Cinéma - Rock Forever de Adam Shankman (2012)
Adaptation d’un spectacle musical de Broadway et Londres, Rock forever (Rock of Ages en VO) est le prétexte pour nous emmener dans les années Hard FM à Los Angeles.
Pretexte car en effet, comme souvent dans l’exercice du spectacle musical réunissant des hits, l’histoire importe peu. Il faut surtout parvenir à recréer une ambiance, un état d’esprit. Pour ceux qui ont vu le mythique documentaire “Decline of Western Civilization” de Penelope Spheeris, le film semblera plutôt cohérent avec le L.A. de l’époque. Pour les autres, allez vite vous rattraper et voir ce docu, ou à défaut ce film.
Pretexte aussi de réunir deux héros dans la grande tradition de la girl et du boy next door : Une voix claire, pas franchement de charisme et une histoire d’amour d’un classicime éprouvé pour ne pas dire éculé. Après tout, beaucoup de comédies musicales des années 40 n’ont pas beaucoup marqué par leurs scénarii. Mais le film vaut évidemment pour son alliance de numéros musicaux réunissant de grands hits de l’époque rock et hard FM. Le chorégraphe Adam Shankman se colle donc à la réalisation après Hairspray (autre adaptation de Broadway) et quelques épisodes de Glee. Hasard ou pas, l’hymne du film est le même que celui de cette série TV musicale : Don’t stop Believin de Journey. Question hits, le film est riche avec de nombreux “Mash Up” (mélange de morceaux) dont voici la liste.
- “Sister Christian” (Night Ranger)/ “Just Like Paradise”(David Lee Roth) / “Nothin’ but a Good Time”(Poison)
- “Juke Box Hero” (Foreigner) / “I Love Rock ‘n’ Roll” (Joan Jett)
- “Hit Me with Your Best Shot” (Pat Benatar)
- “Waiting for a Girl Like You” (Foreigner)
- “More Than Words” (Extreme) / “Heaven” (Warrant)
- “Wanted Dead or Alive” (Bon Jovi)
- “I Want to Know What Love Is” (Foreigner)
- “I Wanna Rock” (Twisted Sister)
- “Pour Some Sugar on Me” (Def Leppard)
- “Harden My Heart” (Quarterflash)
- “Shadows of the Night” (Pat Benatar) / “Harden My Heart”
- “Here I Go Again” (Whitesnake)
- “Can’t Fight This Feeling” (REO Speedwagon)
- “Any Way You Want It” (Journey)
- “Undercover Love” (Disco Freak)
- “Every Rose Has Its Thorn” (Poison)
- “We Built This City” (Starship) / “We’re Not Gonna Take It” (Twisted sister)
- “Don’t Stop Believin’” (Journey)
- “Paradise City” (end credits) (Guns n roses)
- “Rock You Like a Hurricane” (end credits) (Scorpions)
Les titres originaux suivant sont utilisés :
- “I Remember You” (Skid Row)
- “Everybody Wants Some!!” (Van Halen)
- “Rock of Ages” (Def Leppard)
- “Bringin’ on the Heartbreak” (Def Leppard)
- “Talk Dirty to Me” (Poison)
- “No One Like You” (Scorpions)
- “Cum on Feel the Noize” (Quiet Riot)
En dehors de Kiss ou de Motley Crue, il ne manque pas grand chose pour le bonheur d’un fan de hard. Evidemment les titres sont “mainstream”, plutôt orientés balades pour rendre tout cela accessible mais surtout de véritables invitations à chanter. Dans les théatres de Londres et Broadway, les spectateurs sont debouts et chantent comme dans un concert alors qu’au cinéma, le spectateur est assis paisiblement, hélas. Pourtant, voir la belle Catherine Zeta Jones danser avec ses “copines” sur le très suggestif “Hit me with your best shot” suffit à rendre le film culte pour une génération de trente et quarantenaires. En effet, malgré des héros plutôt insipides vocalement, le film bénéficie d’une gallerie de seconds rôles de haute volée : Catherine Zeta-Jones rappelant sa prestation de Chicago, Tom Cruise totalement bluffant en star mystique sur le déclin, Paul Giamatti tordant en manager avide de dollars, Russel Brand totalement crédible en homme à tout faire de la boîte d’Alec Baldwin, le Bourbon Room, sorte de mélange des mythiques Whisky-a-go-go, Viper Room ou autres boites de l’époque. Les dialogues sont cinglants bien que peu nombreux avec un humour très second degré.
Car ce film n’est surtout pas à prendre au premier degré, comme le hard FM ne l’était pas lui même. Il s’agit, comme l’univers musical qu’il dépeint, de prendre une bonne dose de fun, de délire et de musique pendant 2h. Et là, on en a pour son argent. On en oublie les faiblesses de l’histoire et autres défauts pour simplement “prendre son pied” avec ce voyage dans le temps, un temps où la musique devenait définitivement une industrie (voir la scène des grands pontes des maisons de disque), mais conservait encore de l’authenticité. Les fans de cette musique ressortiront avec un sourire, garanti ! Echec probable à sa sortie en France, ce film gagnera, sans nul doute, ses gallons au fil du temps, quand les acheteurs de vinyls des Tower Records et VirginMegastore ressentiront encore plus cette nostalgie de leur jeunesse et quand leurs enfants voudront comprendre ce qu’était cette époque charnière. So ‘Cum on Feel the Noize of Rock’n Roll… Forever !