Musique - Bruno Mars – Unorthodox Jukebox (2012)
Après seulement deux albums, Bruno Mars est devenu une figure incontournable de la pop internationale. Sans créer une mode ou sans faire de scandale, sa musique semble s’inspirer du passé avec ce qu’il faut de modernité. Voici donc l’occasion de disséquer son dernier opus.
Mais qui est il ? Famille de musiciens d’origine hispanique, enfance à Hawai, passionné de musique, d’Elvis Presley (qu’il imite très tôt sur les scènes locales), Little Richard et Michael Jackson, il part à Los Angeles pour débuter vraiment une carrière musicale et signe brièvement dans le mythique label Motown. Si cela n’aboutit à rien de concret, il y rencontre ses compères Philip Lawrence, producteur compositeur, et Ari Levine, ingénieur du son, avec qui il forme les Smeezingtons, une équipe de production musicale. Ils sont repérés par un producteur d’Atlantic Records qui leur confie la production d’artistes variés, du Rap au RnB, Mars y fait ses armes de compositeurs tout en cherchant sa propre voie musicale mais commence à se mettre dans la lumière avec des duos et participations avec Lil’ Wayne, Snoop Dog. Un premier EP 4 titres sort pour capitaliser sur cette gloire naissante avant un véritable album en 2010 : Doo-Wops & Hooligans. Il y montre des affinités avec le funk, le reggae mais aussi la folk et surtout le Rythm’n blues. On y perçoit une tessiture vocale assez proche de Michael Jackson mais c’est surtout le sens mélodique du bonhomme qui frappe avec son hit « Just the way you are ». Pourtant, on ne peut s’empêcher d’avoir une impression de « déjà entendu » avec des emprunts aux recettes des standards des années 70-80 matinée d’un son pop-rock soft comme ce qui a cours sur les radios.
Pourtant, on aurait pu croire à un enième « one shot », un artiste éphémère de plus qui aurait tout jeter dans un album avant de disparaître. Dans cet album il y avait le compte habituel de hits : 3 avec Lazy Songs et Grenade. Mais on aurait pu y rajouter le très nostalgique Marry You au succès mitigé. Le voilà pourtant de retour en Décembre 2012 avec un album dont le succès s’annonce déjà plus grand. Cette fois, il laisse de coté la folk et rend une copie beaucoup plus homogène et toujours aussi nostalgique. Avec un petit chef d’oeuvre comme le groovy « Locked out of Heaven », ce chanteur au physique de gendre idéal s’affirme comme arrangeur et auteur. Cette fois, il fait un subtile mélange de rythm’n blues classique avec des sons empruntés à l’electro. Les nostalgiques de la disco craquent autant que les branchés du moment. Egalement guitariste admirateur d’Hendrix, il abandonne pourtant la touche vaguement rock pour se plonger dans un revival très 80′s. Avec le succès de la bande originale de Drive, certains sons de synthés sont revenus à la mode et Bruno Mars en profite. Il touche ainsi les jeunes comme leurs parents. Mais là où il surprend, c’est en reprenant des sonorités très 60′s en miliue d’album comme le crooner qu’était devenu Elvis Presley. C’est donc encore un savant mélange de sonorités qui font appel à nos souvenirs, remettant au goût du jour la recette du producteur anglais Pete Waterman qui disait que les grands succès rappellent des sons de notre enfance.
Aucun titre ne va au delà de 4 minutes, plutôt dans le format standard de 3 minutes 30 (ce qui en fait un album très court de 34 minutes). Mais c’est le fait de bénéficier encore de hits en puissance qui surprend : Après Locked out of Heaven, il peut encore présenter ‘Young Girls », « Treasure », « Natalie » ou « Moonshine » sur les ondes. C’est suffisamment rare de nos jours pour être souligné. Le style est plus homogène et le rend reconnaissable alors que justement son timbre n’a rien de si remarquable, en dehors de rappeler très clairement son maître Michael Jackson dont il parvient même à singer la voix criée. Il s’est attaché, en plus de ses amis des Smeezingtons, les services des derniers producteurs du moment, comme pour affirmer un peu plus son image dans ce milieu. Pourtant, si la recette paraît efficace, elle commence à réclamer un renouvellement. Si Jackson avait lui aussi réalisé un mix entre différents mondes musicaux, il y apportait un touche novatrice qui ne transparaît pas assez ici. L’écoute de cet album est agréable avec ses refrains catchy et dansant, son groove très naturel et son impression de facilité dans le chant. Pour marquer durablement la musique comme il entend le faire, il devra se détacher encore un peu plus de ses pères spirituels et trouver une autre voix dans son prochain album.