Cinéma - Seven de David Fincher (1995)

En seulement deux films, David Fincher avait marqué le cinéma des années 90. Avec ce thriller psychologique, il avait réussi à convaincre deux grandes stars de le suivre.

Avant cela, Fincher avait été le réalisateur du troisième Alien, mais surtout un réalisateur de clips musicaux reconnu. On se souviendra par exemple du Straight up de Paula Abdul, du Vogue de Madonna… Mais pour ce deuxième film, il était attendu au tournant, sortant d’une licence à succès pour un scénario plus original. Il est signé Andrew Kevin Walker, un inconnu qui vit à New York et commettra aussi le fameux 8mm, Sleepy Hollow et collaborera avec Fincher sur The Game et Fight Club. Fincher reçoit donc ce scénario car il cherchait à faire un film de genre. Bingo ! Rien que le pitch interpelle…

«Deux policiers, William Somerset et David Mills, sont chargés d’une enquête criminelle concernant un tueur en série psychopathe, lequel planifie méthodiquement ses meurtres en fonction des sept péchés capitaux qui sont : la gourmandise, l’avarice, la paresse, la luxure, l’orgueil, l’envie et la colère.»

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Mêler le religieux au polar, c’est une recette qui fonctionne souvent (cf Angel Heart d’Alan Parker, par exemple…). Mais encore fallait-il trouver des incarnations aux deux flics : Le duo Brad Pitt - Morgan Freeman est parfait. Le premier est le beau gosse du cinéma de ces années mais peine à sortir de ce cliché (il sort de Légendes d’Automne). Le second enchaîne les succès (enfin…) depuis Miss Daisy et son chauffeur. Mais il fallait que la mise en image suive, pour en faire un vrai film noir dans la grande tradition. L’ambiance pesante y est dès le début. C’est le directeur photo franco-iranien Darius Khondji qui se charge de cela, repéré après les premiers Jeunet et Caro. On a évidemment le duo atypique, formule souvent gagnante. Mais il y a du mystère derrière ces personnages, autant que derrière ce tueur en série. Sans que le spectateur ne le voit, il est présent sur les scènes de crime et on cherche avec les enquêteurs toute la machination pour arriver à dénoncer ces sept péchés.

Howard Shore est à la partition pour renforcer cette ambiance. Mais le troisième personnage, c’est la pluie, omniprésente. Elle donne avec les couleurs choisies le ton du récit. On est parfois comme frigorifié rien qu’à la vision de ces trombes d’eau qui s’abattent. Et si le film se passe à Los Angeles, on se sent parfois dans une ville plus dense. Le petit film de genre que voulait Fincher est tout de même bien doté niveau budget. Mais il en rapportera trois fois plus. A le revoir encore aujourd’hui, il fait son effet car les recettes restent classiques. Il est entré dans la grande catégorie des films noirs, un genre qui fut un peu trop délaissé dans les années 80 (excepté chez Lynch, les frères Coen qui se feront connaître par ça, ou Parker déjà cité). La découverte des cadavres, même sans la surprise du premier visionnage, laisse encore le spectateur transi. Et puis il y a cette scène finale et l’analyse que l’on peut en faire. C’est toujours l’objet de discussions entre amis.

Un grand film mais est-ce que Fincher n’a pas trop mis de lui dans ces premiers films. Sa carrière aura évidemment tendance à s’essoufler après ces belles promesses.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

Une Bande-annoncevideo


Ecrit le : 14/11/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,1990s,thriller

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