Musique - Eurythmics - Sweet Dreams (1983)
Si Annie Lennox n’a pas droit à un article pour elle seule, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais il faut croire qu’elle est indissociable de son ancien compagnon Dave Stewart.
Annie Lennox et Dave Stewart formèrent dans les années 80 un des duos les plus prolifique de la pop anglaise. Eurythmics n’aurait jamais été ce qu’il était sans cette grande voix, cette personnalité mais aussi le talent de compositeur de Dave, ce qui manqua justement ensuite à Annie. Mais il ne faudrait pas oublier qu’Annie aussi eut sa part dans la création et l’écriture de ces hits, signés à deux. L’histoire commence comme souvent par une rencontre, celle de deux talents : Annie, l’écossaise qui étudiait la musique à la Royal Academy of Music de Londres et Dave, le natif de Sunderland qui tentait de vivre de sa musique, avant de rencontrer celle qui allait devenir sa compagne de l’époque. Ils fondèrent le groupe The Catch qui devint The Tourists. Mais ce n’est que lorsque la vie les sépara sentimentalement que la musique leur donna le succès sous le nom d’Eurythmics en 1980. Enfin, pas tout de suite car le premier album, In The Garden, en 1981 n’avait pas encore trouvé la bonne recette pour canaliser leur créativité. Ce n’est qu’avec le troisième single “Love is a stranger” du deuxième album sorti en 1983, que les ventes décollent d’abord timidement avant le carton avec le titre éponyme : “Sweet Dreams”
Mais Eurythmics, ce fut aussi une image, celle d’Annie et son look androgyne, sa voix si particulière aussi à l’aise dans les graves que dans les aigus, comme par exemple sur “I’ve got an Angel”, véritable démonstration de son talent vocal. Si les instruments électroniques dominent dans cette production, on retrouve un mélange de son new wave avec des rythmiques plus funky comme pour “Wrap it up” (normal pour un titre d’Isaac Hayes). Mais le vrai son Eurythmics est fait de ces ruptures d’octaves d’Annie sur un fond électronique qui déforme presque sa voix. On retrouve cela sur “Love is a Stranger” bien sur mais aussi sur le single “The Walk” qui mettra du temps à s’imposer, succès de l’album aidant. On retrouve alors le soutien de chœurs masculins à la voix d’Annie, autre marque de fabrique du duo. Dave Stewart y montre ses talents de production mais aussi d’expérimentateur, les contraintes de leur installation les ayant obligé à faire des miracles.
“Sweet Dreams” est un exemple parfait de cela avec la voix d’Annie qui monte dans les aigus et les graves alternativement sur un fond de synthé granuleux et répétitif. Le léger vibrato naturel d’Annie fait merveille pour répondre aux vibrations électroniques tandis que la boite à rythme claque basiquement sa batterie. Mais Annie démontre aussi tout le potentiel de sa voix sur des titres plus lents et intimistes comme “Jennifer”. Ils expérimentent sur “This is the House” ou “Somebody Told Me”, donnant tout le caractère de l’album avec une froideur caractéristique, en opposition avec la chaleur naturelle de la voix d’Annie. Et c’est dans une curieuse ambiance urbaine que l’album se termine. Le Duo est déjà passé à autre chose avec un rythme forcené de 1 album par an.
S’en suivent Touch et 1984, puis Be Yourself Tonight. Le groupe quitte peu à peu les instruments électroniques pour un son plus traditionnel. Et finalement, la créativité se dilue, Dave Stewart produisant en plus pour d’autres, tandis qu’Annie est attirée aussi par le cinéma. Mais la mode a aussi changé et les ventes déclinent. Chacun se marie de son coté et l’inévitable arrive : Une séparation officieuse avec les albums solos d’Annie Lennox (Diva) et de Dave Stewart et ses Spiritual Cowboys. En 99, sortira la dernière production conjointe du duo : Peace. La paix a été sans lendemain. Dave Stewart continue son travail de producteur tout en explorant le blues. Annie conserve une certaine aura sans avoir pu convertir cela par un succès monumental. Elle obtiendra pourtant de multiples récompenses pour sa chanson “Into The West” qui apparaît dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson.