Cinéma - Dangal de Nitesh Tiwari (2016)
Le classement IMDB recèle parfois des surprises, notamment les films indiens, dont ce film autour d’une star du sport, l’entraîneur de lutte Mahavir Singh Phogat.
Départ donc pour l’inconnu puisque si je suis familier des films de Bollywood, je le suis moins de la lutte en Inde, voire de la lutte tout court. Quelques vagues notions mais ce film en est une très belle vitrine. Le titre signifie «Combat!» et résume bien à la fois le parcours du père, Mahavir, mais aussi de ses deux filles Geeta et Babita qui vont réaliser son rêve : Gagner une médaille pour l’inde à l’international. Mahavir est un ancien champion national dont la vie n’a pas permis qu’il défende les couleurs de son pays, car il devait travailler pour vivre. Il pense pouvoir réussir ce but s’il a un fils mais là encore la vie en décide autrement : Il n’aura que des filles. Mais un jour, découvrant la combativité de ses filles, il décide de leur enseigner la lutte, malgré les moqueries, le sexisme et tous les obstacles.
Il faut 2h40 pour développer cette épopée sportive avec la reconstitution de quelques combats. Nous sommes au cinéma et il faut que la lutte soit spectaculaire. Elle ne l’est pas toujours en compétition mais le cinéma indien sait faire. Les deux actrices, Fatima Sana Shaikh et Sanya Malhotra sont remarquables, tandis que le père, le grand Aamir Khan, a pris du muscle et appris aussi les rudiments de cet art martial. Le film fait évidemment l’apologie du travail, du patriotisme et de la grandeur de l’inde, même s’il est co-produit par Disney India. Mais il parle aussi d’une obstination, de l’intelligence de la combattante et aussi du sexisme en Inde. Contre tous les à-priori, Geeta et Babita vont combattre aussi. Elles sont les cheveux courts, elles combattent des garçons, elles luttent contre la fédération et les schémas trop stéréotypés. On peut comprendre le succès du film dans un contexte d’une Inde en réussite, pays le plus peuplé au monde mais qui relève des défis climatiques et économiques.
Le déroulement reste classique pour un biopic avec les habituelles phases de doute. La photographie de Satyajit Pande est magnifique, tandis que la musique ne fait pas l’objet de chorégraphies (en dehors d’un mariage) mais de chansons en intermède, style Bollywood oblige. Il est étonnant de voir Aamir Khan sur ce projet, lui qui a eu maille à partir avec le BJP de Modi, sachant qu’une des héroïnes a été récemment candidate du BJP. Mais ce sont d’authentiques héroïnes nationales et des modèles pour nombre de femmes indiennes et même au delà. C’est ce qui en fait un bon film, sans être un chef d’œuvre, dans sa capacité à transmettre de l’exaltation. La lutte est un sport qui nécessite force et technique, intelligence et dextérité. Peu développé en France, il l’est bien plus en Asie ou dans l’est de l’Europe. Outre cette particularité, ce film est un très bon biopic qui parvient à faire aimer un sport, et à le faire oublier, porté que l’on est par l’histoire. Car on rit et on pleure par la grace de cette mise en images. Une réussite donc.
Ce film fait partie du challenge IMDB Top250