Géopolitique - Coupe de l'Euro, Grece 0 - Eurogroup 1
Dans le match déséquilibré entre la Grèce et le reste de l’Europe des finances, la première mi-temps a été remporté sans surprise par les puissants. Mais attention aux prolongations et au match retour.
Comme dit dans un précédent article, Tsipras avait déjà perdu et jouait un coup de poker avec son referendum. Mais qu’importe la voix du peuple grec pour les ministres des finances. Ceux-ci n’entendent rien à l’expression populaire et parfois si peu au fonctionnement de l’économie réelle. Comme le dit l’ancien ministre grec Yanis Varoufakis dans une interview, nous sommes ici dans un fonctionnement anormal de l’Europe avec une instance sans existence.
Face à un mur comme l’Eurogroup, Tsipras n’avait aucun autre choix que de partir (comme l’exige apparemment le ministre allemand des finances contre l’avis même de sa chancelière) ou de se plier aux exigences totalement absurdes d’un Eurogroup et d’un FMI naviguant à vue. En effet, le bon sens aurait voulu qu’un premier train de mesures fortes soit rapidement mis en place en attendant la négociation d’autres points. Il n’en a rien été, l’Eurogroup exigeant un accord d’ensemble, évidemment plus long à mettre en place, voir impossible. C’est en réalité parce que dans ce groupe des ministres des finances réglé par l’Allemagne et ses alliés, il n’y a pas de ligne directrice, de négociation mais juste une validation possible. Autrement dit, nous sommes face à un diktat, dans le but caché de décourager aussi d’autres candidats à la rébellion (Portugal, Irlande, Espagne, Italie, ….)
Comment une telle instance peut-elle exister ? Ou ne pas exister, puisqu’aucun document ne la décrit….? Tout simplement parce que l’Europe a été construite de manière bancale depuis des décennies et que le traité de constitution ne réglait déjà rien en ce domaine. Le traité de Maastricht était déjà faillible dans ce domaine en ne demandant pas une convergence des réglementations fiscales, sociales en les tirant vers le haut et non vers le bas comme c’est le cas actuellement. Aussi peut-on s’étonner aujourd’hui d’entendre les discours d’un François Hollande ou d’un Alain Juppé plaidant pour de telles instances que beaucoup réclamaient depuis bien avant 1992. A l’époque ils nous répondaient “plus tard”, sans comprendre que le danger de la situation était justement dans l’écart qui allait se creuser entre les pays membres jusqu’à ce que certains ne veulent plus s’embarrasser des plus faibles.
Tsipras a donc plié. Il doit maintenant faire mine d’appliquer l’accord, le même qui a été refusé par un vote populaire. L’erreur est d’avoir affaibli un homme, honnête ou pas, qui avait réussi à composer un certain consensus et à garder un espoir dans une société grecque aux abois. Sans doute dans l’espoir de voir d’autres mouvements de gauche disparaître dans d’autres pays. Mais quand l’espoir disparait, par quoi est-il remplacé ? C’est bien la question qui se pose aujourd’hui dans cette Europe en panne de solution. A l’heure où la pauvreté augmente chez le leader allemand, ou chez le pseudo-opposant français, il est bien tard pour cette prise de conscience de manque d’institutions et pour les créer avec d’indescriptibles lourdeurs. En caricaturant, on dira que ce sont des réponses de technocrates.
Au contraire, tant qu’ à se servir de la Grèce, ne serait-il pas intéressant d’en faire le laboratoire d’autres solutions. De brillants économistes (non non, pas DSK, le fossoyeur de la Grèce lorsqu’il était au FMI…) de tous horizons ont plaidé pour cela, pour des solutions de sorties. Et en cela, ils pourraient être l’objet d’un intéressant coaching dans cette Europe mise sous coupe d’un Euro, pour que non seulement la Grèce gagne mais aussi l’Euro…pe.