Musique - Agnes Obel - Aventine (2012)

Dans notre vie, nous rencontrons des musiques qui nous touchent profondément.  Elles sont à la fois le fruit du hasard d’une rencontre entre un état d’esprit, des notes de musiques, des paroles et un peu plus. Il suffit parfois d’un rien pour rater ces instants magiques. Voilà ce qui nous fait parler de cet Aventinede la danoise Agnes Obel.

Musicienne autant que compositrice et chanteuse, Agnes Obel a suivi une formation classique tout en étant attirée par la musique folk et pop. Aventine est son deuxième album. Agnes Obel se dit inspirée par Joni Mitchell et Erik Satie, mais ne s’embarrasse pas pour autant de frontières musicales. Elle utilise à la fois des inspirations classiques, celtiques, nordiques autant que pop et folk. Son premier album, Philarmonics, sorti en 2010, avait déjà rencontré un vif succès, prenant la 4ème place des ventes dans son pays et dépassant largement les frontières de la péninsule danoise. Mais le deuxième album d’un artiste est souvent un piège, quand on hésite entre changement et prolongement.

Mais avec Mlle Obel, il s’agit d’un moment de délice et de pureté. Il commence avec la simplicité des notes de pianos d’Agnes Obel sur l’introuction de “Chord Left”. Puis elles s’allient à sa voix atmosphérique, à quelques arpèges de guitare ou autres cordes de basses et violoncelles avec notamment Anna Müller, sa comparse en concert. Les rythmiques et percussions sont légères, étouffées. La douceur de la voie et du piano répondent à la gravité  des basses. La cohérence de l’ensemble est flagrante tant les morceaux paraissent s’enchainer avec naturel tout en apportant chacun leur différence. “Dorian” et “Fuel to Fire” sont ainsi proches dans les sonorités mais différents dans leur approche avec un titre plus electro pour le premier. Mais on retrouve un enchainement en douceur avec le très beau “Aventine” où le violoncelle est un parfait partenaire à la voix légère de la chanteuse. Il y a plus de mélancolie dans ‘Run Cried the Crawling” où la voix se fait instrument autant que paroles.

Le style s’épure à l’extrème parfois comme “Tokka” et ses notes de pianos brutes et légères ou les cordes de l’intro de “The Curse”, rejointes par une voix plus pop-folk qui ferait penser à du Tori Amos. La voix et les effets sont travaillés, ciselés jusqu’à envelopper totalement la rythmique et nous emporter dans un tourbillon. Un tourbillon qui nous emporte peut être dans une lande, sur une colinne verdoyante qu’on imagine découvrir au son de “Pass Them by”. Sans doute pour mieux se laisser capter par le très beau “Words are dead” qui rappelle le travail vocal d’une Lisa Gerrard sans en atteindre la grandiloquence. Agnes Obel préfère conserver une épure musicale et une homogénéité malgré les variations de genres. “Fivefold” sert ainsi d’intermède sans apporter le moindre ennui comme c’est parfois le cas dans ce genre d’exercice. “Smoke and Mirrors” installe parfaitement sa simplicité qui n’aurait pas eu cette force placé autrement dans l’album.

De tels moments de grâce sont rares. Ils en appellent d’autres comme l’écoute de la voix de Lisa Gerrard (Dead Can Dance),   pourtant éloignée de celle d’Agnes Obel, dans Duality ou bien encore celle de la française Cécile Corbel. Il y a, dans cette recherche, de pureté musicale et d’épure, un parallèle à faire avec le travail qu’avait produit Steven Wilson sur le Hindsight d’Anathema. En effet, ces albums laissent des marques profondes dans la mémoire et produisent une distorsion du temps qu’il est difficile de comprendre. Ce hasard d’une rencontre, Unidivers vous souhaite ardemment de le retrouver à votre tour avec cet album et, pourquoi pas, de nous en faire partager vos impressions qui ont souvent un rapport profond avec notre sensibilité.

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Ecrit le : 20/11/2013
Categorie : musique
Tags : classique,Musique,Pop,2010s

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