Musique - Antonin Dvorak - La Symphonie du nouveau monde (1893)
Parmi les grandes oeuvres classiques, on cite souvent cette Symphonie du Nouveau Monde, autrement connue sous le numéro 9 dans l’oeuvre de Antonin Dvorak. Mais ce compositeur tchèque est moins cité que d’autres grands noms du classique dans le grand public.
Rien ne prédestinait le petit Antonin à la musique, lui qui quitta l’école à 11 ans, fils de boucher pour le métier d’aubergiste. Mais c’est dans l’orchestre de son village qu’il fait montre d’un don pour la musique avant de partir chez un oncle se perfectionner. Nous sommes en 1857 et il est accepté dans l’école d’orgue de Prague à 16 ans. Sortie diplomé 3 ans plus tard, il intégre un orchestre qui sera intégré au futur opéra de Prague des années plus tard. Cette expérience de musicien lui permet de parfaire sa culture musicale. Il commence la composition de symphonie et s’y consacre finalement totalement en 1871, vivant de leçons particulières.
Ses premières oeuvres lui permettent d’obtenir une bourse à Vienne pour se consacrer à la musique. Il fait la connaissance de Johannes Brahms, notamment et devient connu en dehors de son pays. On peut citer ses Danses slaves ou encore ses oeuvres de musique de chambre. Ses oratorios rencontrent un grand succès en Angleterre où il se produit tandis que Tchaikowski le fait venir en Russie. Il est maintenant célèbre à travers le monde et obtient le poste de directeur du conservatoire national de New York en 1892. C’est à cette période qu’il écrit la 9ème de ses symphonies qui sera surnommée « du nouveau monde ».
La symphonie est composée de 4 mouvements. Le premier, Adagio en allegro molto, commence sur une tonalité triste et sonne comme un départ. Mais les cuivres et violons se font entendre comme une tempête qui arrive. Le rythme s’accélère alors que les tambours rythment cette montée en puissance du morceau. On s’imagine comme baloté par des éléments naturels, un frel esquif dans une tempète sur l’Atlantique. Le calme revient avec un dialogue entre violons et instruments à vent sur un rythme plus dansant mais on ressent l’inquiétude qui reste présente derrière. Ce n’est qu’un court répit car le rythme des instruments s’accélère à nouveau. C’est pour finalement faire sonner les trompettes qui sonnent comme pour une victoire. Oui nous sommes arrivés à bon port, pourrait-on s’écrier. Le second mouvement commence là encore sur une tonalité grave mais plus calme. C’est la découverte d’un nouveau monde et en même temps le souvenir de ce que l’on a quitté. Clarinettes, hautbois, cuivres..les instruments à vent sont plus présents en ce début de mouvement. Puis vient une période plus légère, plus dansante. On semble oublier le passé et se glisser dans ce nouveau monde avec joie, émerveillement.
Et dans le troisième mouvement, en molto vivace, c’est la vie trépidante de ces villes modernes que l’on ressent. On a le sentiment d’être entrainé dans un vaste tourbillon qui ne s’arrête plus. Le moindre moment de répit, au son d’une flute ou d’une clarinette, ne dure pas et on se retrouve à nouveau happé par la foule. Une pause pour danser une valse ? Mais non, il faut ressortir de ce havre de paix pour repartir dans cette ville qui vit jour et nuit. On s’imagine le New York du début du 20ème siècle. Le dernier mouvement a une dimension plus épique avec les cuivres qui résonnent. On s’imagine partir à la découverte de ce gigantesque pays, voir des paysages grandioses. C’est l’aventure qui est là devant nos yeux. Et en même temps la joie avec ce mouvement qui s’accélère parfois comme une gigue irlandaise dansée par les immigrants qui affluent dans le pays. On s’imagine découvrir de petits hameaux nichés dans des paysages boisés ou de larges prairies et des montagnes sauvages, tout cela dans un long voyage dans un train en ce début de siècle. Les pauses sont comme les étapes de ce voyage. Dvorak nous entraine donc dans un imaginaire de l’aventure au cours de cette symphonie. On y retrouve l’esprit de cette fin du 19ème / début du 20 ème siècle où le monde change avec la révolution industrielle, le poids de plus important des États Unis d’Amérique. Il semble aussi inspiré par la musique qu’apportent les immigrants avec de petites phrases insérées dans chacun des mouvements.
Cette oeuvre a une influence considérable car son style est à la fois complexe et accessible. Il y a une dimension très cinématographique qui fait que de grands compositeurs de musique de film semblent y emprunter couramment, comme John Williams par exemple ou encore Hans Zimmer. Un indispensable donc !
- Adagio - Allegro molto
- Largo
- Scherzo : Molto vivace
- Allegro con fuoco
A noter que la chanson Initials B.B. de Serge Gainsbourg reprend le thème du premier mouvement.