Cinéma - La trilogie Before sun... de Richard Linklater (1995)

Les deux premiers opus de la trilogie Before, qui s’étend sur pratiquement 20 ans, sont cités dans les listes de meilleurs films de tous les temps. Etonnant ? Mais voilà de quoi installer des personnages pour ce qui ressemble à une comédie romantique. Les apparences sont-elles trompeuses?

L’affiche du premier est pourtant explicite et même sirupeuse elle-même : «Céline est une étudiante française qui est allée rendre visite à sa grand-mère à Budapest. Jesse est un jeune Américain effectuant un périple à travers l’Europe. Tous deux se rencontrent dans un train, entre Budapest et Vienne. Arrivés à Vienne, Jesse doit descendre. Il parvient à convaincre Céline de passer une nuit avec lui dans la capitale autrichienne. Au cours de cette nuit, ils apprendront à se connaître. Le lendemain, ils devront se séparer…» . Classique et éculé. Mais alors, qu’est ce qui marque les spectateurs pour que ce film rentre plus dans la postérité que d’autres ? Le couple Julie Delpy - Ethan Hawke ? Oui, ils sont beaux, presque clichés d’ailleurs… Mais ils vont au delà de cette première impression au fil du film qui consiste en des dialogues où chacun apprend à connaître l’autre.

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Autant dire que les réfractaires aux films bavards passeront leur chemin. Inspiré par une histoire qui lui est arrivé, le réalisateur s’est impliqué dans le scénario sans en être l’auteur (Kim Krizan). Il s’agit donc d’un film d’auteur qui ne renie pas quelques influences européennes. Une impression de film de Woody Allen pour ce côté bavard mais avec moins de cynisme. Pourtant, à travers ce dialogue et ce destin qui semble s’imposer, on retrouve des thèmes essentiels. On y parle de la vie, évidemment, du sens qu’on veut y donner, de l’aspect fini ou infini. Mais on y parle aussi de l’amour, de destin ou pas, de l’éloignement, de l’érosion, de cette possibilité de l’infini. Ces thèmes apparaissent à la fois universels mais assez générationnels pour des jeunes gens d’un peu plus de 30 ans. Ils ont tous les deux connus des histoires mais on a cette impression d’une première fois, que tous les mauvais coups de la vie vont être oubliés.

Ce sont bien des éléments d’une comédie romantique avec la positivité du genre. Pourtant, on ne retrouve pas l’amour impossible qui fait tout capoter en milieu de film. C’est très linéaire et on se met à penser comme eux, à la possibilité d’une vie ensemble ou pas, à ce destin qui les fait se rencontrer, rire et s’entendre si bien malgré leurs différences. On a envie d’y croire en tant que spectateur et pourtant on se doute de l’issue. C’est là qu’intervient un ressort plus dramatique et une fin….qui évidemment n’en est pas une quand on sait qu’il y a un deuxième film. Parfois le film sombre un peu dans la carte postale de manière à nous distraire un peu entre les séquences. Cet aspect ne le rend pas inoubliable par sa mise en scène mais donne un coté romantique dans cette Vienne idéalisée. Étant plutôt client du genre, ça m’a intéressé malgré le fait que je me dise que c’est très bavard et que ça sera comme cela jusqu’au bout. Qu’en pense quelqu’un d’étanche à cela, que l’amour et le romantisme n’intéresse pas au cinéma. A mon avis, il aura pris la porte au premier quart d’heure.

Restait à me dire ce que deviendrait le deuxième film, …et le troisième, avec les promesses du premier. Sans vraiment de surprise, c’est une nouvelle rencontre, un bilan sur la vie passée, un regard sur les idéaux de chacun. Si Julie Delpy garde sa fraîcheur de girl next door, Ethan Hawke change plus avec une part de désenchantement. Il y a toujours un côté carte postale avec de longs plans-séquence où nos personnages marchent (et parfois des erreurs de raccords). Il y a toujours ces discussions et c’est parfaitement dans la continuité, avec presque 10 ans de plus à chaque fois, ce qui accompagne le spectateur dans son propre vieillissement. On sourit, on rit, on repense au passé des personnages, au nôtre et … ça fonctionne plutôt pas mal si on adhère au style. Le fait que ça soit une trilogie bonifie finalement les films, …surtout les deux premiers. C’est finalement assez inédit et c’est ce qui fait la force de la trilogie.

Au délà des clichés, d’un style un peu sirupeux, est-ce que cela inscrit ces films dans l’histoire ? Pas vraiment pour moi mais ça n’en reste pas moins de jolis moments passés.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

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Ecrit le : 18/09/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,1990s

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