Cinéma - Retour vers le futur de Robert Zemeckis (1980)
S’il y a bien un film symbole des années 80, c’est Retour vers le futur…et presque toute la trilogie (l’un étant un western).
Produit par Spielberg (Zemeckis est un de ses poulains…), c’est une histoire de voyage dans le temps façon Wells, mais modernisé. C’est aussi un teen movie en apparence puisque le héros est un ado, Marty McFly (Michael J. Fox), fan de musique et harcelé par une brute, Biff Tannen (Thomas F. Wilson). Il fait la rencontre d’un savant un peu fou, Emmett Brown (Christopher Lloyd) qui lui fait la démonstration d’une machine à voyager le temps qui a la forme d’une… DeLorean DMC-12, une voiture quoi. Sauf que pour avoir le «carburant» nécessaire, Brown va avoir maille à partir avec des terroristes Libyens (à l’époque Khadafi est le pire ennemis des USA). Et c’est un peu par hasard que Marty se retrouve en … 1955, l’époque où ses parents se sont rencontrés.
La famille de Marty est un peu l’opposé de la famille modèle américaine : mère alcoolique, père pleutre et professionnellement raté, petite maison de banlieue… ça n’envoie pas du rêve. Et pour la petite histoire, la DeLorean, c’est le raté de l’amérique qui voulait faire une voiture de sport concurrente des meilleurs européennes et même japonaises. Sauf que Zemeckis nous propose la revanche de tout cela en allant … dans le passé (retour donc…). Curieusement, on a presque plus retenu des éléments du second opus, dans le futur (le skate, les baskets, la DeLorean volante) alors que le premier est mieux noté. Il est vrai qu’il va dans les années 50 avec un détournement de ses codes. Rien que le centre ville a été vu et revu dans d’autres productions hollywoodiennes. Et c’est bien volontaire de la part de Zemeckis.
On parle de la destinée et du paradoxe temporel, deux thèmes récurrents dans la série mais justement complexes. Peut-on lutter contre son destin…On a un peu du rêve américain qui consiste à aller trouver autre chose que son destin sur la terre américaine. N’oublions pas, nous sommes dans les années Reagan, la guerre froide…et Zemeckis est un fils d’immigrés (Lituaniens et Italo-Américains) et comme beaucoup de réalisateurs dans ce cas, est très bon pour parler de ce sujet. Quant au paradoxe temporel, c’est un classique des films et oeuvres parlant de voyages dans le temps. Nous ne sommes pas encore dans des sujets sur la relativité et des boucles du temps. Le film prend d’ailleurs un sens un brin différent une fois qu’on a vu le second… Le projet était porté par Zemeckis et Bob Gale, ce qui en fait un film d’auteur(s). D’ailleurs le duo a commis un certain nombre de films ensemble, avant et après.
Le projet a été difficile à accoucher et quelque part ça se ressent comme dans la dificulté de Marty à se trouver lui même. Il veut être musicien mais ça ne fonctionne pas. Il voudrait être fier de ses parents mais ça ne fonctionne pas. Et c’est aussi ça qui fonctionne dans cette amérique Reaganienne. Tout ne fonctionne pas toujours comme l’on veut. Et pourtant, il y a cette seconde chance… Le film va être un succès mais pas si extraordinaire. Il y a déjà des gimmicks hollywoodiens comme le placement produit. Ce qui est étonnant c’est qu’avec ses suites, il a grandi en notoriété avec le temps justement pour ce thème de combattre sa destinée. Et puis il faut l’avouer, les gadgets sont très cools. Il y aura même des séries dérivés, pas très réussies d’ailleurs. A noter que le père de Marty (Crispin Glover) aura une carrière assez étonnante car il était un peu à contre-emploi. Michael J. Fox montrera aussi de belles choses avant que la maladie ne l’assaille. Pour Christopher Lloyd c’est plus difficile.
Un film emblématique et qui dégage un fort capital sympathie par ses personnages, son écriture et son look… bien marqué dans le temps. A ce jour, on n’arrive toujours pas à faire un skateboard volant aussi bien que dans le film, et les voitures volantes ne ressemblent pas vraiment à cette DMC12 du numéro 2. C’est aussi ça qui fait rêver jusqu’aux ados des années 2020. A suivre ?
Ce film fait partie du challenge IMDB Top250