27ème exportateur mondial selon la World Trade Organisation. Cet appât du gain ne peut faire ignorer que c’est bien notre consommation qui pousse à cette course sans fin. C’est bien la consommation abusive d’huile de palme qui pousse à la déforestation dans un pays en proie au chômage depuis les crise. On peut critiquer le gouvernement indonésien de jouer un double jeu, de refuser l’aide internationale pour lutter contre les incendies, mais il y a encore quelques mois, la France venait rassurer ce pays quant à la consommation d’huile que nous allions continuer à faire. De manière réaliste, cesser de consommer sans proposer une autre voie à l’Indonésie, c’est aller aussi dans l’erreur. Le pays a besoin d’exporter mais aussi de cultiver ce dont il a besoin. Sa forte dépendance aux marchés des pays développés en a fait le pays le plus touché par la crise de 2008. C’est donc à la fois un modèle économique à revoir (merci le FMI…) et notre consommation à repenser.
Un autre exemple de notre influence sur ce pays est la catastrophe de Lusi, sur l’ile de Java. Depuis 2006, un volcan de boue n’en finit pas de détruire toute vie dans un cercle de plus de 200km. Ce sont toujours 10 000 m3 de boue qui s’écoulent chaque jour (180 000 m3 à son pic d’activité). Et tout ça pour quoi ? Pour un forage de gaz qui a mal tourné dans une région connue pour sa forte activité volcanique et sismique. Le forage a provoqué un afflux d’eau et un séisme à plus de 250km de là a augmenté le phénomène jusqu’à la rupture. Un rapport scientifique international de 2008 a statué sur ces faits et la compagnie d’exploitation indonésienne a été condamnée à dédommager les victimes….humaines. Car évidemment, la région est dévastée, les espèces animales et végétales détruites. Les scientifiques pensent que l’éruption devrait se terminer en 2017, laissant des dizaines de milliers de personnes sans ressource et un paysage lunaire. L’aide financière, ponctuelle, apparaît insuffisante pour la durée.
Ces deux cas montrent la forte dépendance de l’Indonésie, comme tant d’autres pays, à notre consommation. On peut voir l’Indonésie comme un pays polluant, peu conscient des intérêts écologiques. Mais a-t-on réellement laissé le choix en le poussant sur la voix d’une production tournée exclusivement vers l’exportation avant sa propre survie? D’autres pays dans le monde souffrent de cela dans l’indifférence, sans que cela se caractérise par de telles catastrophes écologiques. L’interdépendance économique est devenue telle que la spécialisation des pays conduit à des drames. C’est bien vers une mondialisation réfléchie et solidaire qu’il faut aller et chacun peut y participer.