Musique - Pink - The Truth about Love (2012)
Qui aurait parié que Pink allait collectionner les succès jusqu’à ce 6ème album qui devrait nous dévoiler la vérité sur l’amour. C’est surtout la vérité sur le succès que nous allons essayer de trouver.
Pink, de son vrai nom Alecia Beth Moore, a commencé sa carrière de chanteuse dans le groupe Choice, après déjà quelques années passées à chanter dans des groupes d’adolescents, des concours et des clubs. L.A. Reid fit signer le groupe qui chantait du RnB et leur fit faire un album….qui ne sortit jamais. Le producteur avait une idée derrière la tête : Que la jeune Alecia fasse une carrière solo ! En 99, elle devient alors Pink ou p!nk, pseudo qu’elle utilisait déjà lors de ses prestations d’ado. Son premier album, Can’t take me home, est dans le style RnB de l’époque, produit par les pointures du genre. Certifié 2 fois platine, il lui assure de poursuivre en solo. La participation à la B.O. de Moulin Rougela fait connaître un peu plus du public. Mais Pink ne veut pas suivre la vague RnB qui déjà se tarit et impose un peu plus ses choix dans Missundaztood, le deuxième album. Plus pop, flirtant avec le rock, avec la participation de l’ex 4Non Blondes Linda Perry, l’album cartonne dans les charts malgré l’avis de L.A. Reid. Mais le troisième album, Try This, résolument plus rock et composé par le leader de Rancid, a des ventes plus modestes. Le suivant, I’m not dead, revient à une veine pop-rock mais les ventes sont décevantes. Pourtant, Pink installe son personnage à travers des singles réussis, des duos comme Misery avec Steven Tyler d’Aerosmith, dont les ventes sont au delà des espérances. Ses textes sont revendicatifs ou sombres, s’inspirant tant de son enfance que du monde qui l’entoure. Ainsi, le single “Sober” de son album suivant Funhouse, parle-t-il de l’alcoolisme, sans en empêcher le succès tonitruant. Au point que le sixième album, the Truth About Love, est attendu au tournant !
Comme chaque fois, la chanteuse change de production et ce ne sont pas moins de 11 personnes qui se sont penchées sur le berceau de ce nouveau bébé (Greg Kurstin, Butch Walker, John Hill, DJ Khalil, Emile Haynie, Billy Mann, Max Martin, Shellback, Dan Wilson, Tracklacers, David Schuler), même si c’est principalement Kurstin qui est le collaborateur et compositeur de l’album. Ces multiples influences et styles montrent bien aussi, comme dans sa carrière passée, que Pink n’a pas Un style unique de prédilection mais mélange allégrement les influences. Ici, on retrouve de la folk, de la pop, du rock, du RnB, du hip-hop, de la dance, de la country….ce qui laisse déjà présager d’un mélange hétéroclyte difficile à concilier. Et pourtant….
L’intro de “Are We all we are” montre bien que ce mélange prend avec un rythmique entre dance et hip-hop tout en empruntant une instrumentation plutôt rock sur un refrain pop. Le tout est catchy à souhait et en fait un parfait single. “Blow Me” avec un refrain encore parfait et un jeu de guitare plus folkeux sur une production à l’avenant et quelques effets électroniques reste classique mais efficace. Et pourtant le titre n’a rien à voir avec le précédent et encore moins avec le très sensible “Give me a Reason”, en duo avec Nate Ruess du groupe Fun. Le style est pourtant éloigné de celui des deux interprètes avec une rythmique très marquée sur ce qui reste presque un piano-voix. Rien à voir encore avec le très RnB “TrueLove” et ses multiples effets de production qui transforment beaucoup la voix de la chanteuse qui nous parle encore d’une histoire d’amour qui tourne mal. Mais le refrain pop, sans être original, fait mouche et reste dans la tête.
C’est avec une guitare saturée et une voix plus grave que “How you come you’re not here” commence. La surproduction du titre ne masque pas totalement l’étendue vocale de l’artiste qui est aussi à l’aise dans ce style pop-rock que dans des phrasés hip-hop. “Slut like you” en est d’ailleurs l’illustration avec une fusion entre musicalité rock et rythmique hip-hop pour un titre qui s’attaque aux dancefloors….mais elle prend alors le contrepied avec tout le reste dans “The Truth about love”, rétro et presque jazzy dont on soupçonne un petit détour vers une autre artiste du moment, Lana Del Rey dont elle partage aussi un producteur. Mais Pink retrouve un titre épuré pour le très country-folk “Beam me up”, mettant en valeur une voix épurée sur un titre d’un classicisme assumé. C’est aussi le fruit de sa parfaite entente avec Billy Mann. Mais ce petit intermède n’est que de courte durée avec le très rythmé et énervé “Walk of Shame” qui est finalement plus proche du style de Pink : RnB Pop Rock. Pourtant elle s’en va sur du pur Hip Pop avec “Here comes the Week end” (avec Eminem), du moins c’est ce que laisse croire l’intro du titre alors que le couplet devient très vite plus pop dans une production toujours aussi efficace. “Where did the Beat go” est même carrément RnB et n’aurait pas surpris dans le répertoire d’une Beyonce. Décidément, Pink est à l’aise partout. C’est un titre de l’ex-Semisonic Dan Wilson qui clot l’album. Classique au possible, presque gospel (bien que les paroles…), il détonne par rappord au reste et pourtant ne surprend pas, du fait de la qualité de son écriture.
Il est donc bien difficile de classer Pink dans une case ou dans un style. Et c’est justement toute sa force et son talent. En surfant sur plusieurs tyles, elle traverse les époques et les générations. Elle a en plus le talent de savoir s’entourer et le succès de cet album vient le confirmer. Qui sait alors vers quoi elle ira ensuite ?