Cinéma - Gladiator de Ridley Scott (2000)
Voilà un film qui a remis au goût du jour le Péplum. Ce n’est pas un mince exploit et on ne l’attendait pas de Ridley Scott, à l’époque.
Pourtant voilà encore un réalisateur qui a montré qu’il est à l’aise dans tous les styles. On l’a découvert dans un drame historique (les duellistes), confirmé dans de la SF hoorifique (Alien), puis dans de la SF (Blade Runner), ou du fantastique (Legend) et un road movie western (Thelma et Louise). Alors finalement, pourquoi pas un péplum. Ce qui pouvait inquiéter à l’époque, c’était le très moyen «GI Jane» qui précédait. Allait-on avoir un remake déguisé de Spartacus avec cette histoire de général gladiateur ? Le scénariste David Franzoni n’est pas tombé dans le piège, mais on a déjà l’habitude de ses libertés avec l’histoire dans ses précédents succès (Amistad, Le Roi Arthur…). On ne va pas voir un Péplum pour ça en général mais pour en prendre plein les yeux avec les décors, les figurants…Gladiator respecte cette promesse avec les belles lumières de John Mathieson.
La dramaturgie est aussi là pour que l’on y croit. Le Général Maximus (Russel Crowe) est trahi par Commode (Joaquin Phoenix), le fils de Marc-Aurèle. Sa famille est massacrée et il devient esclave. Il n’a alors qu’un but, revenir à Rome et reprendre son statut. Il le fera comme… Gladiateur. On est dans la vengeance mais avec moins de subtilité que le Comte de Monte Cristo. Avec l’affiche, on voit qu’il va y avoir de la testostérone, du sang et des flammes. Le choix de Russel Crowe est pertinent avec un acteur alors en pleine ascension. Mais pour que cela soit réussi, il faut un méchant (Commode) à la hauteur et on n’avait pas forcément vu je jeune Joaquin Phoenix auparavant. Il explose littéralement dans ce film dans ce rôle. Et on a ce qu’il faut aussi en seconds rôles de talent (Derek Jacobi, Oliver Reed, Richard Harris, Connie Nielsen…). On ajoute à ça la musique grandiloquente d’Hans Zimmer, aidé parfois par la voix de Lisa Gerrard et on a ce qu’il faut pour un grand film.
Près de 3 heures de métrage pour la version longue, on est dans le tarif habituel du Péplum. Les scènes de combat sont impressionnantes par les effets spéciaux et les dressages d’animaux de Thierry Le Portier. Mais Ridley Scott ne se contente pas, comme certains, d’une scène d’anthologie pour faire son film. Il fait monter patiemment la sauce, même si le spectateur sait qu’il y aura un combat final. Même si l’intrigue est parfois improbable dans son déroulement, on veut y croire parce qu’il y a cette injustice initiale. On voit quand même de gros copier-coller de «Spartacus» ou de «la Chute de l’empire romain» (même période et même empereur) ou «Ben-Hur» mais le public de l’époque a oublié. Et puis quel combat, quelle maîtrise dans cette mise en scène ! Phoenix est aussi détestable qu’il le faut face à un héros blessé comme il se doit.
Du très grand cinéma qui n’a pas pris de ride après 25 ans. Mais de là à en faire une suite comme la rumeur semble dire, ça me fait un peu peur. Ridley Scott avait réinventé le genre, qui s’éteindra à nouveau avec de mauvais films (Alexandre d’Oliver Stone, par exemple). Il ne faudrait pas ternir cette bonne image.
Ce film fait partie du challenge IMDB Top250