Musique - Francis Cabrel - In Extremis (2015)
Nous nous étions fait la promesse de parler de ce tant attendu nouvel album de Francis Cabrel. Mais il faut parfois prendre le temps de l’écouter, de le digérer, d’en parler…
Histozic n’a jamais été porté sur la course à la nouveauté, les modes….finalement un peu comme Francis Cabrel qui prend le temps de faire ses albums avec un son bien à lui, en dehors du temps. Après quelques semaines d’écoutes, nous avons appris à apprécier ce nouveau Cabrel, édition 2015. Car notre sudiste a encore beaucoup de choses à dire, contrairement à pas mal de chanteurs de sa génération…et même de l’actuel. A commencer par ce qu’il dit dans “Dur comme fer”, qui ouvre l’album. Nous vous en laissons la surprise et l’interprétation…
Un album de Cabrel, ça s’écoute, ça s’entend, ça se vit. Et dans ce “In Extremis”, il n’y a pas forcément de surprises musicales, dans le sens où le son reste typiquement “Cabrel” avec des sonorités folk, un peu country parfois, quelques cordes frottées plus que pincées et grattées. Il y a cette poésie des mots, des silences, comme ce qui transpire de “A chaque amour que nous ferons”, superbe déclaration d’amour. Il y a cette invitation au voyage, géographiquement comme temporellement. “Le Pays d’à Coté” remplit parfaitement cette mission avec ses choeurs africains, tout autant qu’ “Azincourt” pour le temps. Mais on peut aussi taper du pied sur des mélodies savamment rythmées, avec “In Extremis”, tout en prêtant l’oreille à des textes finement ciselés au mot près.
Qu’on se le dise, Cabrel n’est pas de ces vieux chanteurs qui parlent du passé, qui se regardent plutôt que de regarder autour d’eux. Il le fait si bien avec “Dans chaque coeur”. Sa voix est épurée avec juste le son de la guitare ou d’un Dobro, ce qui contribue à mettre en valeur chaque mot, chaque phrase. Bien sur, il y a sans doute moins de hits en puissance que d’autres albums précédents. On peut s’interroger sur le traitement de la voix sur “Partis pour rester”, même si le refrain fait mouche en hantant nos silences. Mais qu’importent les détails… On aime le Cabrel qui nous rappelle Mandela, qui nous rappelle les causes qui sont aujourd’hui menacées. Car s’il parle parfois du passé, c’est pour nous rappeler le présent et l’avenir. Il sait raconter des histoires mieux que personne, aux “rares qui écoutent…. la voix du crooner”.
Qu’il est réjouissant de retrouver un Francis Cabrel a ce niveau après tant d’années et quelques projets parallèles où l’on aurait pu le perdre. Il reste l’incontestable valeur sûre de la musique française mettant autant en valeur mots que mélodies. Un talent rare, si rare…. Et qu’est ce qui rime mieux avec “In Extremis” que Merci?