Cinéma - La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche (2013)
Palme d’or au festival de Cannes, encensé par la critique parisienne, ce film d’Abellatif Kechiche (L’esquive) avait beaucoup de choses pour plaire, Mais…
Kechiche adapte le roman graphique “Le Bleu est une Couleur Chaude” de Julie Maroh. Il prend pour base l’histoire d’Adèle, jeune lycéenne dans le nord de la France, qui fait semblant d’être intégrée dans son monde post-adolescent, tout en attendant l’amour. Est-ce Thomas, ce beau jeune homme qui fait rêver ses copines avides d’anecdotes croustillantes ? Non, ce sera Emma, la jeune artiste au cheveux bleus.
Le film de Kechiche dure 3h ! Parfois la durée d’un film n’est qu’une anecdote mais souvent il est le fruit d’un bavardage inutile, de longueurs dans le montage, d’abus de plans d’exposition. C’est justement le cas ici mais avec un élément en plus. Kechiche use et abuse de scènes de sexe entre son héroine et Emma. Au point que l’on pense à un fantasme de réalisateur, que l’on y voit plus un voyeurisme malsain qu’un effet de style. Ce même voyeurisme qui nous fait épier le moindre mouvement d’Adèle à son réveil…. Pourtant, il y a du style chez Kechiche quand le gros plan sublime l’histoire d’amour. Mais à trop vouloir en faire, il en gâche toute l’histoire.
L’histoire reste pourtant intéressante jusqu’à son aboutissement. Elle maintient en haleine, sans doute aussi grâce au charisme des deux actrices principales. Car en plus de la manière de filmer, Kechiche enfile quelques clichés sur le milieu artistique et sur une opposition entre les deux mondes : Celui d’Adèle, très terre à terre et celui d’Emma, très bobo. Il y a évidemment un fond de vérité mais il n’utilise pas assez cette opposition pour construire le personnage d’Adèle. Il oublie de développer un peu plus le monde lycéen d’Adèle, si dur pour ceux qui ne sont pas “comme les autres”. Ne parlons pas de la métaphore de l’Huitre…Nous avons échappé à la moule de la braderie de Lille (puisque ça se passe là bas), c’est déjà ça.
Un film pas vraiment raté, mais beaucoup gâché, et surtout très surévalué, à cause sans doute du contexte de sa sortie (mariage pour tous).