Géopolitique - La Chine et son image
Lorsque l’on revient de Chine et de Pekin précisément, on voit le pays autrement. Même lorsque l’on passe par là où il y a 25 ans avaient lieu des évênements tragiques, sur la place Tianan’men. Il fallait bien laisser chacun y aller de son commentaire. Mais prenons un peu de recul…
(in english at the bottom)
Nous étions à la fin de l’ère du vieux Deng Xiao Ping, l’homme qui ouvrit à nouveau la Chine au monde, celui qui sema les graines de la première puissance mondiale. Car cela est maintenant acquis qu’elle le sera à tous niveaux. La Chine se reconstruisait alors, s’ouvrait au monde et la volonté de libertés était légitime, d’autant que beaucoup de chinois étaient revenus des Etats-Unis après des études universitaires, rapportant aussi un désir de vivre autrement. Mais diriger un pays de la taille d’un continent avec une population représentant le quart de la population mondiale, n’est pas comparable à diriger un pays “normal”. Vu de notre petite lucarne, la révolte de la Place Tianan’men était une révolte pour la liberté. Mais ne risquait elle pas aussi de mettre en danger l’unité du pays ? Ne risquait elle pas de dégénérer aussi par la présence de pillards ? (il n’y a qu’à voir aujourd’hui les grilles dans les étages bas des immeubles) Sans doute un peu de tout ça.
L’angoisse du pouvoir
L’histoire de la Chine est tumultueuse et est faite de révoltes, de révolutions, de guerres de royaumes et d’invasion. Parfois divisée, elle a sû retrouver son unité et ce mot reste au centre des préoccupations actuelles, comme il y a 25 ans. Voilà pourquoi la Chine veut récupérer ce qu’elle considère comme territoires perdus (Paracels, Taiwan, Senkaku…). Voilà pourquoi la Chine s’efforce de répondre aux attentes qui s’expriment le plus fort dans ses grands plans, comme aujourd’hui l’environnement et la santé publique. Mais ce qui importe aussi à la Chine et son régime, c’est de préserver l’unité tout autant que son image. Voilà aussi pourquoi le pouvoir essaye d’intégrer de force les minorités tibetaines et ouighours tout en se protégeant des yeux extérieurs. Le massacre de Tianan’men reste une blessure profonde pour les Chinois. Lorsque l’on discute avec un chinois, bien souvent il demandera “Comment voyez vous notre pays”? Ce rapport à l’image est essentiel comme dans toutes les grandes puissances. La Chine développe son tourisme, jusqu’ici essentiellement tourné vers l’intérieur, sa culture, longtemps oubliée et travaille cette image.
Si l’on s’amuse aux jeux des** comparaisons**, il faut se souvenir d’autres traumatismes dont ceux qui hantent la France. On peut citer la collaboration, le colonialisme, les éxécutions de mutins pendant la 1ère guerre mondiale ou encore la guerre d’Algérie avec, par exemple le tristement célèbre 8 février 1962. Ce jour là, la police française a tué des manifestants et il est difficile de savoir combien de personnes furent victimes en périphérie de cette station de métro Charonne. Il fallu bien plus de 25 ans pour que l’état français exprime des regrets. Mais comparer des évènements à des échelles nationales différentes reste aussi compliqué que dangereux, de même que vouloir appliquer des modes de gouvernement à des sociétés différentes.
Différents courants d’idées.
La presse française et occidentale présente le régime chinois comme un monolithe inamovible et n’acceptant aucune liberté. Cette vision caricaturale est pourtant battue en brèche par les observateurs les plus attentifs du pays (Emilie Frenkiel, par exemple), sans faire l’éloge de la violence et de la répression, réelle, de ce régime. Comme dans tout régime ou tout pays, il y a des courants d’idées différents avec des luttes de pouvoir. Derrière ces courants d’idées, il y a des discussions au niveau économique, dans les universités, dans les médias et à travers des réseaux sociaux bien vivants. S’ils sont différents de nos standards, il n’en reste pas moins très surveillés à l’image de ce que peut faire la NSA et peut être un jour nos propres services de renseignement, si l’on en croit des spécialistes français comme Jean-Pierre Manach. La hantise de l’unité, la préservation d’une “croissance raisonnable” sont des facteurs à comprendre dans le développement tant économique que politique du pays. La société chinoise est, comme toute société, différente de la notre et son essor rapide fait peur. Cette peur, comme avant pour le Japon, les Etats-Unis, crée des fantasmes, des critiques exacerbées ou de la fascination. Entre ces deux sentiments, peur / attirance, il faut se garder de sombrer dans le passionnel pour prendre le recul nécessaire et apprendre à connaître et comprendre la mystérieuse Chine.
