Musique - Kosheen – Independance (2012)
Découvert avec le fameux album Resist, Kosheen avait confirmé avec les albums Kokopelli et Damage. Le groupe de Bristol nous revient après 5 ans avec cet Independance qui marque un nouveau tournant musical.
En effet, jusqu’à présent, comme tout bon Bristolien, le groupe surfait sur la vague Trip-hop et avait su y méler des influences plus rock tout en gardant une accessibilité pop. Mais pendant ce temps, la chanteuse Sian Evans avait participé à des projets plus Dancefloor qui pouvaient inquiéter sur l’avenir du groupe. Ajoutons à cela que le groupe garde une certaine aura en Serbie et dans les balkans, pays friants d’Eurodance, et on voyait bien le trio survivre à travers ce biais : de la Dance pur jus.
A l’écoute de cet album, c’est effectivement ce qui vient en premier à l’esprit. En effet, on retrouve une forte connotation “boite de nuit” à l’ensemble avec des sons atmosphériques dans l’air du temps mais aussi des beats flirtant avec la Trance. Et pourtant en prenant le temps de sy attarder, l’ensemble ne manque pas de charme. Oui ce n’est plus tout à fait le Kosheen de Damage mais Resist avait pourtant des hits pouvant s’adapter au monde de la nuit. Comme on pouvait s’y attendre, on retrouve également leur amie Susie Ledge en tant que chanteuse invitée. Dans le détail, le beat d’Addict et les transformations sur la magnifique voix grave de Sian conservent une tonalité trip-hop à ce titre même si les lignes atmosphériques l’emmène sur le terrain de la dance. Le single Get a New One, y va clairement avec une intro au beat basique, et un refrain qui doit donner toute sa puissance en live avec une envie de le reprendre et de frapper des mains en sautant. Rien à voir avec le plus intimiste Tightly, qui n’est pas sans rappeler les cousins londoniens de Faithless avec l’apport conséquent de la voix de Sian sur le refrain. Bella Donna Bella est plus faible avec un manque de refrain et une instrumentation trop brouillonne pour créer une véritable ambiance. Dependancy est au contraire plus hardcore avec son intro aggressive et digitale. Nous voilà entre house et trance avec ce beat strident doublé de basses lourdes. La voix de Sian intervient bien tard, là encore à la manière de ce que Faithless pouvait faire avec Dido, basant le morceau beaucoup plus sur l’instrumental. Certainement l’un des morceaux les plus ambitieux de l’opus avec plus de 6 minutes. Manic paraît bien plus commun avec son instrumentation basique qui n’est pas sans rappeler le dernier Madonna, ce qui n’est pas un compliment. L’instrumental Zone 8 renforce pourtant l’impression que Kosheen s’en va hors de ses terres habituelles. Il fait bien la transition avec le très industriel Mannequin. Froid, épuré, il surprend de la part du trio. C’est bien un travail de DJ que nous avons là mais pas du DJ à la petite semaine visant la rentabilité maximum. Non du haut de gamme, avec ce qu’il faut de recherche sonore pour passionner l’auditeur tout en étant efficace pour un véritable trip dans un autre monde. Something New est dans cette veine là avec encore des sonorités rauques et brutales. Cette seconde partie d’album est beaucoup moins racoleuse que ne pouvait l’être l’introduction. La voix de Sian est littéralement transformée, retraitée, digitalisée. Les fans s’y perdront peut être mais tout cela reste cohérent avec l’univers trip-hop. Idem avec Enter, encore une fois très expérimental et instrumental et etheré. On frôle même l’ambient avec You don’t own me dans son “dungeon mix”. C’est un véritable retour à la lumière que propose Waste aussi prenant qu’aggressif. La voix de Sian n’est jamais aussi belle que mélée à ce son. Spies clôt avec bonheur un album qui confirme finalement tout le bien que l’on pensait du groupe.
Kosheen explore, se renouvelle et le fait avec intelligence prouvant que l’electro n’est pas un truc commercial et bas de gamme mélé à de la variété niaise comme trop souvent nous entendons sur nos ondes.