Cinéma - Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet (2001)
Voilà encore un film qui m’a marqué et dont je me souviens du premier visionnage. Une sorte de voyage dans un monde intemporel et rêvé…ce qui ne plaît pas à tout le monde.
En effet, Jean-Pierre Jeunet a une manière bien à lui de filmer, un rendu très saturé à l’image avec un gros travail de colorimètre et de lumière. Avant ce film, il avait enchanté les spectateurs avec Delicatessen et La Cités des enfants perdus. Les critiques avaient été plus sévères avec son Alien 4, que j’avais pourtant apprécié. Dans tous ses films on y découvrait déjà un univers proche du conte, des seconds rôles forts incarnés par des acteurs qu’il avait le secret de trouver (Ron Perman, Dominique Pinon, Jean-Claude Dreyfus, Rufus, Ticky Holgado…). Il s’était séparé de son accolyte pubard Marc Caro pour voler de ses propres ailes, notamment avec ce nouveau film au synopsis intriguant : «Amélie (Audrey Tautou), une jeune serveuse dans un bar de Montmartre, passe son temps à observer les gens et à laisser son imagination divaguer. Elle s’est fixé un but : faire le bien de ceux qui l’entourent. Elle invente alors des stratagèmes pour intervenir incognito dans leur existence. Cette quête du bonheur amène Amélie à faire la connaissance de Nino Quincampoix (Mathieu Kassovitz), un étrange “prince charmant”. Celui-ci cherche à identifier un inconnu dont la photo réapparaît sans cesse dans plusieurs cabines de Photomaton.»
Dès les premières secondes du film, on est pris par cette ambiance singulière : Le flashback sur la jeunesse d’Amélie, la voix d’André Dussolier, l’innocence du personnage et…la musique de Yann Tiersen qui donne toute sa mesure dans cet univers. C’est un conte car même si le Paris est bien réel, il y a une manière de raconter qui emprunte à ce style. Alors l’image a des verts et des rouges saturés, ainsi que les tons jaunes. Les scènes, proches de chez Jeunet, sont devenues cultes depuis et j’ai fait mon petit tour du quartier quand j’habitais non loin de là. A vrai dire, il y a quand même un peu de cette ambiance village, malgré les méfaits de la modernité. Mais si le film fonctionne, c’est aussi par la lumineuse idée d’avoir fait jouer le personnage par Audrey Tautou. Je n’avais pas vu ses précédents films, juste un vague souvenir dans «Venus Beauté…» mais là, elle est adorable dans un personnage taillé pour elle. Kassovitz est aussi très bien et que dire des scènes avec Isabelle Nanty, Dominique Pinon, ou encore Djamel, Serge Merlin ou Urbain Cancellier. Aucun second rôle ne semble avoir été délaissé et ils marquent tous le spectateur.
Je ne compte plus les revisionnage avec les scènes cultes dont je connais les répliques ou des petits gimmicks, comme le Nain parcourant le monde, les jeux de mots de Djamel…Jeunet reprendra un peu de cette recette dans «Mic-Macs à tire-larigot» mais il n’y a pas autant de magie qu’ici. Alors les plus chafouins trouveront cet univers ridicule, sans doute les mêmes qui détestent certains films de Tim Burton, les Wes Anderson, … C’est vrai que si on aime l’insipide, il faut passer son chemin. Si on déteste ces couleurs, on a intérêt à mettre un filtre de désaturation avant ou reprendre sa vieille télé noir et blanc. Le cinéma est là pour faire rêver, nous sortir aussi d’un quotidien grisâtre par de belles histoires. Jeunet y a réussi parfaitement ici et je le reverrai encore de nombreuses fois à n’en pas douter.
Ce film fait partie du challenge IMDB Top250