Voilà donc le défi de la décennie à venir pour la Chine : Continuer son développement, assurer sa survie et son unité sans créer une peur et un mystère. Elle doit donc donner la meilleure image qui soit et pour cela, ne pouvait commémorer une page sombre de son histoire. Le désir de revanche reste présent et pèse actuellement dans la politique internationale chinoise. Le pays a déjà tant à faire à une échelle bien plus importante que celle de l’Europe de l’est par rapport à l’Europe de l’ouest qu’il considère devoir assurer sa sauvegarde…à tout prix. Mais l’occident doit il rester un ennemi critique ou, au contraire, tenter d’amener une compréhension mutuelle ? C’est aussi le défi de nos dirigeants de ne plus voir la Chine comme un simple “Marché” ou une “Usine” mais traiter d’égal à égal. Ce changement d’image pourra alors faire changer les choses de l’intérieur, en douceur, cette douceur si ….chinoise.
When you come back from China and Beijing specifically, you see the country differently. Even when you go through where there were tragic events, 25 years ago on Tianan’men. We let everyone go for his comment. But let’s take a step back …
We were at the end of the old era of Deng Xiao Ping, the man who opened China to the new world, the one who sowed the seeds of the new leading country . Because it is now accepted that it will be … China rebuilt and opened to the world and the desire was legitimate for freedoms, especially as many Chinese had returned from the U.S. after university, also reporting a desire to live differently. But running a country the size of a continent with a population representing a quarter of the world’s population is not comparable to lead a “normal” country. Given our small window, revolt of Tianan’men was a revolt for freedom. But it also might endanger the unity of the country? There was a risk of this event to escalate with the presence of looters? ( only see the grids in the lower floors of buildings, nowadays) ..maybe both
The anguish of power
The history of China is turbulent and is made of revolts, revolutions, wars of kingdoms and invasion. Sometimes divided, it has rediscovered its unity and the word is at the center of current concern, as it was 25 years ago. That’s why China wants to recover what it considers as lost territories (Paracels, Taiwan, Senkaku …). That is why China strives to meet the expectations expressed the strongest in its grand plans, as now the environment and public health. But what is also important to China and its regime is to preserve the unity as well as its image. This is also why the power tries to integrate by the force Uighur minorities and tibetan while protecting external eyes. The massacre of Tianan’men remains a deep wound for the Chinese. When discussing with Chinese, he often asked “How do you see our country?” The image ratio is essential as in all great powers. China is developing its tourism hitherto essentially turned inward, its culture, forgotten for too long and works on branding.
If we play to the comparisons game, it must be remembered other traumas as those which haunt France. You can include collaboration, colonialism, executions of mutineers during the 1st World War or the civil war in Algeria, for example the infamous February 8, 1962. That day, the French police killed protesters and it is difficult to know how many people were victims on the outskirts of the metro station Charonne. It took well over 25 years for the French state to express regret. But compare events in different national scales remains is as complicated and dangerous as well as wanting to apply methods of government at different countries.
Different schools of thought.
The French and Western press see the Chinese regime as an unyielding monolith and accepting no freedom. This caricature is however undermined by the most attentive observers of the country (Emilie Frenkiel, for example), without to be lauditive with the violence and repression, real, of the regime. As with any regime or any country, there are different schools of thought with power struggles. Behind these schools of thought, there are discussions on the economic level, in universities, in the media and through social networks. If they are different from our standard, it nevertheless are closely watched in the image of what the NSA can do and maybe one day our own intelligence services, if we believe french specialists as Jean-Pierre Manach. The fear of unity, the preservation of a “reasonable growth” are factors to understand the economic and political development of the country. Chinese society, like any society, is different from ours and rapidly is scary. This fear, as before for Japan, the United States, created fantasies, exacerbated criticism or fascination. Between these two feelings, fear / attraction, we must be careful not to fall into the passion to take a step back and get to know and understand the mysterious China.
So is the challenge of the next decade for China: To continue development, ensure its survival and unity without creating fear and mystery. It must therefore give the best picture possible and for that, could not remember a dark chapter in its history. The desire for revenge is still present and currently weighs in Chinese foreign policy. The country has so much to do, much more than that of Eastern Europe compared to Western Europe, so the country considers everything should be done to ensure its safeguarding … . But does the West must remain a critical enemy or, on the contrary, to try to bring mutual understanding? It is also the challenge of our leaders no longer to see China as a simple “market” or “plant” but on an equal footing. This change of branding can then change things from within, gently, smoothly as is sometimes …. China.