Musique - Amaseffer - Slaves for life (2008)
L’Orient et le Moyen-orient ont souvent inspiré les peintres et les musiciens, donné lieu à des métissages culturels. On pense évidemment à le flûte enchantée de Mozart, à Aida de Verdi. Mais rares ont été les exemples dans le domaine de la musique rock. Aussi lorsque le groupe israélien Orphaned Land fait du metal avec des sonorités orientales, on est étonné. Mais lorsque l’on entend parler d’un projet de rock progressif baptisé Amaseffer voulant retracer l’exode à travers 3 albums, il y a de quoi être plus qu’intrigué.
L’initiateur en est Erez Yohanan, batteur et percussioniste. Dès 2004, il fait appel à deux compères sur l’album ainsi qu’à des invités. On retrouve Kobi Farhi, le chanteur d’Orphaned Land justement ,mais aussi Mats Leven comme chanteur principal, un suèdois habitué du hard et du métal avec des participations aux cotés de Malmsteen ou dans le groupe Therion. Et enfin nous retrouvons la chanteuse pop israelienne Maya Avraham pour les voix féminines. A noter aussi la chanteuse d’Arch Enemy dans un des titres.
Le projet se veut comme un film : il raconte l’histoire de l’exode à travers des tableaux musicaux. D’ailleurs les musiciens d’Amaseffer (Peuple du livre sacré en hébreu) ont aussi la musique du film Altatena à leur actif. Le premier opus de cette trilogie s’appelle Slaves for Life. Il est livré dans un joli packaging ouvragé mettant tout de suite dans l’ambiance. Nous sommes en Egypte, lorsque le peuple hébreu est réduit à l’esclavage par les Égyptiens et leur puissant pharaon. Des bruits de pioches, de pierres, de travaux colossaux : nous imaginons une pyramide, le désert, la chaleur insoutenable. Sur des sonorités symphoniques et orientales concourent à mettre en place le tableau avec « Sorrow ». Les Égyptiens s’inquiètent du rôle grandissant du peuple hébreu dans la région. Nous sommes après la Genèse et Moïse a rejoint son peuple. L’album va nous faire vivre le parcours initiatique de Moïse, sa rencontre avec Dieu, sa mission divine et les fameuses dix plaies d’Égypte et notamment la mort des premiers nés égyptiens. Le chant est donc en anglais et en hébreu, les deux s’accordant parfaitement. C’est un enchaînement entre des morceaux symphoniques, des morceaux orientaux et des envolées rageuses et métalliques. Les ruptures de rythme et de style, propres au progressif, viennent nous faire vivre cet album comme des rebondissements dans cette passionnante histoire. D’une lente caravane traversant le désert dans « Return to Egypt », nous passons à de furieux cris lors du déchaînement des plaies dans « Ten Plagues ». Le titre « Midian » est à lui seul l’exemple de ce mélange avec la flute orientale en fond, la double grosse caisse, les riffs de guitare. On retrouve encore cela dans « The Wooden Staff » qui commence sur un style très metal et se termine en incantations orientales. C’est une véritable superproduction à la Cecil B DeMile qui se déroule dans notre imaginaire, mais sans que l’album soit surproduit. Malgré les nombreux emprunts au rock, au death (brièvement), hard rock, et à la musique classique et orientale, l’album réussit le tour de force de rester homogène.
Reste un problème : Le monde du métal a parfois eu l’habitude, comme celui du classique, à rester fermé à ces ovnis, aux concepts albums ambitieux, aux groupes naviguant sur des mers musicales différentes. La musique souffre trop souvent de ces sectarismes. Espérons que ce ne soit pas le cas surtout que cet album permet aussi de découvrir une autre culture.
Membres : Erez Yohanan, Mats Leven, Yuval Kramer, Hanan Avramovich, Kobi Fahri, Maya Avraham
- Sorrow
- Slaves for Life
- Birth of Deliverance
- Midian
- Zipporah
- Burning Bush
- Wooden Staff
- Return to Egypt
- Ten Plagues
- Land of the Dead