Cinéma - Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman (1957)

Tourné après le Septième Sceau, ce film de Bergman y a quelques points communs, alors qu’il se passe cette fois dans la Suède d’alors…“

Le film s’ouvre sur Isak Borg, un vieux professeur qui fait le bilan de sa vie dans son bureau avant de recevoir un prix. Il vit seul avec une gouvernante et son fils ne peut avoir d’enfance. Sa femme est morte. Mais après un rêve où il voit la mort, il veut se rendre en automobile à sa remise de prix. Sa bru l’accompagne et il en profite pour passer dans un lieu de son enfance…qu’il revoit en rêve, avec notamment son premier amour, Sara. Peut-être son seul amour…

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S’en suit alors une sorte de road movie un peu mystique. Car avec Bergman, la religion n’est jamais loin. Elle est ici au coeur de beaucoup des interrogations, voire des interrogatoires. La vénérable automobile est qualifié d’arche de Noê et on voit bien que l’enfance de Isak est aussi empreinte de religion. Comme dans le septième sceau, la place de la mort est encore prépondérante, puisqu’elle semble avoir motivé ce voyage. Il y a aussi la mort de la femme d’Isak, et le fait de n’être pas celui qu’il espérait. Je ne pense pas, qu’à 40 ans, cela soit une obsession pour Bergman par rapport à se propre vie. Au contraire, il me semble plus parler du sens de la vie et du relationnel avec les autres. Doit-on y voir le poids de son enfance rigoriste ? Sa propre vie sentimentale est complexe. Mais il y a indéniablement de lui même dans le personnage du professeur, ou de cette famille nombreuse.

Le film est une splendeur de noir et blanc, fin et détaillé, que l’on doit encore à Gunnar Fischer. Avec le vétéran Victor Sjöstrom dans le rôle principal, Bergman tient un interprète majeur. Il y a parfois des prises de vue qui m’ont rappelé de vieux Fritz Lang, ou quelques films classiques du cinéma expressionniste allemand. Là aussi il y a des visions, ces scènes de rêve, ces images hors du temps, ces métaphores. Bergman en est incontestablement l’héritier dans ce film. Mais si ce professeur austère peut attirer notre sympathie, cela s’oppose à la manière dont il est décrit par les autres. Et l’on comprend peu à peu comment peuvent s’installer les malentendus, comme on peut ressentir la froideur de quelqu’un qui n’a pourtant pas ces sentiments. Ce parcours du professeur et les rencontres qu’il fait dans ce voyage transforment la vision que l’on peut avoir des différents personnages.

Un très grand film à nouveau, qui peut sembler plus accessible mais aussi plus austère. Il a pourtant autant de richesses à donner au spectateur, et au réalisateur qui nous livre ici un peu de lui.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

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Ecrit le : 23/10/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,1950s,suède,comédiedramatique

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