L’automobile au Vietnam - Tome 2 – Le marché
Dans le précédent article, nous avons vu une présentation des transports présents au Vietnam. Difficile toutefois de tout dire en quelques lignes sur un si grand pays. Voyons maintenant le marché automobile et notamment l’utilisation de l’automobile qui n’est pas sans rappeler la Chine d’il y a quelquesannées.
L’utilisation de l’automobile est encore minoritaire par rapport à la moto, comme nous l’avons vu. S’il y a beaucoup de bus et de camions/caminonettes, il y a encore très peu de voitures particulières.
Il faut scinder le marché en trois parties :
- Les véhicules de flottes / Taxis: il y en a énormément répartis en grandes compagnies essentiellement nationales. Ce sont des petites berlines à coffre et des minivans/monospaces selon une répartition 75/25%. Les véhicules sont récents de conception, avec des suspensions robustes car il faut rappeler une chose : La mousson est très présente dans cette région et si les routes sont bien goudronnées, le sol travaille beaucoup et il n’est pas rare de trouver des creux et dénivélations importantes dans la chaussée. Ces véhicules roulant beaucoup, il est nécessaire de pouvoir les entretenir facilement et à peu de frais. Toyota se taille la part du lion mais juste après on trouve Hyundai. Trois modèles sont courrants : Toyota Vitz (notre Yaris à coffre), Hyundai Accent (l’ancètre de l’i20 à coffre) et le minivan/monospace Toyota Innova (qu’on pourrait comparer à une version rustique d’un Grand Scenic)
- Les véhicules Premium: aussi étonnant que cela puisse paraître, le riche vietnamien est prêt à payer toutes les taxes possibles pour un véhicule premium. Oui, on trouve tous les modèles haut de gamme de Mercedes, BMW, Lexus et un peu d’Audi : Classe S, E, R, ML, Series 5, 7, X5 et LS ainsi que Q7. C’est très comparable au marché chinois des beaux quartiers ( lui même très différent du reste du pays) avec des véhicules à fort pouvoir statutaire n’hésitant pas à rajouter des chromes et dans des couleurs blanches ou noires.
- Les véhicules particuliers : Ils sont encore peu nombreux mais des tendances sont visibles. Ce sont des voitures avec coffre de la taille du segment M1 ou M2. Quelques exemples : Toyota Corolla, Camry, Honda Civic, Accord, Ford Focus…Là encore, il faut afficher un statut mais ces véhicules ne sont pas touchés par les même taxes que les premiums car construits en CKD (Completly Knocked Down : c’est à dire que les pièces arrivent détachés et que seul le montage est fait dans le pays). Mais c’est aussi la catégorie qui évolue le plus : Avant la crise mondiale, il n’était pas rare d’avoir des progressions de vente de plus de 50%, voir 100%, montrant que le pays rattrape à vitesse grand V son retard. Les chiffres issus de l’association des constructeurs automobiles montrent là encore une domination de Toyota (30% du marché) suivi par Honda (en baisse), Ford, Hyundai/Kia et Chevrolet. Mais le marché est toujours dans une tendance baissière car il n’y a aucune incitation de l’état. Rappelons tout de même que la tendance était à plus de 60% d’augmentation avant la crise mondiale avec des pics à 100%.
Le réseau de garages
Autant on trouve des concessions de grandes marques dans les grandes villes, autant il est plus rare de trouver des ateliers et garages dans des contrées plus éloignées. Les habitudes de réparer soit même sa moto valent aussi pour les voitures et le système D est une seconde nature. Un véhicule de conception robuste et simple a donc plus de chance de trouver preneur auprès d’un propriétaire, si ce n’est pas du premium. Il n’est pas rare de trouver des ateliers multimarques bien loin de nos standards. Pour le premium les choses sont comparables à nos garages et le propriétaire veut avant tout du service, du confort.
Le réseau de station service est suffisant sur les grands axes mais la qualité des carburants n’est pas toujours à la hauteur (problème d’encrassement des cuves, notammment…)
La conduite
L’infrastructure routière est bien différente de l’Europe occidentale, les contraintes étant elles mêmes bien supérieures. Il y a peu de feux tricolores et ils ne sont pas toujours respectés. La profusion de motos oblige à partager le trafic en voies différentes sur certains grands axes. Mais ce qui est frappant c’est le fait que les conducteurs conduisent beaucoup en “sous régime”. On limite les a-coups, les accélérations brutales pour une conduite régulière et en douceur. C’est une habitude prise par le déplacement en moto ou on joue beaucoup sur l’anticipation. La vitesse moyenne est peu élevée et il est rare de dépasser le 80Km/h même sur des routes dégagées. La conduite oscile plutôt entre 35 et 60km/h en 3ème, 4ème ou 5ème vitesse. Paradoxalement, on ne trouve pas de boite de vitesse automatiques / CVT qui pourraient être adaptés et cela pour une raison simple : c’est vu comme plus compliqué à réparer.
Les constructeurs présents
D’autres constructeurs sont membres de l’association des manufactures automobiles du Vietnam (VAMA): Mercedes par exemple est implanté mais cela couvre aussi les utilitaires. Il a toutefois enregistré les plus fortes progressions des derniers mois. Nous retrouvons GM Daewoo(Chevrolet) , Isuzu, Suzuki et Mitsubishi. Ainsi les grands groupes sont quasiment tous installés dans ce marché en devenir.
Les absents
- Si Suzuki est présent, l’essentiel du groupe VAG est absent du moins officiellement. Si on croise quelques Audi, ce sont des modèles achétés unitairement et pas encore via un réseau de distribution construit. La proximité de la Chine peut laisser penser que le constructeur peut rapidement s’implanter sur ce marché en devenir
- Quelques discussions m’ont permis de constater que les marques françaises, bien qu’absentes, ont encore un peu d’aura. Peugeot et Citroen pourraient proposer des modèles premium sans que cela choque. Renault est jugé comme une marque plus populaire, sans doute parce que les quelques anciens se souviennent des Traction, 403…et 4CV dont certains modèles roulent encore ou sont exposés dans des musées.
- Avec la proximité de la Chine, ou pourrait s’attendre à une profusion de véhicules de ce pays. Il n’en est rien pour plusieurs raison : On veut une valeur sure ; On veut un véhicule statutaire et la Chine n’en a pas ou peu dans sa production. La production chinoise est donc cantonée aux camions et autobus, du moins pour l’instant…
- Et oui, pas de Fiat ou de Chrysler. Ce groupe est peu présent dans la zone asie et arrive déjà tardivement en Chine.