Geopolitique - Ce que le projet BOINC nous apprend sur les pays
Grace aux statistiques du projet de calcul partagé BOINC, il est possible d’avoir une certaine vision de l’accès aux progrès technologiques dans le monde, de l’appropriation et de l’enseignement des sciences, de l’accès à l’enseignement dans les pays.
L’étude a été réalisée sur les 50 premiers pays du classement. A noter que les iles Pitcairn figurent au classement avec seulement 48 habitants. Ce résultat est mis de coté car la population n’est pas assez représentative dans cette étude statistique. Pour le reste, le total des crédits aux projets de calculs partagés a été divisé par le nombre d’utilisateur de l’application ainsi que le nombre d’habitant. La confrontation de ces deux indicateurs avec des données sociologiques permet quelques conclusions.
Rappelons que BOINC est un projet de calcul partagé visant à faire progresser la science autant dans la climatologie, l’astrophysique, la médecine… L’utilisateur peut donc être autant un fan de technologie (un geek) qu’une personne passionnée par la science ou par le sujet de la recherche.
Voici tout d’abord le classement par utilisateur :
Ce classement montre particulièrement la qualité des utilisateurs, leur accès à des technologies de pointe, à des machines parmi les plus performantes. On remarque déjà quelques surprises avec des pays d’Europe de l’est très présents mais dont on a vu par l’étude PISA que l’enseignement est aussi en nette progression dans le domaine des sciences. En regardant plus attentivement les chiffres, on voit se dessiner des paquets de pays. Les derniers du classement sont des pays dits émergents. On peut toutefois s’étonner de ce que l’Italie, la France ou la Corée du Sud soient si mal classés. Dans le détail, de la 9ème à la 41ème place, les résultats sont très proches et montrent que la technologie est à un très bon niveau dans ces pays. La France est classée 5ème à ce classement par crédit, 21ème par habitant et seulement 37ème par utilisateur. Il faut commencer à s’inquiéter pour l’Espagne qui semble glisser lentement alors que l’on devrait voir une remontée progressive de pays comme le Brésil, l’Inde, la Chine ou l’Argentine pour un reserrement global.
Plus intéressant, le classement par habitant permet de nuancer les résultats précédents :
Cette fois, l’indicateur permet à la fois de voir l’accès à la technologie pour la population mais également l’attirance pour les sciences. On note donc que si l’Afrique du Sud dispose de matériels à la pointe de la technologie, l’accès à ce matériel est très disparate et l’attrait pour les sciences n’est pas partagé.C’est également le cas pour les pays émergents asiatiques, d’Amérique du sud ainsi que la Turquie, et même la Corée du Sud. Sur le cas du Japon, il faut prendre aussi en compte le vieillissement de la population, la population agée étant moins attirée par ce type de projet. Comme souvent, l’étude confirme la place importante qu’ont les sciences et la technologie dans les pays scandinaves et germaniques. A noter aussi que l’Océanie est très présente et bien que loin de chez nous, ces pays s’illustrent de plus en plus dans les domaines technologiques et scientifiques. La France se situe dans le coeur du peloton. Une analyse des chiffres plus poussée montre que pour les pays situés entre la 35 et 43ème place, l’attrait vers les sciences n’est pas partagé par la population.
Si on se contente de cet état des lieux, on peut se dire que l’Italie et la Grèce glissent dans les pays émergents. C’est effectivement inquiétant pour l’industrie et la recherche italienne et grecque. Mais il ne faut pas se contenter de prendre les chiffres de manière brutale et regarder attentivement la progression de ce classement. Sachant que la Russie, la Chine, l’Inde sont dans une progression ascendante rapide, rendez vous dans 6 mois pour étudier plus finement l’évolution du classement et des indicateurs.