Cinéma - Sur les Quais d'Elia Kazan (1954)

C’est un des films avec Marlon Brando qui mérite d’être vu pour comprendre la légende. Un drame sur fond de crime et de crise sociale comme Hollywood en avait le secret.

J’ai toujours quelques à-priori sur Elia Kazan par rapport à certains éléments biographiques mais il a commis quelques sacrés bons films. Quant à Brando, c’est tout l’un ou tout l’autre mais il avait ce don de capter l’image et l’attention. C’est évidemment le cas ici où il campe un docker, Terry Malloy, ex-boxeur et frère de l’adjoint (Rod Steiger) d’un certain Johnny Friendly (!!…joué par Lee J. Cobb), chef de gang et .… «syndicaliste» à la sauce mafia. Nous sommes à New York, dans ces anciens docks en face de Manhattan. Mais Terry vit mal le fait d’être complice du meurtre d’un certain Joey….d’autant que la soeur de Joey, Edie (Eva Marie Saint), lui plaît bien. Va-t-il dire tout ce qu’il sait ? Sera-t-il aidé par le prêtre de la paroisse (Karl Malden) qui ose s’élever contre cette organisation criminelle ?

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C’est déjà une sacré galerie de gueules de cinéma dans ce casting, entre les dockers et les mafieux. Eva Marie Saint (oui, celle de la Mort au Trousse) y joue les ingénues accablée de tristesse avec talent. Le casting provient de l’Actors Studio où officie Elia Kazan comme fondateur, mais où l’on retrouve aussi Karl Malden, Rod Steiger… Le film serait presque une pub pour ça. Et tout ça est magnifiquement mis en musique par un Leonard Bernstein très inspiré. Si je n’en avais pas su plus sur Kazan, je n’aurais pas tiqué sur sa vision très caricaturale et mafieuse des syndicats. Il est vrai qu’il y a quand même un fond de vérité dans certains corps professionnels mais de là à généraliser. Ce film est pourtant une sorte de demande de pardon pour Kazan, vis à vis de ses dires face à la commission de Mac Carthy….du moins dans sa fameuse scène finale. Pour le pardon, faut voir car la happy end est un peu capillotractée.

Brando domine le film avec ce petit air arrogant et le doute, les regrets qui le hantent. On le sent sur un fil et en même temps il essaie de donner le change avec son attitude. Il est énervant, nerveux… et on a d’abord du mal à adhérer à son personnage face à une Edie intègre et courageuse. Je me demande si c’est Elia Kazan qui connaît parfaitement son acteur et sait le mettre en valeur ou si Brando a déjà ce don pour mettre son jeu en valeur. On croit totalement au fait qu’il soit un ancien boxeur, un peu paumé et embarqué malgré lui…Mais beaucoup moins au fait qu’il soit docker. Le slave Malden incarne très bien le prêtre d’origine irlandaise, pourtant. L’histoire est celle de la rédemption, plus encore qu’un drame social ou une enquête criminelle (on sait depuis le départ qui a commandité le meurtre). La romance, pourquoi pas mais j’ai du mal à adhérer à ça aussi. La technique (remarquable photo aussi…) a tendance à masquer les manques de cette histoire et n’en fait pas un film inoubliable pour moi. C’est plus un film de cinéaste qu’un film de cinéphile.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

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Ecrit le : 08/05/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,1950s,classique,

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